De la monomanie du meurtre, considérée dans ses rapports avec la médecine légale / par Auguste Bonnet.
- Bonnet, Auguste
- Date:
- 1852
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Credit: De la monomanie du meurtre, considérée dans ses rapports avec la médecine légale / par Auguste Bonnet. Source: Wellcome Collection.
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![Les étrangleurs? on étranglait jadis sur les bords de la Seine et dans les rues de Paris, comme aujourd’hui. Les endornicurs? L Listoirc fourmille de faits qui prou- vent qu’on cuiinaissait anciennement l’art d’endormir les gens pour les voler, les tuer ou assouvir sur eux de bruta- les passions. Les empoisonneurs? aucun scélérat de nos jours n’a ac- quis sous ce laïqiurl l’clTroyable célébrité des Exili, des Brinvilliers, des Vuisin, etc. Le drame du illantiier , dit-on , n’aurait été ni conçu ni effectué à une autre époque ; mais si je ne me trompe, l’é- pouse d’un personnage parlementaire trouva pareillement dans une poudre blanclic le moyen de provoquer son veu- vage, et ce qni rend le rapprochement plus piquant, c’est que cette femme écrivait comme Mme Lafargc et faisait des vers comme Lncenairc. Les siècles derniers, je le répète , n’avaient rien à nous envier en matière de criminalité ; si l’on n’éluil pas pire alors , on n'élail pas meilleur, et il serait temps vraiment qu’on cessât de dénigrer le présent au prolit d’un passé qui ne valait pas mieux. On aurait tort, du reste, de se figurer que je me fais il- lusion au sujet de la société actuelle ; j’ai eu assez de con- tact avec elle pour ne pouvoir pas ignorer qu’elle n’a mal- heureusement que trop souvent à gémir des actes qui se commettent dans son sein; mais il ne faut pas non plus en rembrunir outre mesure le tableau , el jvarlir notamment d’une erreur , ou tout au moins d’une flagrante exagéra- tion, pour travailler aux améliorations morales qu’elle ré- clame. On ne saurait donc s’empêcher de m’accorder qu’il y a beaucoup à retrancher de ce qu’on a écrit et publié sur la multiplication des crimes. Cette mulli|dication n’est vraie que pour les crimes (]ui ne paraissent pas en harmonie avec l’exercice normal de l’intelligence el qu’on a l’habi- tude aujourd’hui de rapporter à la folie. Quant aux crimes ordinaires, ils sont réellement en diminution chez nous. Le meilleur moyen, du reste, de s’opposer à la reproduc- tion des uns et des autres, serait, je le répète, de cher- cher à remédier aux causes qui les produisent, el qui, indé- pendamment de celles que j’ai signalées au commencement de ce travail, sont : le paupérisme, l’absence de foi reli- gieuse, le relâchement des liens de famille et de l’autorité paternelle, une éducation au-dessus de la position de for- tune el du rang qu’on est destiné â tenir dans le monde (1); (1) L’une des causes qui contribuent le plus à entretenir](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b28404889_0069.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)