Essai typographique et bibliographique sur l'histoire de la gravure sur bois / par Ambroise Firmin Didot, pour faire suite aux Costumes anciens et modernes de César Vecellio.
- Ambroise Firmin Didot
- Date:
- 1863
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Credit: Essai typographique et bibliographique sur l'histoire de la gravure sur bois / par Ambroise Firmin Didot, pour faire suite aux Costumes anciens et modernes de César Vecellio. Source: Wellcome Collection.
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![sur bois, dont il a été question plus haut, à l’article WOEiRiOT, col. is4. François et Benoît Chaxjssart (1344) ont aussi publié des livres avec gravures sur bois. GUILLAUME DE ROVILLE (l343-tS89). Dès l’origine de l’imprimerie, on voit à Stras- bourg Mentelin et Eggesteyn établir une sorte de rivalité pour la publication simultanée des mêmes ouvrages. A Paris, il en fut de même entre Ulrich Gering et Cæsaris et Stoll. Lyon nous donne un semblable exemple dans les ouvrages ornés de gravures sur bois, publiés par Guillaume Roville et Jean de Tournes, tels que YAncien et le Nouveau Testament , les Métamorphosés d’Ovide, les Emblèmes d’AlciaU les OEiivrcs de Marot , la Marguerite des Marguerites, etc., qui paraissent en même temps et dans le même format chez l’un et chez l’autre de ces deux célèbres imprimeurs, mais avec des gravures différentes. Rien ne prouve d’ailleurs que cette concurrence si active ait eu aucun caractère hostile. Guillaume de Roville naquit à Tours en i3i8. Il apprit son art à Paris, et vint s’établir à Lyon vers 1348. L’imprimerie et la librairie qu’il y fonda devinrent bientôt très-florissantes, et lui acquirent une grande fortune.',D’un esprit distingué, il possédait à fond les langues latine et italienne, et écrivait bien en français. Il se distingua dans l’administration municipale, fut nommé trois fois échevin et recteur de l’Hôtel- Dieu de Lyon. Ses marques (1) montrent un aigle aux ailes éployées avec un ou quelquefois deux serpents. Sa devise est : In virtute et for- tiina, et quelquefois : Rem. maximam sibi pro- mittit prudentia. Sa grande marque est une des plus belles de cette époque d’apogée de l’art de la Renaissance. Roville, comme son émule Jean de Tournes, a publié un très-grand nombre de jolies éditions en français, en italien, en latin. Les portraits, les gravures, les encadrements, les fleurons, les initiales ornées qui décorent ses livres, témoi- gnent du bon goût de cet excellent typo- graphe. « Il avait de la science, dit Baillet ; mais ee « qui l’a particulièrement fait connaître à la « postérité est la curiosité qu’il avait pour les « figures et les portraits ; il n’épargnait au- « cune dépense pour tirer ou faire tirer les « hommes illustres, les animaux et les plantes « mêmes au naturel. Il serait à souhaiter néan- « moins qu’il y eût apporté plus de fidélité et « plus d’exactitude, et qu’il ne se fût pas donné (1) NOS 216, 217, 5U et 695 de la collection Sil- vestre. « la liberté d’inventer à plaisir les portraits et « les médailles qu’il voulait faire passer pour « véritables, comme dans le livre qu’il publia « en 1333, le Promptuaire des médaillés [i]. » Parmi les ouvrages prineipaux que Roville a publiés avec gravures sur bois, on peut citer : De 1346 à 1361, huit éditions de Clément Marot dans le format in-i6. La plupart d’entre elles contiennent de petites figures sur bois fine- ment gravées. ISA&. Alciati emblemata, in-8°, est un beau livre dont toutes les pages sont encadrées. Les compositions, différentes de l’Alciat de Jean de Tournes et qui ne paraissent pas dues à Bernard Salomon, bien qu’elles soient de la même école, portent la marque P. V. Elles sont correctement dessinées, d’un bon style et bien rendues par la gravure. L’édition donnée en 16I4 apvd hæ- redes Guillelmi Roville, en un gros volume in-8“, est plus complète mais moins précieuse. Roville a réimprimé ces planches en 1349, 1330, 1331, 1338, 1366, 1375, avcc un texte latin, et en 1349 avec un texte italien, et la même année en espagnol. Les gravures sont les mêmes que celles de l’édition française donnée aussi à cette date par Macé Bonhomme. 1349. Les Marguerites de la Marguerite,, avec l’indication Pierre de Tours ou Guillaume de Roville. Un tome en 2 vol. in-i6. — La magnificence de la superbe et triom- phante entrée de la noble et antique cité de Lyon, faicte au très chrestienroy de France Henry deuxiesme de ce nom et a la royne Catherine son espouse, le 23 septembre 1548. Ce bel ouvrage in-s” parut en 1349 en français, ainsi qu’en italien. L’élégance du dessin et l’ha- bileté de l’exécution des belles planches sur bois dont il est orné, les avaient fait attribuer, mais à tort, à Geofroy Tory (voir col. 17s). La marque de l’imprimeur, placée sur le titre et reproduite dans le Manuel du libraire, t. II, col. 99, est dans le goût italien ; mais les gra- vures du livre sont d’un dessin fluet et d’une taille grasse, qui constitue une manière dis- tincte. 1330. Dans le Nuovo Testamento de format in-16 qu’il a imprimé cette année, les gravures sont d’un genre intermédiaire entre le style ar- chaïque et celui de l’école de Bernard Salomon qui va le remplacer. Elles sont en général très- médiocres et fort inférieures à celles du Nouveau Testament donné par Jean de Tournes dans le même format en 1335 (voir col. 231). 1332. Le Decameronde Jean Boccace, flo- rentin, traduit de l’italien en françois, par maistre Antoine Le Maçon, in-i6. Réimprimé en 1333, 1338, 1360 et 1380. En tète de cha- (1) Jugements des savants, t. I, p. 174.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b24857075_0136.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)