Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy.
- Flournoy, Théodore, 1854-1920.
- Date:
- 1900
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Credit: Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy. Source: Wellcome Collection.
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![dominante, on ne s’étonne pas que dés la mise en vente de Des Indes elle ait été constamment sur l’œil, à l’affût de tout ce qui pouvait se dire ou s’imprimer à son sujet, et portée d’avance à ressentir plus vivement les coups d'épingles que les coups d’encensoir. Sans doute tout le monde, ou à peu près, dans son entourage, savait déjà qu’elle s’occupait de spiritisme à ses moments perdus et était un très bon médium; mais il n’y avait rien là d’officiel pour ainsi dire, et ou la laissait en paix. Qu’on songe au contraire à l’effet produit lorsque, sous le pseudonyme rapidement percé à jour d’Hélène Smith, elle se trouva tout à coup occuper une des premières places dans la curiosité publique, les conversations, les comptes rendus des jour- naux, et les sentiments étonnés ou envieux de ses compagnes ! Ces condi- tions étaient bien faites pour surexciter au suprême degré le trait d’ailleurs fort naturel d’autophilie que j’ai déjà relevé chez elle à l’état normal. IDes Indes, p. 3q.) D’emblée Mlle Smith découvrit, dans les articles où il fut question d’elle, d’odieuses attaques contre sa bonne foi et son honorabilité de médium. Il faut convenir que quelques journalistes n’eurent pas la main heureuse dans le choix de leurs expressions, et firent, sans mauvaise intention d’ailleurs, précisément ce qu’il fallait pour exaspérer une nature particulièrement sensible sur le point d hon- neur de l’authenticité de ses automatismes. Soit inintelligence de cette catégorie de phénomènes, soit emploi métaphorique de termes qui ne devaient point être pris à la lettre, ils parlèrent d’Hélène comme ils l’eussent fait d’une artiste de théâtre, et purent ainsi laisser à des lecteurs peu au courant du somnambulisme l'impres- sion que les cycles de ce curieux médium n’étaient que d habiles comédies. On devine l’état d’esprit où de telles appréciations jetè- rent MUe Smith. Le légitime courroux suscité par ces articles, signés d’initiales ou de noms inconnus d’elle, s’alla naturellement déverser sur la tête de celui qui était la cause première évidente de toutes ces horreurs, à savoir l’auteur de Des Indes. Les spirites au surplus s’entendirent à tirer profit de la situation : « Eh bien — s’écria par exemple une dame très croyante, en apportant à M'° Smith la mère un article où Hélène était qualifiée d’actrice, —j’espère que cette fois c’en sera bien fini avec M. Flournoy et qu elle n’y remettra plus les pieds ! » Vœu pie qui — sauf une seule exception quelques mois plus tard — obtint d’emblée pleine et entière satisfaction. Un des premiers incidents qui mirent en jeu l’extrême irritabilité de MIle Smith fut un compte rendu paru dans le Journal de Genève, compte rendu fort bien fait et très spirituellement écrit, mais où, à côté d’éloges immodérés pour l’auteur de Des Indes, se trouvaient quelques phrases, comme les suivantes, qu’Hélène et son entourage prirent naturellement au grand tragique : « Il [M. Flournoy] n’a pas perdu son temps, car quelques- unes des scènes auxquelles il a assisté étaient dignes d etre vues, étant jouées par des acteurs, disons par une actrice de premier ordre... cette](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29009674_0442.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)