Volume 1
Nouveaux éléments de physiologie humaine : comprenant les principes de la physiologie comparée et de la physiologie générale / par H. Beaunis.
- Henri-Étienne Beaunis
- Date:
- 1888
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Credit: Nouveaux éléments de physiologie humaine : comprenant les principes de la physiologie comparée et de la physiologie générale / par H. Beaunis. Source: Wellcome Collection.
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![proche en proche jusqu'à Ui radiation solaire, c'esl-à-dire à un mouvement de la matière brute. Je ne trouve là que des phénomènes de mouvement comme tout à l'heure. Mais, dira-t-on, ces mouvements se font dans un certain ordre, d'après certames lois déterminées, variables suivant chaque espèce; n'êtes-vous pas obligé d'admet- tre une force directrice de ces mouvements, une force vitale, en un mot, annexée k la matière végétale ? Mais n'y a-t-il pas aussi des lois déterminées pour la for- mation des cristaux, et cette formation ne varie-t-elle pas suivant la nature du composé cristallin ? Si la détermination des phénomènes, si leur évolution régu- lière sont des motifs pour admettre des forces distinctes, ces forces devraient aussi être admises pour les corps bruts comme pour les corps vivants ; car il n'y a qu'une différence de degré qu'explique assez bien la complexité de la molécule organique. Puis que d'hypothèses successives à admettre si vous admettez cette force vitale végétative! D'où vient cette force vitale ? Elle existait dans la graine de la plante et provenait de la plante mère ; cette force s'est donc détachée d'une autre force comme un fruit se détache d'un arbre. Puis la plante croît, c'est-à-dire que cette force agit sur les parties les plus ténues pour leur donner leur forme et leur composition, sur l'ensemble pour lui donner son unité ; cette plante fournit une multitude de graines toutes douées de vie, c'est-à-dire qu'elle se divise en une iutinité' de forces distinctes qui, fécondées par le pollen, donnent naissance à des ])lantes nouvelles. Il faut donc admettre une segmentation de forces, une division en parties de quelque chose qui n'a pas d'étendue. Et dans la greffe végétale, ce n'est plus une segmentation, c'est une fusion de forces qu'il faut admettre. L'esprit se refuse à concevoir cette segmentation et cette fusion de forces ; il ne peut môme s'en faire une idée. Je puis me faire une idée de ce que c'est qu'un mouvement, et même approximativement de ce que c'est que la matière ; des théories existent qui font comprendre la constitution des corps; sans être sûr de la réalité de ces atomes et de ces molécules, on peut du moins interpréter assez facilement avec leur aide les phénomènes naturels; mais quelle idée se faire de ces forces vitales et de toutes leurs prétendues actions ? Et puis, dernière difficulté encore, la plante morte, que devient sa force vitale? Dans cette hypothèse, on se heurte de tous côtés à l'impossibilité, au vague et à la contradiction. Si de la force végétative nous passons à la force vitale des animaux, nous rencontrons la même incertitude, et si nous laissons de côté les phénomènes de conscience, que nous étudierons plus loin, nous retrouvons les mêmes objections et les mêmes difficultés que tout à l'heure. L'admission d'une force ou de forces vitales n'ajoute rien à nos connaissances ; elle ne nous fait pas faire un pas de plus; nous ne faisons ainsi qu'ajouter l'inconnaissable à l'inconnu, l'inexplicable à l'inexpliqué. Les phénomènes nerveux eux-mêmes ne sont, en réalité, que des phénomènes de mouvement. Lorsque vous pincez la patte d'une grenouille décapitée et que cette patte se contracte, quelle explication vient donner cette force vitale de cette succession de phénomènes ? Nous arrivons aux phénomènes de conscience, à ces forces auxquelles on ;i donné chez l'homme le nom d'dme, forces personnelles, individuelles, considérées en général comme absolument distinctes de la matière. Ici nous marchons sur un terrain dangereux : l'équivoque règne en maîtresse](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21444122_0029.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)