Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy.
- Flournoy, Théodore, 1854-1920.
- Date:
- 1900
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Credit: Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy. Source: Wellcome Collection.
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![mère. Elle bégayait et n’était pas toujours très bienveillante; elle ayait trois grandes dents qui avançaient, et un nez à crochet. — Inutile de vous dire que c’est la première fois que j’en entends par- ler; je n’ai fait aucune [autre] question à ma mère et me suis borné à lui demander si elle avait entendu parler de cette demoiselle Vi- gnier. » Cette indication cadrant avec mes souvenirs et la vision d’Hélène, me fut ultérieurement confirmée par M. Dandiran qui me donna les renseignements suivants : Sa tante Mlle Vignier, morte il y a 35 à 40 ans (l) aimait en effet beaucoup son neveu; mais elle fut ravie de son mariage, et la phrase prononcée devant le portrait de ma mère, je l'aimais beaucoup, je n’ai jamais aimé l'autre, ne saurait se rap- porter à une différence de sentiment à l’égard des deux sœurs pour qui elle eut toujours une égale affection. Cette phrase s’explique au contraire à merveille par le fait suivant. Ma mère et sa sœur se trou- vant fiancées en même temps, on fit faire par le même peintre leurs deux portraits à l’huile, en buste de grandeur naturelle; mais ces portraits, qui se font pendant [ils sont actuellement en la possession de mon frère], réussirent inégalement et Mllc Vignier, qui s’occupait elle-même de peinture, trouva toujours celui de ma mère excellent, tandis qu’elle n’aimait point l’autre, celui de ma tante. — M11* Vi- gnier était très vive, et M. Dandiran trouve que l’épithète de nar- quois et la scène de la table dictant : Cela ne vous regarde pas, en gambadant de joie, expriment assez bien son caractère; elle n’était cependant pas du tout méchante ni moqueuse au fond, mais il est certain que les personnes la connaissant peu pouvaient avoir cette impression. Elle avait trois ou quatre dents proéminentes et bégayait fortement. Sur sa photographie, elle a une collerette blanche, un nez assez long et arqué, mais les yeux sont plutôt grands et écartés. Elle portait toujours des lunettes d’or, dont le médium n’a pas parlé. Si le lecteur a eu la patience de lire ces détails, il aura remar- qué que les traits distinctifs de Mlle Vignier dans la vision et l’incar- nation par Hélène (le bégaiement, les dents, la forme du nez, l’air méchant) coïncident avec ceux spontanément indiqués par Mrae Cuen- det, qui l’avait peu connue; et que si M. Dandiran, mieux au fait du caractère de sa tante, trouve fausse la note de méchanceté ou de manque de bienveillance, il reconnaît que les gens du dehors pou- vaient s’y tromper. Qu’est-ce à dire, sinon que l’imagination de M11' Smith n’a fait que réaliser le souvenir extérieur, le signalement de notoriété publique en quelque sorte, que M” Vignier a laissé après elle? Et si l’on se rappelle qu’à l’époque où les deux fiancées (*) Vérification faite à l’état-civil, M* Vignier mourut en 1860, soit bien avant Ja naissance de M’ Smith.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29009674_0415.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)