Volume 1
Histoire naturelle de la santé et de la maladie chez les végétaux et chez les animaux en général, et en particulier chez l'homme; suivie du formulaire pour une nouvelle méthode de traitement hygiénique et curatif / par F.-V. Raspail.
- Date:
- 1843
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Credit: Histoire naturelle de la santé et de la maladie chez les végétaux et chez les animaux en général, et en particulier chez l'homme; suivie du formulaire pour une nouvelle méthode de traitement hygiénique et curatif / par F.-V. Raspail. Source: Wellcome Collection.
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![pour nous de charme. Au reste, nous n'avons aucune loi pour punir son ignorance qui cause la mort, aucun exemple de vindicte publique contre sa téméritd. Le mé- decin s'instruit à nos dépens, il expérimente en donnant la mort ; il n'y a que le médecin au monde qui puisse tuer un homme avec la plus grande impunité. Que dis-je ? c'est lui qui accuse au lieu d'être accusé ; il rejette l'insuccès sur l'intempé- rance du malade ; le malade seul est coupable de sa propre mort. Nous marchons donc avec les pieds d'autrui ; nous ne voyons qu'avec les yeux d'autrui ; nous n'invo- quons que leurs souvenirs ; nous ne vivons que comme ils nous le permettent ; nous ne conservons notre libre arbitre que sur l'article de nos plaisirs Et pourtant quelle profession a plus commis d'empoisonnements et capté plus d'héritages ? laquelle a porté plus impunément l'adultère jusque dans les palais des Césars ?— Parlerai-jo ici de leurs avares exigences, de ces conditions onéreuses qu'ils impo- sent à l'agonie, de ces arrhes qu'ils demandent contre la mort, et de ces remèdes secrets qu'ils vendent si cher au malade de cette ihdriaque composée pour le luxe, de cet antidote deMithridate, amas confus de cinquante-quatre drogues qui y entrent ohacune pour un poids différent, et quelques-unes pour une quantité infi- nitésimale. C'est pour vendre plus cher, qu'ils mettent tant d'ostentation et qu'ils affichent une science prodigieuse, une science dont ils ignorent quelquefois les premiers éléments ; car j'ai acquis la conviction que, dans leurs formules, ils pren- nent fort souvent le nom d'une substance pour celui d'une substance contraire Voilà ce que Caton prévoyait dans sa colère, et ce qui fit que pendant six cen]s ans le sénat proscrivit une profession aussi insidieuse, et dans laquelle le médecin probe sert de couvert aux charlatans ; combattant ainsi d'avance les hallucinations de quelques esprits malades, qui pensent que rien n\iSt plus salutaire que ce qui coûte fort cher. « Sous le rapport moral, la médecine, je le demande, a-t-elle beaucoup progressé depuis Pline ? Que ceux qui lisent les affiches placardées sur nos murs nous répon- dent. Revenons sur nos pas. Cent ans environ avant Jésus-Christ, nous trouvons à Rome Asclépiade se créant une célébrité et formant école, par le scandale de ses inculpations ; il n'était pas de la famille des Asclépiades. Il déclamait contre l'emploi des purgatifs et des vomi- tifs ; il ne voulait que des remèdes doux et antiphlogistiques, si je puis m'exprimer ainsi ; il préconisait les promenades à pied et en voiture, les frictions et le vin ; l'eau froide et les bains froids contre le flux de ventre, l'eau salée contre la jau- nisse, la saignée et les larges saignées avec ventouses scarifiées, et même la laryngotomie contre l'esquinancie, contre l'hydropisie, la paracentèse. Comme Asclépiade parlait haut et tonnait fort, son auditoire était noHibreux , et ses disciples étaient fanatiques du maître. Le plus célèbre d'entre eux fut Thémison, le chef de la secte des méthodiques, encore un mot qui servit d'enseigne et rien de plus. Il réduisait toutes les maladies à trois états, soit de renserrement, soit de relâchement, et à un état mixte, que l'on combattait par des remèies relâchants, resserrants, ou miXe». Thessalus, disciple de Thémison, poussa plus loin encore les prétentions à la méthode et l'emphase lies prétentions; et, sous le règne de Néron même, qui aimait tant à se procurer des victoires paisibles et faciles, il ne craignait pas de se faire appeler le vainqueur des médecins {iaironicès); Néron ne se fit jamais appeler le vainqueur des jouenrt. de fiûte.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21909362_0001_0033.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)