Contribution à l'étude du délire des inventions / [Albert Delarras].

  • Delarras, Albert.
Date:
1900
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Credit: Contribution à l'étude du délire des inventions / [Albert Delarras]. Source: Wellcome Collection.

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    partisans de la tliéorie genie-névrose font entrer à leur compte des faits anormaux aussi simples, pour ne pas dire aussi insi¬ gnifiants que, par exemple, la distraction. Si Ton pousse meme un peu {)lus loin, on a l’explication de bien des troubles nerveux dont les lombrosiens font beaucoup d’état. En définitive, neuf fois sur dix, il y a une simple coïncidence. Il y a, en effet, des hommes de génie qui, tout simplement, n’ont aucune tare, aucune manie, ne sont ni des névrosés, ni des fous. Beaucoup d’hommes de génie ont une manie, il est vrai. Mais pourquoi? Parce que nous en avons tous. Seulement, chez nous, on ne le remarque pas, et chez eux on le remarque. Si leur névrose est insignifiante, on la compte tout de même : elle fait nombre. Nous arrivons donc à cette conclusion : c’est que tous les hommes sont imparfaitement sains et que les hommes de génie sont des hommes. Il y a souvent génie sans névrose appréciable, de même qu’il y a, bien plus souvent encore, névrose sans ombre de génie. Et pour donner notre avis franc, le génie n’est pas une névrose; le génie est d’un côté et la névrose de l’autre : entre les deux existe une frontière, une limite. « Il est certain que le succès est pour beaucoup dans la con- » sécration du génie. Supposons qu’un des grands génies dont » s’honore riiumanité n’ait pas vu sa découverte comprise et » appréciée : peut-être serait-il resté relégué parmi les rêveurs, » les utopistes, les toqués. Supposons, au contraire, et c’est » possible, qu’un déséquilibré fasse un jour, dans un éclair, une » découverte qui soit appréciée, et le voilà sacré génie. Alors, » où est la différence, et à quoi tient la répartition? D’un côté, » l’évidence est là, montrant qu’en somme entre l’inventeur de )) génie et le déséquilibré inventeur, il n’y a souvent que la dif- » férence des circonstances, du hasard : de l’autre, on est arrêté )) par la crainte de rabaisser ce qu’il y a de plus beau au » monde « (Régis, Leçon clinique, 21 février 1895). Soyons donc raisonnables, et croyons au génie véritable, au génie qui n’est pas une névrose. Et pour nous borner au génie