Volume 1
L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur / [Anon.] Par le moyen d'une table chronologique.
- Date:
- 1783-1787
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Credit: L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur / [Anon.] Par le moyen d'une table chronologique. Source: Wellcome Collection.
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![jugeoit d'ordinaire qu’au plus offrant. La même avidité que ce Prince montrait pour les biens eccléfiaftiques, il la faifoit pa¬ raître pour ceux d’une autre nature qui fe trouvoient à fa con¬ venance. L’an 1090, il forma le deflein d’enlever la Norman¬ die a Robert fonfrere, & s’empara de quelques places de ce Duché. Les deux Princes, l’an 1091 , font un Traité de paix & portent la guerre en Ecollc contre Malcolm; elle ell: foivie de la paix conclue par la négociation du Prince Edgar. Guillaume étant tombé malade en 1095, les remords le faillirent. Alors il le détermine a remplir les Bénéfices vacans dont il retenoit les revenus; il nomme à l’Archevêché de Cantorberi, qui vaquoit epuis 4 ans, S. Antelme, Abbé du Bec, avec lequel il eut dans la fuite de grands démêlés. La guerre fe rallume en 109; entre Guillaume & le Roi d’Ecolle , qui eft défait, & tué avec fon fils aine. L an 1096 , Robert, frere de Guillaume, voulant partir pour la Croifade, & manquant de refiburces nécefiàires pour cette expédition , lui engage la Normandie & le Maine poul¬ ie prix de 10000 marcs ; lomme modique, qui néanmoins ne fut levee qu a force d extorlîons. Tous les Seigneurs manceaux n etoient pas difpofe à fubir le joug de ce nouveau maître. L’an 1097, comme il chafloit dans la forêt neuve en automne , un courier vient lui apprendre que fes gens font afiiégés par Helie de la Flc^he dans le chateau du Mans. A cette nouvelle il pique fon cheval vers la mer, en criant : Qui m'aime mefuive. Arrivé a Dartmouth , il monte le premier vaiffeau qui fe préfente, & fur ce que les mariniers lui remontrent qu’il s’expofe à périr] le tems étant mauvais, il répond froidement : Je n'ai jamais oui dire qu'un Roifefoit noyé. Ayant fait mettre aufiitôt à la voile, il aborde le lendemain au porc de Touque. De là il vole avec une armée qu’il a rafiemblée a la hâte, vers la place affiégée. Le bruit de là marche efftaie les alTiegeans qui fe retirent avant qu’il ar¬ rive. ( Voy. Helie, Comte du Maine. ) Guillaume avoir dans le meme tems la guerre avec Louis le Gros, Roi défigné des Fran¬ çois. Elle commença peu de tems après le départ du Duc Ro¬ bert , & ne finit qu’à la mort du Monarque anglois. Voici quand & comment arriva ce dernier événement. L’an° 1100, Guillaume étant a la chalîe avec Henri, fon frere, dans la forêt neuve , le i Août, un Chevalier François, nommé Gauthier Tirrel, Sei¬ gneur de Poix & de Pontoife, lui perce le cœur d’une fléché en tirant fur un fanglier, ou fur un cerf, 8c l’étend raide mort fur la place. C’eft ainfi que les Anciens Se les Modernes racontent ordinairement la mort de ce Prince. Cependant Suger, dans la vie du Roi Louis le Gros, rapporte que Tirrel, qui serait fauvé en France , lui avoir plufieurs fois proteifé avec ferment que le jour que Guillaume fut tué, il ne l’avoit pas vu, ni ne s’étoit trouvé dans l'endroit de la forêt où il chafloit. Quoi qu’il en foit, Guillaume fut enterré dans l’Eglife de S. Pierre de Win- chefter. Il étoit dans la 44 - année de fon âge, & dans la 15e de fon régne. Tous les Hiftoriens du tems s’accordent à repréfen- ter ce Prince comme un vrai Tyran. Il n’avoit point été marié. Sa taille étoit courte & épailfe, fonvifage haut en couleur, fa voix rauque & forte, fon regard fier & même un peu farouche. Son furnom annonce alTez la couleur de fon poil. Il aimoit & cultivoit les Lettres ; Se, pour engager fes fujets às'inftruire, il donna un Édit par lequel il déclarait que tout criminel pour¬ rait racheter fa vie, s’il prouvoit qu’il lavoir lire. Cette loi ell: encore aujourd’hui en vigueur : on dit au criminel : Toi qui es convaincu de tel crime , qu as-tu d demander en ta faveur pour empêcher que la fentence prononcée contre toi ne foit exécutée ? Le criminel répond alors : Je demande le bénéfice du Clergé. La falle de Weftminfter Se le pont de Londres font des ouvrages de ce Prince. Les diplômes de Guillaume II ne portent ordinairement que la date du lieu. HENRI I, dit BEAU-CLERC et LE LION. 1100. Henri I, 3e fils de Guillaume le Conquérant, né l’an 1068 (Se non 1070, comme le marqueOrderic Vital,) furnom- mé Beau-Clerc parce cju’il étoit beau de vifage Se lettré, étant accouru à Londres auflitot après la mort du Roi Guillaume, fon frere, s’empare de fes tréfors Se du trône d’Angleterre en l’ab- fence de Robert, Duc de Normandie, fon aîné, qui s’étoit ar¬ rêté en Italie à fon retour de la Croifade. Le Dimanche fuivant, J Août, ou le 15 félon Matthieu Paris, il ell facré à Wellminf- terpar Maurice, Evêque de Londres, Se couronné par Thomas, Archevêqued’Yorck. Peu dejoursaprès cette cérémonie, Henri, pour détruire les prétentions que fon frere pouvoir un jour lui oppofer, s’applique à gagner l’affeéHon de les fujets par le réta- bliilement des loix d’Edouard, par l’abolition des impôts 8e par la fupprelîîon de l’Edit qui défendoit la lumière Se le feu dans les maifons après huit'heures du foir. Il fit plus, il rendit aux Eglifes la jouilfance de leurs privilèges, réduifit à une feule gran¬ deur les poids Se les mefures, 8e oïdonna la punition corpo- gif? f.mx Tr’vfiü- On fe fti J - Charte, donnée a ce fuiet, autant d’eYn,U,v;„ . de Comtés en Angleterre , avec ordre d'en dénoferT ’ a principale Abbaye de chacune de ces Pro.Jes , Ma,rAPu ris. ) Enfin Henn , au mois de Septembre, rappelîa Ae Irm u S. Anlelmc Archevêque de Cantorberi, que les^erfécutioiJde Guillaume le Roux avoient obligé de quitter l’Angleterre Le 11 Novembre de la même annee , ayant aflemblé les Grands ru Ri°yAU?e f LondrcV 11 ép.oufccn >eur préfence Mathilde 1 le de Malcolm Roi d’Ecolle, qui fut couronnée le même jour par S. Anfelme. A Noël fuivant, que les Anglois prenoient alors pour le premier jour de l’année, Henri tient une Cour pléniere qu un Uluftre etranger honora de fa préfence : c’étoit Louis, Roi deligne des François. Bertrade, fa marâtre St fa perfécutrice apprenant qu’il étoit parte en Angleterre, écrivit à Henri de] lettres fcellees du fceau du Roi Philippe, fon époux, pour leprier de faire arrêter le jeune Prince St de l’enfermer dans une étroite puton. henri communique ces lettres à Louis, St lui confeille de retourner en France. ( Order. Vital.) Ce que Henri avoir heu d appréhender pour lui-même arriva. L’an ii0I , le Duc de Normandie forme un parti en Angleterre, pour arracher de les mains le feeptre qu’il lui avoir enlevé. 11 arrive fur les lieux au mois d’Aout, St fe prépare à une bataille : mais fur le point de la livrer, il s’accommode avec fon frere, St lui abandonne les droits pour une penfion de 3000 marcs. Par une de leurs conventions Henri avoir promis une amniftie à tous les An- glois qui avoient fuivi le parti de fon frere. Robert apprenant quau mépris de fa parole il en maltraite plufieurs , fe rend à Londres, l’an 1101, pour fe plaindre à lui-même de fon infi¬ délité. Henri le reçoit avec hauteur, témoignant fa furprife de ce qu il a ofe mettre les pieds dans fes Etats fans avoir ob¬ tenu la permiflion. II lui reproche enfuite fa négligence à pu- mr ceux cjui les avoient trahis l’un 8t l’autre , St pfotend par là iatisfaire a fes plaintes. Robert, craignant d’être arrêté , tâche de calmer fon frere, St lui remet, à la prière de la Reine là penfion de 3000 mille marcs. La même année commence le fameux démêlé du Roi avec S. Anfelme, touchant les inveftitures. On députe à Rome de part St d’autre pour confulter fur ce différend le S. Sié°-e. An¬ lelmc, fe défiant de la réponfe que rapportèrent les députés , va lui-même trouver le Pape. A fon retour il fait la paix avec le Monarque a l’Aigle en Normandie, le n Juillet 1103, par la médiation de la Comtelfe de Blois. (Eadmer, kifi. novor. L. 3 , p. 61. ) L’avidité de Henri n’étoit pas fatisfaite du Royaume d’An¬ gleterre qu’il avoit envahi fur fon frere, il veut encore le dé¬ pouiller de ion Duché. La conduite de Robert fournilfoit un beau prétexte à ce defiàin. Prodigue St indolent, il fe ruinoit par fe profilions, 8t abandonnoit les biens de fes fujets à la rapacité de fes Miniltres. Une partie des Normands s’étant foulevée, appelle le Roi d’Angleterre à fon fecours. Henri, à cette invitation qu’il avoit follicitée, s’embarque, l’an 1105, pour la Normandie, St aborde au port de Barfleur dans la fe- maine-fainte ; de là s’étant rendu le famedi-faint à Carentan , il y palfe la fête de Pâque , dont l’Office fut célébré en fa pré¬ fence par Serlon, Evêque de Séez. Ce Prélat y donna une mar¬ que finguliere de fon zele contre les cheveux longs, que le Roi St toute fa Cour portoient alors ; ufage qu’une faufle in¬ terprétation de S. Paul faifoit regarder par les dévots du tems comme un péché contre nature. S étant mis à prêcher avant le Service contre cette mode, il ébranla tellement Henri 8t fes courtifans, qu’ils confentirent à y renoncer. Serlon les prit au mot; & , tirant aufiitôt de fa poche des cifeaux dont il s’étoit muni, il fit fur chacun d’eux, en commençant par le Roi, l’opération de la tonfure. Henri, fi l’on en croit Guillaume de Maimesburi, avoit beaucoup hélité avant d’entreprendre la guerre contre fon frere pour le dépofleder. Ce fut le Pape Pafcal II, fuivant cet Hiftorien, qui leva fes fcrupules en lui repréfentant la guerre qu’il ferait à fon frere comme une expé¬ dition louable , Sc le dépouillement de ce Prince comme le falut de la Normandie : Affeverans non fore civile bellum, fed pruclars pat ri a pr&dicandum emolumentum. Mais il y a bien de l’apparence que le Roi d’Angleterre avoit auprès du Pape des amis qui le fervoient fuivant'' fes defirs. Henri étant parti de Carentan , fe rend maître de Caen par la trahifon des bour¬ geois qu’il avoit corrompus par argent. Il va mettre enfuite le liège devant Bayeux qu’il emporte avec le fecours du Comte d’Anjou, fon allié. De là , s'avançant dans le pays, il foumet plufieurs autres places jufqu’au mois d’Août qu’il fe rembar¬ que pour l’Angleterre. L’an 1106, le Duc Robert vient avant le Carême trouver le Roi, fon frere, à Northampton , pour redemander ce qu’il lui avoit pris, 8e ne peut rien obtenir. ( Henric. Huntind. & Chron. anglo-fax. ) Henri, dans l’été de la même année, repaife la mer pour achever fa conquête, Se](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30455686_0001_0965.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)