Volume 1
L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur / [Anon.] Par le moyen d'une table chronologique.
- Date:
- 1783-1787
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Credit: L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur / [Anon.] Par le moyen d'une table chronologique. Source: Wellcome Collection.
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![” ferme remife entre les mains des gens du fîfc, une autre fous ” Ia Sardc d’un homme de probité reconnue , & la 3 e demeu- » reroit au Juif créancier, afin que, s’il vouloit ufer de quel- ” c]uc fwpcrcherie, comme par le parte, les deux autres copies ” Itrvirtcnt a le confondre. A l’égard des Chrétiens, il leurdé- » lendit abfolument toute forte d’ufure , de maniéré qu'il ne » leur permit de rien recevoir, fous quelque prétexte que ce » fut, au-delà de ce qu’ils avoient prêté. Que s’il arrivoit ” 5U-r^rre’U^ent §a§e ^es rcvenus ou des terres qui pro- ” duilillent lui profit.annuel, en ce cas il ordonnoit qu’après le 33 tort piincipal acquitte, la chofe engagée retournerait à fon 33 maître, nonobftant toute convention contraire où l’on au- 33 roit fixé pour l’engagement un tems qui ne ferait pas encore 33 écoulé. L Auteur ajoute que Richard donna ordre à fes Officiers de, Juftice de faire droit fur les plaintes qui leur fe¬ raient,portées par les moindres de fes fujets; que les E<rtifcs ayant été dépouillées pour fournir à fa rançon, il fit faire des ornemens 8c des calices pour celles qui n’avoient pas le moyen de s’en procurer. ( Spidl. T. 8, p. 527. ) Ce fut aurtî pendant le régne de Richard que la ville de Londres commença, par îappoit a la police, de recevoir une nouvelle forme , &c d’etre partagée en diverfes compagnies, ou, comme on les appelle aujourd hui. Corporations. Ce Prince eft le premier Roi d’An- gletenc, fuivant Thomas Ruddiman , qui ait employé dans fes diplômes le pluriel en parlant de lui feul. Richard ne laiffa point de porte rite légitimé ; mais il eut un fils naturel, nommé Philippe, à cjui il légua la Seigneurie de Cognac. Son corps fut inhumé à Fontevrault le 23 Juin , 8c fon cœur porté à la Cathédrale de Rouer. Bérengere, fon époufe, lui furvécut, & vivoit encore 1 an 1129 , réfidant au Mans qui lui avoir été donne poui ron douaire , comme on le voit par le foin qu elle prit cette année de rétablir l’Abbaye de Lefpau près de cette ville. (Bibl.de Poitou, T. I, p. 300.) ( V. Philippe-Augurte, Roi de France j ce Richard, Duc d’Aquitaine. ) J E A N-S A N S-T ERRE. 1199- Jean fils de Henri II, furnommé Sans -Terre , parce qu’à la mort de fon pere il n’avoit point d’apanage , né I an 1166, fuccede à Richard I, fon frere, qui l’avoit fait Comte de Mortain, & fe fait couronner , le 27 Mai, dans l’Eglife de cftminfter. Le régne de ce Prince ne fut qu’une fuite conti¬ nuelle de di(grâces, 8c de fautes ou de crimes qui les attirèrent. Le premier anneau de cette malheureufe chaîne fut le metirtre d’Artur, fon neveu, qu’il tuade fa propre main l’an 1203, parce Îu’il lui difputoit à bon titre le trône d’Angleterre. ( Voy. les )ucs de Bretagne.) Le Roi Philippe-Augurte, comme Suzerain, ayant entrepris de punir ce vafl'alparricide, lui enleva les Pro¬ vinces qu’il poflédoit entre la Loire 8c la Seine. La Reine Eléo¬ nore , mere de Jean, vivoit alors retirée à Fontevraut. Elle y mourut le 31 Mars 1204, Se fut inhumée auprès de fon époux. Lafâcheufedeftinéedu Roi Jean l’engagea, l’an 1206, ou 1207, dans une querelle dont un Prince mieux avifé que lui ferait forti avec gloire , & qui par fon imprudence le précipita dans l’excès de l’humiliation. Le Siège de Cantorberi étant venu à vaquer , les Moines de la Cathédrale, après l’éleftion faite de l’un d’entre eux pour la remplir , la révoquèrent, 8c en firent une 2e qui tomba fur un fujet plus agréable au Roi. Les deux élus s’érant pourvus à Rome, le Pape Innocent III caffa l’une & l’autre élec¬ tion , 8c fit élire en fa préfence par les députés de la Cathédrale le Cardinal Etienne Langton, Anglois de nation , qui réfidoit à Rome. Ce coup d’autorité révolte le Roi qui rejette le nouvel Archevêque. Le Pape veut foutenir ce qu’il a fait, & lance à la fuite des interdits les fentences d’excommunication 8c de dépo- fition contre le Monarque. Pour rendre fes foudres efficaces, il tranfporte le Royaume d’Angleterre au Roi de France. Le don eft accepté. Philippe-Augufte prépare en conféquence un grand armement pour aller fe mettre en polfertîon de l’Angleterre. La Nobleffe angloife paraît elle-même difpofée à féconder cette entreprife. Enfin l’infortuné Roi Jean fe trouve réduit, pour conjurer l’orage, à la cruelle néceffité de remettre fa Couronne entre les mains du Légat Pandolfe, qui lui avoit donné ce confeil, de la recevoir enfuite de fes mains après qu’il l’eut gardée cinq jours, & de déclarer, en la recevant, qu’il ne la tiendra défor¬ mais que comme vafial du Pape : dépendance pour laquelle il s’engage, tant pourlui que pour fes fuccelleurs, à payer au S. Siège une redevance annuelle de mille marcs. Cette cérémonie aviliflante fe fit le 15 Mai 1213, dans la maifon des Templiers de Douvres , en préfence d’un grand nombre de Seigneurs & d’Officiers. Nous avons deux Chartes là-deffus, qui contiennent le fermentSc l’hommage de Jean, qui fut abfous le 6 Juillet fui¬ vant; l’interdit jette fur l’Angleterre dès le 23 Mars 1208, fut alors levé, après avoir duré 5 ans 3 mois & 14 jours. Tant de bartefl'e ne fervit qu’à fortifier les Barons dans leur révolte. Dans 1 împuiffance ou Jean fe voit de les réduire , le défefpoir frioueSIeTErenVOyer Une fmb/adc au Roi des Sarazins <?A- frique d Efpagne, pour lui demander du fecours, offrant de lu. Payer tribut, &même d’embrafferfa religion: n^is le Prince Mahometan reçoit fes offres avec mépris, difantque s’il avoit à changer de religion, il embrafleroit lui-même celle des Chré¬ tiens. Matthieu Pans dit avoir appris ces faits d’un des Ambaf- ladeuts; cependant Thoiras, uniquement fondé fur le préjugé rejette comme calomnieux le récit de l’Hiftorien anglois. Peu de tems apres le Roi Jean croit appercevoir un retour de prof- pente dans,la grande viéioire que fa flotte remporta fur celle de Fiance, qu elledétruifit quoique beaucoup fupérieure en nombre devailleaux. Encouragé par ce fuccès, il fait des préparatifs pour porter la guerre en France, aborde, l’an 1214, vers la mi-Fé- vner a la Rochelle,, & foumet une partie du Poitou, tandis que I hilippe eft occupe en Flandre contre l’Empereur Otton; de là rt s avance en Anjou & dans le Maine ; mais le Prince Louis ar¬ reté fes progrès, 8c l’oblige à lever avec tant de précipitation le iiege de la Roche-aux-Moines, qu’ilavoit entrepris, quefes ma¬ chines de guerre 8c fon bagage refterent au pouvoir des Fran¬ çois. La nouvelle qu il reçut alors de l’événement de la bataille e Bouvines, gagnee fur les alliés pax- Philippe, achevé de le dé¬ concerter Etant aile fe renfermer a Parthenai, ville du Poitou U apprend que Philippe vient à lui avec fon armée viftorieufe! II ctoit perdu fi le Légat Robert de Courceon , auquel il eut re- cours, n eue interpofé fa médiation pour obtenir une trêve. Phi- ippe l’accorde moyennant une fomme de 60 mille livres fter- Irngs qui lui furent payées comptant. Le Roi Jean après cela re¬ parte en Angleterre où de nouvelles difgraces l’attendoient Les Barons, s étant ligués , lui demandent à fon arrivée la confir¬ mation de la Charte de Henri I, concernant leurs privilèges. L an 121 j , ilfatisfait à leur demande, fuivant Raoul de Cocr- geshale , par une nouvelle Charte datée du 13 Janvier , qu’il Se mda pas a retrader. Ce n’étoit pas fans raifon ; elle chammoit cfrcdlivcment fon ctat, en le fkilant d’un Monarque le Chef d une efpece de Republique. La ligue dilfipée fe renoue; les Ba¬ rons elifent un General, auquel ils donnent le titre de Maréchal de l armée de Dieu & de L Eglife :■ étant entrés dans Londres lans obftacle le 17 Mai, ils alfiégent le Roi dans la Tour, & l’obligent de Ligner , au mois de Juin , deux nouvelles Chartes, la Charte des Libertés & la Charte des Forets; ces deux Chartes fi célébrés ont fervi depuis de fondement aux libertés de la na¬ tion angloife. Jean fe repent encore de les avoir lignées ; il a recours au Pape, qui, par une Bulle du 24 Août, carte les deux Chartes, délié le Roi de fon ferment, 8c excommunie les Barons. Ceux-ci appellent en Angleterre Louis, fils de Philippe-Augurte,' 8c lui offrent la Couronne. L an 12.16 , ce jeune Prince ayant reçu des otages pour sûreté de la parole des Barons, quitte le Languedoc, où il étoit occupé à la guerre contre les Albio-eois, pâlie en Angleterre malgré les défenfes du Pape, aborde a l’Illê de Thanetle 2i Mai, puis étant allé de (cendre au port de Sand¬ wich , il marche vers Rochefter , qui ne fait qu’une foible'ré- fiftance, 8c de là fe rend à Londres , où il reçoit le ferment des Barons 8c delà ville. Le Roi Jean déterminé a décider le fort de fa Couronne dans une bataille rangée, fe met en marche à Ja tête d’une armée confidérable. Mais ayant parte fans précaution avec cette armée dans des lieux marécageux, ordinairement fub- mergés au tems de la haute mer, la marée l’y furprit, enoJoutit fes bagages , fes tréfors, avec une grande partie de fes&trou¬ pes ; il eut lui-même beaucoup de peine à fauver fa vie , & il ne la fauva pas pour long-tems. Le chagrin de ce détartre'& les embarras de fes malheureufes affairesachevèrent depuifer fa fanté déjà dérangée. Il arriva avec la fievre au château de Ne- warck, dans la Province de Lincolu, où il fut obligé de s’ar¬ rêter. Bientôt averti que fa derniere heure approche, il fait fon teftament, par lequel il inftitue héritier Henri, fon fils aîné, & meurt le 19 Odobre, dans la 51 - année de fon âge. Ce Prince avoit de ces vices bas & obfcurs qui étouffent tout fentiment d’honneur, excluent tout talent, 8c dégradent l’homme privé comme le Monarque. Il avoit époufé en troifiemes noces, dans la ville d’Angoulême, le 14 Août de l’an 1 200 (& non 1202 ) Isabelle, fille d’Aimar , Comte d’Angoulême, après l’avoir ravie à Hugues de Lulignan, depuis Comte de la Marche , qui étoit fur le point de l'époufer. De cette Princeffe, dont Hugues recouvra la main en 1217, ( morte en 124 j ) il laiffa deuxfi!s, Henri fon fucceffeur, & Rrtchard, Comte de Cornouaille ; avec 3 filles, Jeanne , qui fut femme d’Alexandre II, Roi d’Ecoffe; Eléonore; 8c Ifabelle, qui fut mariée à l’Empereur Frédéric II. Alix , fille d'Hugues, Comte de Mortain , fa première femme ne lui donna point d’enfans, non plus que la 2-, Havoise de Glooester , dont il fe fit féparer, fous prétexte de parenté. Le corps de ce Prince fut inhumé dans le chœur des Moines de Winchefter, fuivant Henri de Knighton. Londres & la plupart des villes du Royaume doivent au Roi Jean la forme du gou- Tome I,](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30455686_0001_0971.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)