Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy.
- Flournoy, Théodore, 1854-1920.
- Date:
- 1900
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Credit: Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy. Source: Wellcome Collection.
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![elle donne ce signalement : « nez courbé et crochu comme celui d’un aigle; petits yeux de souris très rapprochés; bouche avec trois dents seulement; sourire méchant, expression moqueuse; mise simple, collerette pas à la mode actuelle; elle s’approche de ce portrait (*) et le considère, pas méchamment ». On demande le nom de cette per- sonne, et la table [Léopold] commence à épeler: Mademoiselle... mais refuse d’aller plus loin, tandis qu’Hélène voit l’apparition rire « d’un air narquois »; comme on insiste pour savoir son nom, la table dicte : Cela ne vous regarde pas, puis se met à sauter et gambader sur place comme fort aise de se moquer ainsi de notre cu- riosité. Bientôt Hélène s’endort et entre en somnambulisme : elle quitte la table et se dirige vers le portrait en question devant lequel elle reste comme figée, incarnant complètement la dame inconnue de sa vision. Je décroche le portrait et le mets à sa portée sur un fau- teuil : aussitôt elle s’agenouille et le contemple avec attendrissement ; .puis tenant le cadre de la main droite tandis que la gauche très agi- tée joue avec le cordon, elle finit, après beaucoup de vains essais, par dire en bégayant fortement: /. . . j... je l'aimais b... b... beaucoup ; je n'aime pas l’autre. .. j... j... je ne l’ai jamais aimée, l’autre... j’aimais bien mon neveu... adieu!... je le vois! Impos- sible d’obtenir aucun éclaircissement sur cette scène incompréhen- sible, jusqu’à ce qu’ayant glissé sous la main d’Hélène un crayon et un cahier, elle y griffonne fièvreusement, d’une écriture qui n’est point la sienne, ces deux mots : mademoiselle Vignier ; puis elle tombe dans une phase cataleptique dont elle se réveille amnésique au bout d’une demi-heure. Ce nom de Vignier évoque en moi de lointains souvenirs et me rappelle vaguement que le professeur Dandiran (qui avait épousé • comme on a vu la sœur de ma mère) devait avoir une parente de ce nom; serait-ce elle qui revient m’exprimer par le canal de M11' Smith sa prédilection pour ma mère, dont elle a si attentivement considéré le portrait, et ses regrets peut-être que son neveu ne l’ait pas pré- férée à ma tante? — D’autre part M. Cuendet se souvient d’une de- moiselle Vignier qui fut une amie de sa famille, mais qui ne répon- drait point au signalement de la vision d’Hélène; il se promet de prendre des informations, et m’écrit en effet le lendemain: « Cher Monsieur, voici quelques renseignements au sujet de notre séance d’hier. Ce matin je demande à ma mère: As-tu connu une autre demoiselle Vignier que celle qui a été ton amie? — Après une seconde de réflexion : Oui, me répond-elle, j’en ai connu une autre. C’était la tante de M. Dandiran, de Lausanne, la sœur de sa (i) Un petit portrait à l'huile de ma mcre, pendu dans un panneau près duquel M* Smith voyait l’apparition.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29009674_0414.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)