Volume 1
L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur / [Anon.] Par le moyen d'une table chronologique.
- Date:
- 1783-1787
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Credit: L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur / [Anon.] Par le moyen d'une table chronologique. Source: Wellcome Collection.
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![fecret, les enveloppa inopinément, & envoya de Ton autorité les principaux d’entre eux a l’échafaud. D’autres exécutions non moins illégales diüîperent le refte du parti. Les alliances que Richard avoit contractées avec la France, animèrent d'abord cette Cour du delir de le remettre fur le trône , & enluite de venger fa mort. Mais les troubles dont étoit agitée la France ne permirent pas au Roi Charles VI d’effe&uer fes menaces. Content de reti¬ rer des mains de Henri fa fille Ifabelle, dont le mariage avec Richard n’avoit pas été confommé , i confirma la treve qu’il avoit faite avec l’Angleterre. Owen Glendour, qui defcendoit des anciens Princes de Galles, montra plus de hardieife. Ayant excité les Gallois a fecouerle joug des Anglois, il bat le Comte de | la Marche , envoyé contre lui, 3c le fait prifonnier. Les Piercy, Maifon puiiTante alliée du Comte, veulent traiter de fa rançon, i Mais Henri, qui leur étoit redevable de la Couronne, ne le per¬ met pas , & laide le Comte entre les mains des Gallois. Piqué de ce trait'd'ingratitude, le Comte de Northumberland , Chef de la Maifon de Piercy, fe ligue avec Owen Glendour & le Comte de la Marche, pour le détrôner: le Roi marche contre ! les mécontens, & gagne fur eux, le 2 - Juillet 140 ; , la bataille | de Shrewsbury , l’une des plus furieufes qu’on ait vues dans les S guerres civiles; il fuit décapiter le Comte de 'Jforcefter, & pro- | met le pardon au Comte de Northumberland s’il met bas les ■ | armes ; le Comte accepte la propofition. Le Roi, l’année fui- vante , envoie leJPrince Henri, fon fils, contre les Gallois, qui 1 perdent deux batailles; mais loin d’être découragés par ces dé¬ faites , ils font de nouveaux efforts pour fe maintenir dans leur liberté. Une nouvelle révolte éclate l’an 140p. Richard Scroop , Archevêque d’Yor;k , Thomas Mowbrai, Grand-Maréchal, 3c le Comte de Northumberland, qui l’avoient excitée, prennent les armes avec plulieurs Seigneurs, après avoir publié un mani- felfe contre le Roi. Le Comte de Weftmorland demande à con¬ férer avec l’Archevêque & le Grand-Maréchal, Chefs des conju¬ rés; ils acceptent la conférence, & font enlevés par le Comte , qui les fait décapiter. Le fupplicc de Richard Scroop eft le pre¬ mier exemple d’une peine capitale infligée à un Prélat en An¬ gleterre. Nous ne connoilfons point d’Evêque en France à qui l’autorité royale ait fait perdre juridiquement la vie pour crime d’Etat. Le Roi, l’an 1406, convoque un Parlement qui s’affemble le 1 Mars : on y fait un Aéfe pour exclure les femmes de la fuccef- fion à la Couronne ; mais cette cxclufion eft révoquée la même année par un Aéie du 1 Décembre, fignéduRoi, de tous les Sei¬ gneurs , & de l’Orateur des Communes, au nom de toute fa Chambre. C’efl de ce tems qu’on peut dire que les femmes en Angleterre ont commencé d’avoir un véritable droit à la Cou¬ ronne. Henri, dans la même année , viole, d’une maniéré fean- daleufe, la foi des Traités & les droits de l’hofpitalité, envers Robert III, Roi d'Ecoile, avec lequel il avoit fait une trevede plulieurs années. Robert, fe fiant fur la bonne foi du Monarque anglois, avoit fait partir, fans aucune précaution, Jacques Stuart, fon fils, pour aller recevoir fon éducation à la Cour de France. L’incommodité de la navigation ayant obligé le jeune Prince à relâcher fur les côtes d’Angleterre, il eft arreté & con¬ duit au Roi, qui a l’inhumanité de le faire enfermer dans la Tour de Londres. Lan 1408 , nouvelle révolte du Comte de Northumberland. Il eft défait par le Shérif d’Yorck, 3c tué dans la bataille. Henri ne refta point fpeéfateur indifférent des funeftes que¬ relles qui déchiraient alors la France & la partageoient en deux faéfions acharnées l’une contre l’autre. Il envoya dufecours, en 14; 1, fous la conduite de Thomas, Duc de Clarence, fon 2. fils, à celle qu’on nonunoit des Orléanois. Mais l’Anglois, apprenant à fon arrivée que la paix venoit d’être faite entre les deux partis, paffe en Guienne où il reprend les places dont les François seraient rendus maîtres. Tandis qu’il eft occupé à cette expédition, le Roi, fon pere, eft attaqué de la lèpre, & ne laifl'e pas de prendre la croix pour la Terre-Sainte. Dans le cours de cette maladie qui dura deux mois, deux fencimens oppofés l'agi - terent, des remords fur fon ufurpation , & la crainte qu’on ne lui enlevât fa Couronne, ce qui fit qu’il voulut l’avoir toujours au chevet de fon lit. Enfin la regardant une derniere fois, il dit à fon fils aine : F7oila une Couronne fur laquelle nous rCavons droit ni vous ni moi.— AI on épée, répond le fils, me confervera ce que la vôtre vous a acquis. Peu de momens apres il rendit l’efprit : Ie 20 Mars 1413, à 1 âge de 46ans, dans la 14 année de fon régne. Henri avoit époufé, i\ l’an 1580, Marie Bohun, fille du Comte de Hereford, morte en 1594; i°, l’an 140; , Jfanne, fille de Charles le Mauvais, Roi de Navarre, veuve de Jean IV , Duc de Bretagne, morte le 10 Juillet >437, dont il n’eut point d’enfans. Ceux du premier lit font, 4 fils & 2 filles : Henri, qui j “1IC; Thomas, Duc de Clarence ; Jean , Duc de Bedford, Sc ! Humphroi, Duc de Glocefter ; Blanche, l’aînée des filles, fut | niarice a Louis de Bavière, Comte Palatin du Rhin; Philippe , la 1, époufa Eric IX, Roi de Danemarck, de Norwege & de Suede. 1 Le Livre rouge de l’Echiquier marque ainsi la date du régne de Henri IV : Oaia Régis Hennci II lit1 à conquesiu mutatur s.nantis an- nu tndic tesio S■ lerommi accidente XXX Dept- videlicetin crasttno S. Mt- ihaehs , et obiir xx Partit an. reem su Xim. La Chambre Basse du Parlement acquit sous ce régne une grande influence dans les affaires de l’Etat. HENRI V, dit DE MONMOUTH. 1413. Henri V, l’idole des Anglois, né, l’an 1388, de Henri IV & de Marie de Héreford, eft proclamé Roi immé- J diatement après la mort de fon pere, 3c couronné le 9 Avril. Il avoir.mené jufqu’alors une vie fort licencieufe. En montant fur le trône il devint tout-à-coup un autre homme. Réfolu de faire régner les loix avec lui, il congédia les compagnons de fes dé¬ bauches , & affura de fa confiance les fages Miniftresqui avoient exhorté fon pere à le ramener à fon devoir par des châtimens féveres. Lescommencemcns du régne de Henri fe paffent en né¬ gociations avec la France , mais fans fuccès : les Commiffaires du Roi d’Angleterre les firent échouer, parles demandes dérai- fonnables qu’ils firent ; ils n’ambitionnoient rien moins que tout le Royaume de France, quoiqu’ils feigniffent de fe leftreindre à l’exécution du Traité de Brctigni. En conféquence la guerre contre la France eft réfolue dans un Parlement tenu à Leicef- ter le 31 Mai 1414, ce qui n’empêche point que les négo¬ ciations ne continuent, mais toujours inutilement. Il fe formoit cependant une confpiration, à la tête de laquelle étoit le Comte de Cambridge, frere du Duc d’Yorck, & d’autres Seigneurs, pour mettre fur le trône Edmond Mortimer, Comte de la Marche ; celui-ci, par crainte , découvrit au Roi tout le myftere. Henri, après avoir puni les conjurés, met à la voile au mois d’Août 141 j , débarque en Normandie le 21 de ce mois , prend Harfleur le 22 Septembre, (Sinon le 28) après avoir perdu une partie confidérable de fon armée , envoie un cartel de défi au Dauphin, pour fe battre feul à feul, à condition que le vainqueur ferait Roi de France ; & gagne, le 1 y Odobre , en voulant fe retirer à Calais, (un vendredi, ) la fameufe bataille d’Azincourt, que la témérité des François lui livra. Cette vic¬ toire , quoique complété, n’empêcha pas que fur la fin de l’ac¬ tion fon bagage ne lui fût enlevé, avec les pierreries de la Cou¬ ronne 8c les ornemens royaux. Mais il en recouvra enfuite la meilleure partie par les recherches du Seigneur de Gaucourt, l'un de fes prifonniers, qui mérita par là fa liberté. Henri triom¬ phant repalle en Angleterre au mois de Novembre , menant avec lui les principaux de fes prifonniers. ( Voy. Charles VI, Roi de France. ) Henri cependant ne pouffe point la guerre] comme il femble que fes premiers fuccès dévoient l’y eno-ager! On ne doit point s’en étonner; il étoit en négociation avec le Duc de Bourgogne, qu’il fe flattoit de mettre dans fes intérêts : mais il n’y réuffit point, & ne put jamais l'engager, quoi qu’en difent les Hiftoriens anglois, à le reconnoître pour Roi de France, ni à ligner les Traités relatifs dont il lui avoit apporté les modèles. ( Voy. Jean, Duc de Bourgogne. ) Henri néan¬ moins avoit aflez d’intelligences en France pour efpérer d’y faire de nouveaux progrès. L’an 1417, il fait une zedefeente, dans le mois de Juillet, en Normandie, & foumet fans obfta- de prefque toute la Province : tel étoit l’acharnement des fac¬ tions qui déchiraient le Royaume, qu’elles aimoienr mieux ré¬ pandre le fang françois, que de fe réunir contre l’ennemi com¬ mun. L’an 1419 , le 28 Juillet, Henri prend Pontoife par efea- lade; & fait un riche butin. Après cette expédition, il publie un Manifefte pour faire valoir fes prétentions. Cependant , mal¬ gré tous ces avantages, qu’il devoit moins à fes propres forces ï qu’aux funeftes divilïons des François, les affaires de ce Prince étoient dans une lîtuation à ne pouvoir fe foutenir long-tems ; elles feraient infailliblement tombées en décadence, fi l’animo- fité du Dauphin contre le Duc de Bourgogne ne lui eût ouvert une voie pour venir a bout de fon entreprife. Après l’aflàflînat du Duc, elles prennent une face toute nouvelle. ( Voy. Char- : les VI, Roi ae t-rance ,8c Jean-fans-Peur, Duc de Bourgogne.) La Reine Ifabeau de Bavière, mere du Dauphin, fe lioue avec i le Roi d’Angleterre contre lui. L’an 1420, Henri, k/21 Mai, ! fait a Troyes avec Charles VI , Roi de France, & cettePrin- ceffe, le fameux Traité par lequel ils lui promettent la main de 1 Catherine, leur fille, avec le droit de luccéder au trône à l’exclufion du Dauphin. Le 2 Juin fuivant, le mariage eft cé- 1 lebré dans l’Eglife de S. Urbain de la même ville, parHenride ! Savoifi , Archevêque de Sens. Héritier prétendu de la Cou- 1 ronne de France, Henri ne fe comporte pas avec plus de mo¬ dération dans ce Royaume. Les Parifiens s’étant plaints à lui de ce que les tioupes étrangères bruloient tout le pays des en¬ viions de Paris; c efl ufance de guerre , répondit-il; guerre |](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30455686_0001_0980.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)