Volume 1
Leçons orales sur les phrénopathies, ou, Traité théorique et pratique des maladies mentales : cours donné à la Clinique des Établissements d’Aliénés à Gand / par J. Guislain.
- Date:
- 1880
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Credit: Leçons orales sur les phrénopathies, ou, Traité théorique et pratique des maladies mentales : cours donné à la Clinique des Établissements d’Aliénés à Gand / par J. Guislain. Source: Wellcome Collection.
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![de l'évidence, il la soutient ; il continue à dire qu'on veut le tuer. Il y a des aliénés chez qui toute la sphère des idées reste intacte, chez qui le trouble attecte exclusivement les sentiments ou les impulsions. Des maUides parlent bien sur toutes choses, semblent jouir d'une liberté d'idées entière, et cependant ils se font renuirquer par les manières les plus grotesques. Ces aliénés si intelligents ne savent pas en quoi leur conduite est ridicule ou. extravagante ; lorsque vous leur faites voir le peu de raison qui les fait agir, et qu'ils vous comprennent, ils n'ont pas la liberté d'arrêter et de modifier leurs actes. Vous essayez vingt fois, cent fois de leur faire concevoir cette situation, vos arguments semblent se perdre dans un gouiïre; ils sont emportés par le torrent des idées morbides. C'est un phénomène curieux que la surdité, la cécité de l'aliéné pour tout ce qui tient à l'appréciation de sa maladie. Il est vrai cependant qu'à force de provoquer chez lui des ré- ponses, parfois on finit par lui faire comprendre qu'il est ma- lade. Il y a des aliénés qui, à la période d'incubation ou d'invasion de leur maladie, vous disent qu'ils se sentent mal, que leur accès est sur Ife point d'éclater. Il y a des suicideurs (c'est là un terme nouveau par lequel je désigne la personne qui se suicide. Daquin a dit en parlant des aliénés suicides, un suicidiste), — des suicideurs, dis-je, vous prient parfois de les observer de près et vous engagent à vous rendre maître de leurs mouvements. Il vous arrivera de faire la question suivante à certains alié- nés : Pourquoi ces hommes sont-ils ici ? — Le malade vous ré- ])ondra : Parce qu'ils ont perdu l'esprit. — Et vous ? Ah ! c'est autre chose; je ne suis pas fou, moi. D'autres s'expriment en ces termes : « Je sais ce que je fais, ce que je dis : mais il y a un mot qui se présente toujours, que malgré moi je suis forcé de prononcer; si je ne le prononce pas, je le dis intérieurement. » • 8. Ainsi il est des cas où l'homme conserve toute son intelli- gence, où il comprend sa propre situation. Cependant ces cas 4](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21922147_0001_0059.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)