Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy.
- Flournoy, Théodore, 1854-1920.
- Date:
- 1900
Licence: In copyright
Credit: Des Indes à la planète Mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie / par Th. Flournoy. Source: Wellcome Collection.
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![là et n’en avons pas reparlé le reste de la journée. Mais pensez que, depuis cet instant, je ne manque pas de voir tous les jours, contre les cinq heures de l’après-midi, le ballon se balançant devant moi et toujours à la même place, la nacelle ne contenant jamais plus de six personnes. J’avais oublié de vous raconter eette chose, et c’est parce qu’il est cinq heures et que j’ai le ballon devant les yeux que je pense à le faire. « C’est très curieux; surtout que quand que ce soit, n’importe où je me trouve, et chaque jour sans exception, je me trouve forcée de lever la tête pour regarder ce ballon dont je distingue les plus petits cordages, étant donné qu’il ne me fait pas l’effet d’être éloigné de moi de plus d’une vingtaine de mètres. Aujourd’hui, cependant, et hier déjà, tout en le sentant à la même distance que d’habitude, je le vois moins distinctement; on dirait qu’on l’a couvert d’un voile et dans ce moment même il commence à s’effacer lentement. [Sui- vent dix lignes sur un autre sujet.] Le ballon a tout à fait disparu et je ne l’aperçois plus. » D’après les explications orales d’Hélène, cette hallucination à point de repère (attachée au sentiment de l’heure ou du moment de la journée), dont elle évalue la durée à une dizaine de minutes, l’absorbait dans les premières semaines au point de la rendre absente de la conversation pendant ce temps, et débutait par des sensations générales et motrices : avant d’avoir l’apparition visuelle du ballon, elle sentait sa -présence dans une certaine direction et était instincti- vement forcée de se tourner de ce côté-là pour le contempler. L’in- tensité de cet automatisme diminua peu à peu, et l’on voit qu’à la fin de juillet elle pouvait continuer à m’écrire pendant sa présence. Ce petit exemple montre combien, chez une personne affaiblie et suggestible, le moindre sentiment subitement provoqué, ici la curiosité et le désir, peut fixer en une obsession plus ou moins consciente l’idée ou la perception à laquelle ce sentiment se rattache. On reconnaît là l’in- fluence des chocs émotionnels sur la désagrégation men- tale, le développement des états hypnoïdes et la naissance des automatismes. 2. Irruptions des rêveries subliminales. — J’aurai trop d’occasions de citer des exemples concrets de visions, voix, et autres jaillissements spontanés du travail d’imagi- nation qui se poursuit sous la conscience ordinaire de 4](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29009674_0065.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)