Mémoire sur la constitution physique d'Égypte / [Déodat de Dolomieu].

Dolomieu, Déodat de, 1750-1801.

Date:: [1793]

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Credit: Mémoire sur la constitution physique d'Égypte / [Déodat de Dolomieu]. Source: Wellcome Collection.

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qu’ils donnent aux courans de la mer de creufer le fond des baffins qui la renferment ; je pourrois de nouveau employer contr’eux toutes les raifons que j’ai développées dans un autre Mémoire ; mais je me bornerai à leur dire que la correfpondance des angles faillans & rentrans, qui leur a fervi à érablir leur fyftême; n’exifte pas dans la vallée du Nil. Cette vallée tft au contraire partagée en plulieurs portions par des efj:èces de détroits que les montagnes forment en le rapprochant l’une de l’autre i &: ces diviflons naturelles féparoient les difféiens états où dominoient plulieurs dynafties qui régnoient enfemble fur l’Egypte avant le règne de Sefoftris (i). Ce long canal lui étoit cependant préparé avant qu’il ne s’y précipitât, ou plutôt le Nil n’y a débouché que parce qu’il exiltoir déjà, comme toutes les vallées ont préexifté aux fleuves qui y lerpenrent; car quel que fût le volume de leurs eaux , fans une chute qu’on ne peut pas leur fuppofer, jamais ils n’auroient fuffi à un pareil travail ; & je le répète, fl ce n’efl: près de leurs fources,où une grande pente occalîonne une rapidité extrême dans la courfe des eaux , fl ce n’eft par l’effet de quelques crues extraordinaires, ou par la rupture fubite de quelques barrières qui contenoient des amas d’eaux ou des lacs, ce qui mettroit en mouvement line grande mafle d’eau, les fleuves qui coulent dans les plaines agiffent peu ou point fur le fol qui les porte , quoique fouvent ils mangent leurs rivages par un effort latéral} & c’efl: plutôt en exhauffant leurs bords que les fleuves peuvent contribuer à fe former des canaux qu’en creufant leurs lits. Une fente de deux cens lieues de longueur ,& qui donne une ouverture large de quatre à cinq lieues, effrayera peut-être l’imagination de ceux qui ne connoiffenr pas toute la puiflance de la nature dans les momens de crife , quoiqu’ils exagèrent beaucoup fon aélivité dans fes tems de calme. Un defaut d’appui a cependant pu produire un mouvement de bafcule dans toute la portion de montagnes qui fépare l’Egypte de la mer Rouge, & aura fuffi pour occaflonner une rupture longitudinale dans un maffif de pierre donr une partie iera reftée ferme fur fes bafes, pendant que l’autre aura été forcée de fléchir, ou par la dégradation de fes fondemens, ou par l’affai(bernent de quelques grandes cavernes. C’efl à cette feule caufe que je puis attribuer l’ouverture de cette fîngulière vallée qui femblablt à une grande folle traverfe une partie de l’Afrique ; & je fuis tenté de rapprocher l’époque de la formation de celle où a été (i) Cette vallée eff comme divifée en plufieurs parties par des efpèces de détroits que les deux montagnes forment en fe rapprochant l'une de Vautre , & ces divifions naturelles Jeparoient les différentes dominations ou dynajlies entre lefquelles VEgypte étoit partagée avant Sefoffris* Freret, Mémoires de l’Acadéi mie des Infcripûons, tome 16.