La méthode de Thure Brandt et son application au traitement des maladies des femmes / par Madame P. Peltier (née Goussakoff).

  • Peltier, Perlia.
Date:
1895
    nausées, des vomissements, les seins sont un peu douloureux et ont grossi un peu; dans le doute nous ne continuons plus le massage. IV PROLAPSUS DES ORGANES GÉNITAUX. Le traitement du prolapsus par la méthode mécanique a été beaucoup discuté et critiqué. Elle compte cependant un certain nombre de guérisons authentiques suffisant pour permettre de la tenter avant de faire une opération sanglante. Le traitement de Brandt est peu connu et dans les cas rares où il était appliqué, la méthode de Brandt n'a pas été suivie rigoureusement. Il est à espérer que dans l'avenir on obtiendra des résultats plus satis- faisanls. Sans pouvoir nous prononcer pour tel ou tel mode de trai- tement nous allons exposer fidèlement les manipulations prati- quées par Brandt et des observalions que nous avons trouvées dans la littérature sur le massage gynécologique. Sous le nom de prolapsus des organes génitaux nous réunis- sons le prolapsus et descente de l'utérus et de la paroi vaginale avec cystocèle et rectocèle : Ces divers déplacements qui ont été artificiellement séparés sont étroitement solidaires ; s'il est vrai qu'ils peuvent exister isolément, ce n'est qu'à titre d'exception ; le plus souvent ils se succèdent et se commandent. Enfin l'étiologie et le traitement forment des nouveaux liens entre ces diverses lésions et leur donnent une véritable unité clinique (Pozzi). On peut distinguer dans les prolapsus génitaux, comme pour les hernies, les déplacements rfe force ei les déplacements de fai- blesse. Les premiers se produisent à la suite d'un effort violent,
    soit d'emblée, soit lorsqu'une cause prédisposante (grossesses multiples par exemple) a pour ainsi dire déjà frayé la route par distension et affaiblissement des ligaments. La déchirure du périnée est au nombre des causes prédisposantes non douteuses. Elle permet en effet un état de béance de la vulve, qui entraîne l'accès de l'air dans le vagin, en sépare les parois et dédouble pour ainsi dire la résistance du plancher périnéal. Ajoutons, lésions,déchirures ou paralysies du releveur de Vanus provoquées par l'accouchement et enfin la laxité du péritoine qui a été dis- tendu par l'ascension de l'utérus gravide.Faut-il encore admettre une prédisposition congénitale, héréditaire, ou simplement une disposition individuelle particulière résultant de la faiblesse des moyens de fixité de l'appareil génital. Ces derniers faits tout au moins sont très vraisemblables et expliquent comment des efforts qui resteraient sans effets sur la majorité des femmes agissent sur certaines autres. Ainsi nous relevons parmi les causes des prolapsus : Vaffai- hlissement de ligaments, Vaffaiblissement du plancher pelvien et lésions du périnée. Il est bien entendu que ces dernières doivent être réparées par la méthode plastique avant d'entreprendre le traitement mécanique. Pour modifier et fortifier les ligaments, Brandt a imaginé Vélé- vation de l'utérus. Question excessivement controversée: les uns convaincus par les faits, acceptent pour le moment l'explication de Brandt, d'autres cherchent à expliquer les guérisons obtenues par des manipulations qui accompagnent les élévations — la gymnastique du plancher pelvien. Cependant Brandt a commencé à faire les mouvements des adducteurs et des abducteurs et du releveur de l'anus à partir de 1877 et jusqu'à cette époque il compte déjà quarante guérisons de prolapsus, obtenues par les
    élévations et tapotement de la région sacrée seules. Il est donc convenu que pour le moment on n'a pas pu donner une explica- tion rationelle de la méthode ; tout ce qu'on peut dire c'est qu'en pratiquant de cette façon on peut obtenir clans certains cas une guérison. Combien de médicaments n'ont pas d'autres titres pour justifier leur existence et ce sont encore les meilleurs I La manière de pratiquer l'élévation nous Tavons décrit précé- demment (v. p. 50), disons seulement^ qu'on la pratique ici après avoir réduit l'utérus et les organes prolabés. Au commencement du traitement on la fait aussi haute que les ligaments le per- mettent, mais quand l'utérus comimence à rester dans le bassin on pratique des petites élévations, suffisantes pour tendre la paroi vaginale et un peules ligaments, l'expérience ayant montré que la traction violente exercée sur les ligaments à cette époque est plutôt nuisible. On fait procéder les manœuvres de l'élévation par le tapotement de la région sacrée, dans la station debout, appuyée contre le mur et un peu penchée (mouv. 31 p. 69.) On les fait suivre par/a gymnastique des adducteurs avecV élévation du sacrum (mouv. 30 p. 69.) Pourlever la malade on prend des précautions pour que les muscles de l'abdomen ne se contractent pas et on finit la séance par la rotation du tronc dans la position assise penchée (mouv. 17 p. 64.) ' A la maison, les malades prennent des injections d'eau fraîche et évitent toutes causes de déplacement de l'utérus : Les garde-robes doivent être sans aucun effort, la vessie ne sera araais distendue outre-mesure, on se gardera bien de soulever des choses lourdes, de se tenir longtemps debout, de marcher trop et de monter beaucoup les escaliers. En plus les malades doivent exécuter à plusieurs reprises dans la journée les mouve-
    ments de contractions du releveur de l'anus (le mouvement pour reteiiir la garde-robe). La malade exécute ce mouvement dans la position debout, jambes croisés, appuyée contre un meuble. L'utérus mis en place diminue rapidement de volume, probablement par le rétablissement de la circulation ; les parties desséchées de la muqueuse se ramollissent, se plissent et fina- lement se contractent ; les excoriations disparaissent. Très souvent après les premières séances l'utérus reste en place, d'autres fois il faut un temps beaucoup plus considé- rable.Le pronostic est toujours favorable^si l'utérus reste en place dans la première quinzaine. Le traitement ne doit être sus- pendu que quand l'utérus se trouve bien fixé dans sa position normale, sans cela des rechutes sont à craindre. La guérison est d'autant plus difficile à obtenir que les tissus sont distendus et affaiblis par des pessaires et des an- neaux : Le plus grave prolapsus cède plus facilement au traite- ment de Brandt,si le traitement par le pessaire n'a pas eu lieu; il est superflu d'ajouter que Brandt a en horreur tous ces adju- vants et ne les applique jamais au cours du traitement, comme ont tendance à le faire quelques écoles hybrides, qui veulent marier les deux méthodes ensemble. Brandt a remarqué que le prolapsus total guérit plus vite que la descente partielle et surtout que les prolapsus de la paroi antérieure du vagin. La durée du traitement varie de quelques semaines à plu- sieurs mois. La terminaison n'est pas toujours favorable; il y a des insuccès, comme avec toute autre traitement ; les rechu- tes nesonl pas non plus fréquentes. Le docteur Winawer de Varso- vie a réuni 40 observations de prolapsus traités par le massa^je,
    dont 24 oiUélé guéris complètement, saos rechute, 14 améliorés et dans deux cas on a obtenu aucun résultat ; ces chiffres ne prouvent absolument rien. Le temps de statistique rigoureuse et comparative n'est pas encore venu. La méthode de Brandt i doit-être d'abord connue et appliquée dans toute son intégrité, lou avec les changements que l'avenir y fera faire, et nous sommes encore loin de ce moment. Nous avons recueilli à notre tour des observations qui ont été publiées depuis; elles sont très nombreuses, nous en donnerons ! les plus importantes: Observation LV (Brandt Profanter). xMadame Louise P. 34 ans réglée à 18 ans, règles irrégulières, peu abondantes, douloureuses; mariée en 1875, 3 accouchements. Le début du prolapsus après son premier accouchement, après le troisième accouchement (en 1879) la malade reste 9 semaines au lit chez elle et 5 semaines à la Clinique. Le prolapsus augmenta quand la malade eut repris son travail et pendant un effort le pro- lapsus est devenu complet. En 1884 on lui applique un pessaire qui reste 6 semaines en place, mais le prolapsus se reproduit de nouveau et depuis cette époque aucun traitement. La malade se plaint de pesanteur au bas ventre, besoin fréquent (d'uriner, accompagné de douleurs; douleurs fortes dans le bas ^ventre surtout vers les époques qui forcent la malade à garderie ilit pendant 2-3jours: écoulement assez fort. Le prolapsus est complet, le vagin tout entier est en inversion, ipas de rectocèle; cystocèle; l'utérus et le vagin se laissent facile- iment amener à leur place normale et après la reposilion l'utérus 'est en antéflexion. Première application du traitement par Brandt Ilui-même a lieu le 30 décembre 1886 et après la première repo-