Histoire de la pharmacie à Avignon du XIIe siècle à la Révolution : notes et documents inédits / par Henri Granel.
- Granel, Henri.
- Date:
- 1905
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Credit: Histoire de la pharmacie à Avignon du XIIe siècle à la Révolution : notes et documents inédits / par Henri Granel. Source: Wellcome Collection.
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![s’y rapportent nous donnent une idée plus nette de l’exercice de cet art. En elFet, les pharmaciens de ce temps sont de simples marchands à la balance^ suivant l’expression de l’époque. La profession est ouverte à tous, et exempte de toute entrave. Chacun est libre, s’il lui plaît, d’ouvrir boutique d’apothicaire et de vendre des drogues. En un mot, ils ne sont ni reconnus, ni protégés, et n’ont pas encore de pri¬ vilèges royaux, pas plus du reste qu’ils n’olfrent quelque garantie de savoir. Ce qui démontre d’ailleurs que la pharmacie était alors un commerce exercé concurremment par les speciarii (vendeurs d’épices, ou épiciers), les apothecarii (de ccTroOr/.a, boutique), les aromatarii (vendeurs d’aromates), les pehrarii ou piperarli (poivriers), c’est que nous trouvons ces différentes dénominations appliquées au même per¬ sonnage, dans je même texte de certaines pièces originales. Evidem¬ ment la ligne de démarcation entre ces divers commerçants n’était pas nette, précise, et les uns et les autres se faisaient concurrence vendant les produits les plus variés. C’est ainsi que l’on trouvait chez tous : du poivre, du gingembre, de la cire, des cierges, des épices de toutes sortes, à côté du réalgar, de l’arsenic et de l’orpiment. Les abus s’ensuivirent : les uns s’associent avec des médecins peu coiiscieucieux pour leur faire vendre des remèdes sur lesquels ces derniers prélevaient un bénéfice (comme on le voit, ce genre d’asso¬ ciation malhonnête n’est pas d’aujourd’hui). D’autres vendaient des droscues danofereuses, et des accidents sur- venaient de temps à autre. C’est alors que les statuts de la ville d’Avignon, de 1242, dans quelques articles bien explicites, vinrent édicter des peines sévères contre ceux qui s’associent avec les méde¬ cins. Plus, parurent les preconisationes^ ou règlements municipaux, ([ue la Curie temporelle (sorte de police subalterne) libellait et faisait publier chaque année, à son de trompe, par des hérauts. Ces preco- nisationes firent assurei’ la tranquillité des habitants par de sages ordonnances. C’est ainsi qu’il est interdit d’altérer ou de sopbisti- (pier (sic) la cire, les flambeaux de cire, les lu’andons, le suif, les llam])eaux de suif ; de se servir de poids autres que les poids légaux ; d’avoir des balances non légales ; d’altérer onde sophistiquer le poivre, le gingembre, le safran, ou tous autres genres d’épices ; de vendre publi¬ quement ou secrètemeut du réalgar, de l’arsenic ou tout autre gem e de poison capable de causer quelque maladie ; de frauder les ordon- uances des médecins, de substituer uii produit à uu autre, de diminuer les doses prescrites. Toutes ces prescriptions sont suivies de sanction j)éna]e consistant en amendes et souvent en emprisonnement. J ^indépendance des apothicaires est loin d’êtreproclamée, etceux-ci](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30606652_0010.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)