Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy.
- Flournoy, Théodore, 1854-1920.
- Date:
- 1900
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Credit: Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy. Source: Wellcome Collection.
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![par le prêt du journal, et chez laquelle ledit souvenir jaillit dans un automatisme graphique, auditif, et impulsif (le besoin de courir montrer son dessin à M. Balmès). Les couches subconscientes de M. Balmès auraient ainsi servi de chaînon entre M. X., dont elles subissent facilement l’influence, et Mlle Smith sur qui elles sont au contraire actives. Sauf, cela va sans dire, le reproche abstrait et général de supranormal qu’on peut faire à la télépathie, l’explication que je viens d’esquisser est, en somme, plus adéquate que la précé- dente aux circonstances concrètes du cas, et les complications de transmission subconsciente auxquelles elle fait appel n’ont rien d’inouï, mais trouvent leurs analogues dans de nombreuses observa- tions publiées par la Soc. for Psych. Research. 2. « Une huitaine de jours après [le cas précédent], me trouvant dans une voiture ouverte de tramway, à midi et quelques minutes, au milieu de la rue, je vis devant moi le même M. Balmès discutant avec une dame dans une chambre paraissant attenante au tramway. Le tableau n’était point ti'ès net : une sorte de brouillard s’étendait sur cet ensemble, mais point assez fort cependant pour me cacher les personnages. Lui surtout était très reconnaissable, et sa voix légère- ment voilée fit entendre comme terminaison ces paroles : C’est cu- rieux, extraordinaire ! Puis, tout d’un coup, subitement, je ressentis une commotion violente, le tableau s’effaçant au même instant. Je me trouvai alors roulant de nouveau sur la route, et d’après la dis- tance calculée et l’avancement de la voiture, je compris que cette vision n’avait pas duré plus de trois minutes tout au plus. Il est à noter que pendant ces quelques minutes, je n’ai point perdu un seul instant le sentiment de ma situation présente, c’est-à-dire que je savais et sentais parfaitement que je me dirigeais chez moi en voi- ture comme j’avais l’habitude de le faire chaque jour, et je me sentais parfaitement moi, sans trouble d’esprit aucun (’). « Deux heures plus tard, je montai chez M. Balmès, lequel se tient à l’étage supérieur du bureau. L’abordant franchement, je dirai même un peu brusquement, je lui parlai ainsi : — Avez-vous été satisfait de la petite visite que vous avez faite à midi et quelques minutes, et y aurait-il indiscrétion à vous demander ce que vous trouviez de curieux, extraordinaire?— Il parut confondu, attéré, fit mine même de se fâcher, et eut l’air de me dire de quel droit je me permettais de contrôler ses actions! Ce mouvement indigné se (') Cette description de M* Smith traduit très bien l’impression d’avoir été dans un état complètement éveillé et normal, qui s’attache au souvenir de leurs « visions » chez les personnes qui y sont sujettes ; mais cela n’exclut pas un certain degré d’obnubilation de la conscience pendant la vision, comme le prouve la phrase même d’Hélène un peu plus haut : « je me trouvai roulant de nouveau sur la route, etc. »](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29009674_0384.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)