De l'éthérisation dans la folie : au point de vue diagnostic et de la médecine légale / par A. Morel.
- Morel, Bénédict Auguste, 1809-1873.
- Date:
- 1854
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Credit: De l'éthérisation dans la folie : au point de vue diagnostic et de la médecine légale / par A. Morel. Source: Wellcome Collection.
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![cien plus favorisé que l cxpcrt a affaire à une folie bien franche; mais ceux qui vivent constamment au milieu d'aliénés savent qu'il est des situations pathologiques où les individus plongés dans une stupidité profonde ne peuvent exprimer leurs pensées ; qu'en dehors même de cet état de stupidité, il est des aliénés tellement astucieux et concenlrés, qu'ils finissent par vous donner le change sur les vé- ritables motifs qui les fbntagir, et que vous perdez souvent un temps précieux dans des tâtonnements thérapeutiques qui ne s'adressent pas à leur objet. Quelques exemples suffisent pour montrer combien les causes d'erreur sont multiples et variées. Observation !. — Le 28 juillet 1849, un jeune pâtre, âgé de 17 ans, et nommé Conrad Specht, d'un village situé dans le cercle du Danube supérieur, fut arrêté sous la prévention d'avoir commis un affreux at- tentat sur une petiie fille de 7 ans, et de l'avoir ensuite assassinée en lui tirant un coup de fusil dans la tête. Specht , au moment de son arresta- tion, avoua franchement qu'il avait commis les deux crimes, disant qu'il avait été poussé par le diable : que c'était le diable qui avait chargé son fusil, qui lui avait mis cette arme à la main, qui l'avait dirigée contre la tête de la victime, en sorte que lui Specht n'avait eu qu'à lâcher la délente. Le lendemain, lorsqu'on se rendit auprès de Specht pour le conduire au juge d'instruction, un profond changement s'était opéré en lui. Ce jeune homme, qui s'était toujours distingué par sa vivacité et sa rare intelligence, présentait les phénomènes de l'imbécillité et même de l'i- diotie. Il ne reconnaissait personne, pas même sa mère; il ne répondait pas aux questions qui lui étaient adressées, il pouvait à peine se soutenir sur ses jambes, sa tête était penchée sur sa poiîrine; en un mot, il con- trefaisait l'idiot et le sourd-muet. Le remarquable rapports des D,s Windler et Zuck était bien de na- ture à éclairer la conscience des jurés, mais ceux-ci se laissèrent bien autrement impressionner par 1» non-réussite des expériences tentées pour éprouver le coupable. On avait essayé de lui faire ressentir des sensations violentes pour savoir si la suspension de ses facultés était réelle ou non. A cet effet, des armes à feu furent déchargées au milieu de la nuit, tout près du côté extérieur du mur contre lequel était placé le lit de l'individu. Specht poussa des cris inarticulés, mais sans bou- ger de place. On lui donna à ('improviste de fortes douches par des trous pratiqués dans le plafond de la cellule; on le logea dans une baraque, dont pendant la nuit on incendia la partie supérieure: on le soumit en- core à d'autres épreuves, mais rien n'altéra l'impassibilité de ce cou- pable. Le] ury admit des circonstances atténuantes, et Specht fut condamné](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b22327344_0006.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)