Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy.
- Flournoy, Théodore, 1854-1920.
- Date:
- 1900
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Credit: Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy. Source: Wellcome Collection.
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![« Là, alors franchement je me demandai si je n’étais pas en présence de quelque manifestation spirite. Je tâchai de ne pas trop m’effrayer, je pris l’orange pour la montrer à ma mère; je retournai au piano pour prendre la seconde, afin que rien de semblable ne vînt de nouveau nous effrayer: mais à son tour elle avait aussi disparu! Alors je me sentis toute tremblante ; je rentrai dans la chambre de ma mère, et pendant que nous causions de la chose, nous entendîmes •de nouveau qu’on lançait quelque chose avec violence, et me précipi- tant pour regarder ce qui arrivait, je vis ma seconde orange exacte- ment posée à la même place que l’autre [derrière la porte d’entrée], et passablement meurtrie. Pensez un peu comme nous étions émo- tionnées!... Je pris les oranges et allai sans perdre un instant les enfermer dans l’armoire de la cuisine où je les ai retrouvées le lende- main matin ; elles n’avaient pas bougé. Je ne me suis pas couchée sans quelque crainte, mais heureusement je me suis vite endormie. Ma mère est persuadée que c’est M. H. qui a amené quelque mauvais esprit dans la maison, et elle n’est pas très tranquille. . . » Il résulte des explications orales de Mlle Smith et de sa mère, ainsi que de la disposition des lieux, que les oranges auraient été projetées à une distance de 9 mètres, depuis le piano, à travers la porte du salon grande ouverte sur le vestibule, contre la porte de l’appartement, comme pour poursuivre et frapper fictivement M. H., sorti par cette porte quelques moments auparavant. On est sans doute toujours en droit d’écarter d’emblée, comme présentant trop peu de garanties, les histoires ex- traordinaires d’une personne sujette aux hallucinations. Dans l’espèce cependant, tout ce que je sais de M11® Smith et de ses parents m’empêche de le faire et me persuade que son récit est foncièrement exact, ce qui ne veut point dire qu’il y ait eu là quoi que ce soit de supranormal. On a, en effet, le choix entre deux interprétations. i° Dans l’hypothèse d’une télékinésie véritable, voici comment se résumerait l’aventure. L’émotion dûe à la visite inattendue et désagréable de M. H. aurait amené une division de la conscience ; les sentiments d’agacement, de colère, de répulsion contre lui, se seraient condensés en quelque sous-personnalité qui, dans l’ébranlement général de tout l’organisme psychophysiologique, aurait momen- tanément retrouvé l’usage de ces forces primitives d’action à distance actuellement soustraites à la volonté normale;](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29009674_0377.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)