Mastites gommeuses syphilitiques simulant le cancer du sein / par le Dr Pied.

  • Pied, Henri.
Date:
1911
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Credit: Mastites gommeuses syphilitiques simulant le cancer du sein / par le Dr Pied. Source: Wellcome Collection.

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    moins à faire auprès de ses enfants pour s’occuper d’elle-même. Elle accu- sait les mêmes caractères que les deux autres malades : gêne douloureuse continuelle augmentant comme le volume au moment des époques. Les trois petites tumeurs du sein droit faisaient corps avec la glande, il y avait dans l’aisselle droite des ganglions volumineux et douloureux. En noveiRbre et décembre 4906, nous fîmes à la malade une série de 48 injections de biiodure d’hydrargyre à 2 centigrammes. Toutes les lésions disparurent complètement. Depuis, notre malade a dû faire de longs séjours à l’étranger à cause de la santé de son fils, elle n’a pas eu de nouvelles injections, mais prend à peu près tous les trois mois un flacon de sirop de Gibert pendant dix jours. Nous l’avons revue une fois par an; pour la dernière fois, au mois de mai 4944, près de six ans après. Aucune tumeur ne s’est reproduite, suivant son expression : elle ne sent plus son sein. L’histoire de ces trois malades nous a paru intéressante à rapporter, car elle sort du cadre ordinaire des mastites spécifiques. La syphilis tertiaire du sein se manifeste, d’après les traités classi- ques, par des gommes, tumeurs uniques ou multiples, habituellement indolentes et ne s’accompagnant jamais d’adénopathies, tant qu’elles ne sont pas ulcérées. Or chez nos trois malades, le premier signe qui a attiré leur atten- tion a été une gêne douloureuse dans l’un ou les deux seins. Aucune d’elles n’a présenté ni ulcérations ni autre altération quelconque de la peau et pourtant nous avons constaté chez elles des adénopathies axil- laires cliniquement semblables aux adénopathies néoplasiques. Ces faits paraissent devoir retenir l’attention. Ils semblent indiquer tout l’intérêt qu’il y aurait, en présence d’une malade atteinte de tumeur du sein avec réaction ganglionnaire, à ne pas se contenter du diagnostic hâtivement porté et d’ailleurs peut-être justifié de cancer, avant d’avoir procédé à un examen minutieux des antécédents et de l’état général de la malade et au besoin à l’examen du sang (réaction de Wassermann). Si l’on ne se croit pas autorisé à différer une opération pour la faire précéder d’un traitement d’épreuve, il serait peut-être utile de la faire suivre d’un traitement intensif dans les cas douteux. Les cas hybrides, d’ailleurs, doivent exister et il est parfaitement possible qu’un néoplasme se greffe plus facilement sur une gomme ancienne non traitée ou tout simplement sur le terrain spécifique.