Étude du choléra-morbus en Angleterre et en Écosse, pendant les mois de janvier et février 1832 / par J. Delpech.

  • Delpech, J. (Jacques), 1777-1832.
Date:
1832
    devenue plus rare. Voilà pourquoi Von réussit aujourd’hui par des mojens qui n’ont eu aucun succès auparavant. Les médecins croient avoir trouvé la véritable méthode, parce qu’elle guérit un plus grand nombre de malades : la vérité est que toute épidémie s’affaiblit avec le temps ; et que celle-ci-, partout où ellfe a pénétré, n’a guère duré au-delà de huit semaines ; et que passé les deux premières semaines, elle est bien moins meurtrière et moins rapide dans sa marche. Voilà un enfant de quatre ans , unè fille de douze , guéris rapide- ment et même facilement. Les* médecins qui ont ‘ vu l’épidémie dans sa force, m’ont assuré que les jeunes enfants en mouraient presque toujours. A en juger par les faits actuels, on serait porté à croire que la vigueur de la force ânimalisante étant plus supérieure à cet âge, les»enfants doivent se remettre plus yite et plus complètement : cela est ainsi en ce moment ; c’était le contraire au com- mencement : donc, lès choses sont totalement changées. On annonce aujourd’hui officiellement, que la maladie est à Edimbourg ; que trois cas y ont été observés. En même temps, un village à quelques milles de Glasgow, en a présenté quelques exem- ples. La chose a été annoncée au conseil de santé de'JVewcasde, où j’assistais. Deux villages placés, un de chaque côté de la ^ Tjrnej à quelques milles au-dessous de Newcastle,
    Soutk-Shelds et JSorth-Shelds, sont les véritables ports du fleuve : les vaisseaux de plus de deux cents tonneaux, ne peuvent pas ino’nler au-delà. Quoique ces villages soient en regard l’un de l’autre , que le fleuve seul les sépare , ce vil- lage n’a, jusqu’ici, pas eu un malade , tandis que JYorth-Shelds a été cTésolé. On ajoute que South-Sheldsdi une manufacture de soude, où l’on n’a pris aucune précaution contre la perte du gaz cblorique; que cette fabrication vicieuse a nui à l’agriculture du voisinage, au point qu’il y a eu un procès termine par un arrêt qui a condamné à une forte amende les fabricants , et des dédom- magejjients en faveur des propriétaires lésés. Il ne panait pas d’abord impossible que la couche inférieure de l’air ayant refoulé vers le sol une niasse toujours ‘ croissante de gaz muriatique j celui-ci ait pu neutraliser les miasmes. Cepen- dant, ce fait rappelle trop bien l'observation de Thorn et celle de l’isle de la Neva, pour ne pas mériter une vérification attentive. Au reste , on raconte aujourd’hui chez le maire de Newcastle, que la maladie s’est déclarée même à South- Shelds. Le 3i, nous sommes allés b. South-Shelds : il y a eu jusqu’ici sept malades , dont quatre il y a trois semaines, et les trois derniers le 5oj anvier. Les premiers passent pour n’avoir eu que des diarrhées; les trois derniers sont morts; ils étaient ,
    venus de North-Shelds ^‘t avaient vécu avec des cholériques^ morts de leur maladie (i). Nous avons vérifié sur les lieux les détails re- latifs à la fabrique de soude : on y emploie , poiir réduire en soude le muriate marin ^ des procédés qui répandent le gaz muriatique dans l’atmosphère. La fabrique a été condamnée à’une amende de 5o liv.'st. , et à payer annuellement des dommages ^ux propriétaires voisins , suc estimation d’ex- perts. 11 est donc biep établi que cette fabrication, reconnue partout pour insalubre , a nui à la culture des terres. La fabrique est placée à l’O. S.-O. de la ville; depuis deux mois, les vents souillent légèrement, mais jamais dans celte di- rection ; d’ailleurs y la distance est trop grande pour une influence préservatrice. Tandis qu’on observe si peu*de malades dans South-Shelds, il y en a un grand nombre à JVorth- 'f: Shelds : on nous en a montré quatre. 1“ Un jeune homme : il a été atteint à une heure du matin ; les évacuations par le haut et par le bas ont d’abord été abondantes et tout*à-fait sé- reuses; il a été vu à huit heures. On a essayé de le saigner ; on n^a pu tirer, à deux reprises , que demi-once de sang chaque fois : il est épais, des- séché et presque sans sérum. Du papier de cou- » (i) Depuis ce temps, la ville de Southshelds a été infectés comme jybrûi-Shelds. Ce retard résulte de causes fortuites et ne peut riexi prouver.
    leur y démontre clairement la propriété acide. Le pouls est effacé , les membres froids, la face plombée , les orbites creusés , le ventre affaissé et pâteux, Tépigastre douloureux, la peau ridée aux mains , la langue tiède, humide et blanche : il est trois heures du soir, point de réaction. Il périra. 2° Un homme de quarante - huit ans. Il a été atteint hier à quatre heures du soir. Les évacua- tions abondantes et comme du gruau ; symptôme^ .très graves. Il a été vu à huit heures du matin. A dix heures il a pris un vomitif d’ipécacuanha. Jusque là, frictions avec l’alcool camphré. Vomis- sements séreux: depuis lors, plus d’évacuations, ni supérieures, ni inférieures. Il a été saigné : dix onces de sang ; il est acide dans son sérum, qui est peu abondant. Le malade prend, d’heure en heure, trois grains de carbonate d’ammoniaque , deux grains de calomel et deux grains de poudre aro- matique (de cannelle ). Le malade est étendu sur un matelas devant le feu. Pieds froids; tout le reste du corps chaud ; ventre pâteux et affaissé ; douleur à l’épigastre ; face plombée ; peau ridée ; yeux caves; langue humide et grise ; pouls sensible aux carotides et aux radiales. La réaction a commenpé : il guérira. 30 Une femme de quarante ans : il y a six jours, elle fut atteinte d’une manière grave ; elle fut sau- vée par une saignée et le carbonate d’ammoniaque. Guérie, elle a fait hier un excès de pouding aux
    raisins secs : indigestion et rechute complète , dans laquelle tous les symptômes ont reparu, même les déjections caractéristiques. Un vomitif de moutarde et le carbonate d’ammoniaque aromatisé ont dé- cidé la réaction : le pouls est à i44; la peau est chaude et humide; la langue humide et grise; la malade est alFaissée. Elle guérira. 4° Un homme de quarante-cinq ans ; il a été atteint hier à quatre heures du matin. Il a passé toute la jourrme dans le plus grand danger. Il a été soigné comme la précédente : la sueur chaude commence et la fièvre ^st établie. Il guérira. Il y a beaucoup de nouveaux^ malades dans la ville et les campagnes environnantes; mais quoi- que la maladie commence, en général, avec la méme.sévéïité, il succombe peu de Uialades. Les médecins croient avoir rectifié leur pratique : il est certain qu’elle paraît plus rationnelle. Cepen- dant^ à Nortli-Shelds même^ il y a des pratiques bien dillerentes : un chirurgien acrédité (pharma- cien ), nous a dit qu’il faisait saigner, quand il pouvait, au début; qu’il donnait ensuite, d’abord, un grain d’opiùm et douze grains de calomel ; et ensuite, d’heure en heure, un demi grain, un quart de grain d’opium, avec deux grains de calomel, jusques à l’apparition des évacuations bilieuses. A Neuwcastle, le docteur rnn des plus instruits parmi les praticiens, stimule la surface et donlle l’opiurn, d’abord ; quand la réaction coinmence, il