Kystes hydatiques du poumon et de la plèvre : étude clinique / par Alfred Williams Hearn.

  • Hearn, Alfred Williams.
Date:
1875
    résulté une chute de son épithélium, une rudesse et une sécheresse toutes spéciales, d'où la production de bruits de frottement ; il est plus rare d'observer les phénomènes d'un épanchement. Kystes de la plèvre. — Les désordres qu'entraînent dans la forme la nature, la circulation et le s^olume du poumon les kystes qui ont leur siège dans la plèvre, sont en tout point semblables à ceux qu'engendrent les épanchements pleurétiques ; le poumon est simplement refoulé et com- primé, il ne saurait être carnifié, ni induré, ni atteint de pneumonie interstitielle, il n'existe pas de conditions favora- bles à la production de la gangrène. Les kystes de la plèvre peuvent s'ouvrir dans les bronches et déterminent ainsi la formation d'un pneumothorax; de même, mais bien plus ra- rement, ils peuvent se diriger vers les parois intercostales qu'ils soulèvent, et à travers lesquelles ils peuvent même s'ouvrir spontanément après avoir déterminé la formation d'un abcès. Enfin les kystes intra-thoraciques, quel que soit leur siège, plèvre ou poumon, ont pu refouler le diaphragme et s'ou- vrir dans les organes abdominaux, ainsi que Laennec en a cité un exemple ; on les a même vu s'ouvrir dans la péri- carde. Est-il besoin d'ajouter que très-souvent le kyste pleural détermine une inflammation chronique de cette membrane, inflammation qui se traduit soit par des fausses membranes, soit par un épanchement liquide; Modes de terminaison I Un kysté intrë.-thoracique peut déterminer la mort et '1 par lui-mêmCj et par les nombreuses complications dont I \ :
    il est souvent le point de départ. Il peut être éliminé et la cicatrisation du tissu pulmonaire peut s'effectuer soitd'une manière complète, soit avec quelques désordres persistants mais sans gravité, le malade est guéri. Ces deux modes de terminaison sont à peu de chose près également fréquents. Voici la statistique de Davaine : 25 cas de mort; 15 cas de guérison. Quant à mes observations, elles me donnent 82 cas de mort et 62 cas de guérisons. Notre statistique se- rait donc un peu plus favorable. Quoiqu' il en soit, nous allons indiquer séparément ces deux modes de terminaison : 1' Kystes intra-thoraciques ayant déterminé la mort. — La mort est loin de survenir toujours de la même manière, ses causes sont fort diverses et cette diversité montre bien que ce mode de terminaison n'est point une conséquence naturelle et forcée des kystes, mais un véritable accident lié, tantôt à l'épuisement des forces du malade, tantôt à une hémorrhagie ; plusieurs fois la disproportion qui exis- tait entre le volume du kyste et le calibre des bronches en- traîna la suffocation ; la déchirure de la plèvre et le pneu- mothorax ont, chez d'autres malades, occasionné une terminaison funeste qui eût peut-être été évitée si le kyste s'était dirigé vers le bronches. Des différences aussi tran- chées méritent une description distincte. 1" Mort par épuisement ou phthisie. Il est une remarque qui, au point de vue clinique, a la plus grande impor- tance, c'est que souvent, alors que les hémoptysies, les crachats et même les signes physiques conduisent à faire admettre l'existence d'une tuberculose, l'aspect général du malade n'est point celui d'un phthisique. Ce contraste entre la conservation d'un état général relativement con- venable et la gravité des lésions organiques et fonction- nelles du poumon a pu, chez certains malades, persister presque jusqu'à la mort ; mais, à côté de ces faits, il en est
    d'autres où sous l'influence de causes multiples dont les principales sont la diminution du champ de l'hématose ; les hémoptysies, la sécrétion bronchique abondante, et la fièvre, le malade s'affaiblit et s'épuise ; c'est ce que l'on a justement désigné sous le nom de phthisie hyda- tique. Le malade meurt épuisé, il succombe dans le ma- rasme. Chez le malade de Gairdner, l'amaigrissement et l'affai- blissement firent des progrès incessants, il survint de la diarrhée, et la mort fut le dernier terme de cet épuisement. Il est fort probable que ce genre de mort n'est point fort rare ; mais, dans la plupart des observations, rien n'est spécifié. Dans quelques cas on se borne à indiquer que le malade mourut épuisé, la nature de la mort est relatée seulement lorsqu'elle s'est produite d'une façon brusque, inopinée, comme cela a lieu par exemple lorsqu'elle a été la conséquence d'un accès de suffocation, d'une pneumonie, ou même d'une hémoptysie. La suffocation peut être brusque, ou bien la respiration, sans être brusquement suspendue, peut se trouver com- promise de plus en plus, au point d'entraîner en quelques jours l'asphyxie. Les accès de suffocation, souvent en rap- port avec le passage à travers les voies aériennes de l'hy- datide entière ou des vastes lambeaux provenant de sa déchirure, peuvent toutefois se produire en dehors de ces circonstances. Ainsi, dans le cas de Darbez, il existait tous les signes d'un vaste épanchement du côté droit de la poi- trine, la malade avait des accès de suffocation, elle fut em portée au milieu d'un accès ; son poumon droit était pres- que complètement atrophié par un énorme kyste qui en occupait le centre, ce kyste était intact et renfermait cinq litres de liquide. Un des exemples les plus nets de la mort par asphyxie Hearn. G
    occasionnée par l'obstruction des voies aériennes est celui de notre malade. Vers six heures du soir, il est pris d'un accès d'étouffement ; il rejette par la bouche et le nez des lambeaux membraneux mêlés de pus ; au bout de 10 mi- nutes il expire avec tous les signes de Tasphyxie par stran- gulation, congestion de la face, etc. L'ouverture du kyste dans la plèvre a souvent été une cause de mort soit immédiate, soit à bref délai ; chez la malade de Fouquier, la mort survint 22 jours après le début du pneumothorax. La malade de Garreau succomba 2 jours après le passage de Thydatide dans la plèvre. D'ail- leurs, que ce soit d'une façon immédiate ou après un laps de temps toujours assez court, le pneumothorax doit être considéré comme un accident mortel. La mort a pu être le résultat de l'ouverture par l'hydatide d'un gros vaisseau thoracique ; cette terminaison est beaucoup plus rare qu'on aurait lieu de le craindre, lorsqu'on voit les hémoptysies, parfois si abondantes, qui ne sont point fort rares dans la maladie. Lebert cite un cas de mort par hémorrhagie ; on trouva une large érosion d'un vaisseau de l'artère pulmonaire. Chez le malade de Habershon, les hémoptysies se succé- daient coup sur coup ; à l'autopsie, on constata que la poche était occupée par un énorme caillot,^ une veine pul- monaire était ulcérée. La mort a pu survenir à la suite d'autres circonstances ; par exemple sous l'influence d'une suppuration prolongée, comme cela arriva à la malade de Mac-Gillivray, à qui on avait fait l'opération de l'empyème ; à travers l'ouver- ture s'était écoulée une certaine quantité d'hydatides; la plaie se ferma^ mais quelque temps après, la suppuration reparaît et la malade succombe. Enfin, il n'est pas fort rare de voir le kyste troubler la nutrition du poumon au point d'en entraîner la sphacèle ;
    souvent la gangrène est très-limitée et ne peut être consi-^ dérée comme la cause de la mort ; toutefois, c'est une nouvelle cause d'affaiblissement, et son influence est tou- jours des plus fâcheuses. Je crois utile de faire remarquer qué, parfois, la vitalité du malade se trouve fort affaiblie par la destruction du tissu pulmonaifé, qui peut être presque complètement atrophié ; ainsi, le malade dé Moutard-Martin avait tout un poumon envahi par" un kyste ; chez plusieurs autres malades, on a rencontre des destructions pulmonaires considérables ; la mort survient par épuisement et surtout sous l'influence de là cause occasionnelle la plus légère, dont la gravité spéciale se rattaché à l'état particulier du poUffion. Enfin la mort a été chez un malade d'Alibert occasionnée par l'ouverture d'un kyste pulmonaire dans le péricarde. Nous avons vu dans quelques observations que des vé- sicules hydatiques se trouvent placées soit dans les divi- sions del'artère pulmonaire, soit dans les veines pulmonai- res; ne pourrait-on pas admettre que ces vésicules devenues libres, seront transportées à distance à la manière des em- bolies et entraîneront des désordres en rapport avec leur siège; il est vrai qu'aucun fait semblable n'a été relaté. Kystes intra-thoraciques guéris. Lorsqu'un kyste s'est développé dans l'intérieur du thorax, le malade ne peut guérir que par son évacuation, évacuation ordinaire-ment spontanée qui s'effectue soit par les bronches, ce qui est la règle, soit dans des cas très-exceptionnels, à travers les parois thoraciques, ou même dans les viscères abdomi- naux; et qui a pu être obtenue par une intervention chirurgicale. Un autre liiode de guérison, douteux, il est vrai, consiste