Leçons cliniques sur les maladies mentales / par V. Magnan ; recueillies par les Drs Journiac & Sérieux.
- Magnan, V. (Jacques Joseph Valentin), 1835-1916.
- Date:
- 1890
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Credit: Leçons cliniques sur les maladies mentales / par V. Magnan ; recueillies par les Drs Journiac & Sérieux. Source: Wellcome Collection.
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![étude d'avoué jusqu'à 16 ans, puis il a été chargé d'une tenue de li- vres pendant un an;il est entré ensuite au chemin de fer de l'Ouost dans le bureau des titres, s'acquittant assez bien de sa tâche, niais vivant à l'écart, ne frayant pas avec ses camarades, toujours som- bre, soucieux, ne montrant ni l'entrain ni la gaîté des garçons de son âge ; méticuleux, irritable, il se mettait facilement en colère pour des motifs futiles. A 26 ans, il a eu un eczéma dont il se préoccu- pait vivement, ce qui a augmenté ses tendances à la tristesse. De- puis 2 ans, il devient plus casanier, ne fréquente plus ses camara- des, refuse même d'aller se promener avec sa sœur. Il se plaint, à diverses reprises, de douleurs dans les jambes, qu'on attribue à des rhumatismes. Dès le commencement de 1887, il demande à sa mère et à sa sœur si on les suit dans les rues, si elles ont remarqué les gens qui sta- tionnent devant la maison. Il raconte que des individus le suivent, qu'ils font faction de l'autre côté du trottoir, épient tout ce qui se passe chez eux.Quand il rentre, ils se placent souvent deux à l'entrée de la porte, ils se croisent pour lui ])arrer le passage et l'obliger à les écarter. D'autres regardent la montre et le lixent ensuite pour bien lui démontrer qu'ils l'observent. Vers le mois de septembre, aux illusions s'ajoutent des hallucinations, il entend des injures dans la rue ; on lui dit : « Cochon, salop, sale paltoquet » ; ce sont quelque- fois des passants qui parlent entre eux, sans avoir l'air de le regar- der; d'autres fois c'est un individu seul qui conUnue son chemin tout en l'injui'iant. Des femmes viennent également dans la maison chez des voisins pour se moquer de lui et l'exaspérer. Quand sa mère ou sa sœur cherchent à lui persuader qu'il se trompe, qu'il y a dans la rue jjlusieurs hôtels meublés et qu'il est tout naturel que de nom- breuses personnes s'arrêtent sur le trottoir, il se récrie, affirme avoir bien remarqué ces individus et s'adressant à sa mère : « Tu n'y vois pas bien clair, lui dit-il, tu n'y vois pas. >> Gomme toutes ces vexa- tions continuent, il prend la résolution de quitter le quartier et de déménager. Pour dépister ses ennemis il veut aller jusqu'au Point- du-.Jour, chercher un autre logement. Il va avec sa mère voir des appartements et le jour où ils ont fait le choix de leur nouvelle de- meure, il aperçoit dans la gare d'Auteuil un monsieur âgé, à tête blan- che, respectable, qui regarde sa montre et le fixe. Quelques jours après, il voit le même vieillard stationner rue Boursault ; il craint, dit-il, qu'on ait découvert son nouveau domicile. Toutefois, après le déménagement, il a quelques jours de repos, puis tout recommence: il aperçoit des individus qui le suivent;on l'injurie de nouveau, et quand il prend le train pour venir à Paris, presque tous les jours,](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21293491_0386.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)