Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy.
- Flournoy, Théodore, 1854-1920.
- Date:
- 1900
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Credit: Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy. Source: Wellcome Collection.
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![vision s’évanouit et fait place à une incarnation totale de Léopold, qui de sa grosse voix italienne nous parle longuement de choses diverses. J’en profite pour le questionner sur l’incident du village et du syndic inconnus; ses réponses entrecoupées de longues digressions se résument ainsi : « Je cherche... je me suis dirigé en pensée le long de cette grande montagne percée dessous dont je ne sais pas le nom (l); je vois ce nom de Chessenaz, un village sur une hauteur, une route qui y monte. Cherche dans ce village, tu trouveras certai- nement ce nom [Chaumontet], cherche à contrôler sa signature; cette preuve-là, tu la trouveras; tu trouveras que l’écriture a été de cet homme (*)». A ma demande s’il voit cela dans les souvenirs d’Hélène et si elle a été à Chessenaz, il répond négativement sur le premier point, évasivement sur le second : « demande-le lui, elle a bon sou- venir de tout, je ne l’ai pas suivie dans toutes ses promenades ». Réveillée, Hélène ne put nous fournir aucun renseignement. Mais le lendemain je trouvai sur la carte un petit village de Chesse- naz dans le département de la Haute-Savoie, à 26 kilomètres de Ge- nève à vol d’oiseau et non loin du Crédo. Comme les Chaumontet ne sont point rares en Savoie, il n’y avait rien d’invraisemblable à ce qu’un personnage de ce nom y eût été syndic en 1839 (3). Quinze jours plus tard il n’y avait pas de séance, mais je faisais visite à M“* et MIU Smith, lorsqu’Hélène prend soudain l’accent et la prononciation de Léopold, sans se douter de ce changement de voix et croyant que je plaisante quand je cherche à le lui faire remar- quer (4). Bientôt l’hémisomnambulisme s’accentue ; Hélène voit repa- raître la vision de l’autre jour, le village, puis le petit vieux (le syn- dic) mais accompagné cette fois d’un curé avec qui il paraît au mieux et qu’il appelle (à ce qu’elle me répète toujours avec l’accent italien de Léopold) mon cer ami Bournier. Comme je demande si ce curé ne pourrait pas écrire son nom par la main d’Hélène, Léopold me promet par une dictée digitale que j’aurai cette satisfaction à la pro- chaine séance; puis il se met à me parler d’autre chose par la bou- che d’Hélène qui est maintenant entièrement intrancée. A la séance suivante chez moi (19 mars), je rappelle à Léopold sa promesse. 11 répond d’abord par le doigt: Désires-tu beaucoup p) En disant cela Léopold-Hélène se tournait vers une fenêtre de ma bibliothè- que donnant du côté du Fort-de-l’EcIuse, où se trouve en effet le tunnel du Crédo, sur la voie ferrée de Genève à Bcllegarde. (Sur son ignorance des noms propres, v. p. 378, note). (*) Noter cette préoccupation constante chez Léopold, de me fournir des preuves du supranormal pour m'amener au spiritisme. (3) La Savoie faisait alors partie des Etats Sardes. Sa cession à la France en 1860 a entraîné la substitution des maires aux syndics. H) Cet accès inattendu et exceptionnel d'hémisomnambulisme spontané pen- dant une de mes visites, est probablement dû au fait que c'était justement le jour et l’heure ordinaires des séances.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29009674_0423.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)