Essai typographique et bibliographique sur l'histoire de la gravure sur bois / par Ambroise Firmin Didot, pour faire suite aux Costumes anciens et modernes de César Vecellio.
- Ambroise Firmin Didot
- Date:
- 1863
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Credit: Essai typographique et bibliographique sur l'histoire de la gravure sur bois / par Ambroise Firmin Didot, pour faire suite aux Costumes anciens et modernes de César Vecellio. Source: Wellcome Collection.
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![liam Copland, son successeur (ib48-is68), ont mis dans leurs publications des gravures presque aussi grossières que celles de Caxton. Deux classes de livres paraissent avoir été choisies de préférence par les premiers impri- meurs du XVI® siècle en Angleterre, pour offrir la réunion des arts de l’imprimerie et de la gravure : ce sont les bibles et les chroniques. Selon Didbin, c’est « in the most precious of ail books, » la somptueuse édition de la Bible, pu- bliée sous le règne de Henri VIII, que l’art de la gravure paraît avoir tenté, en Angleterre, son plus grand effort. C’est un Testament in-4 imprimé en lettres gothiques, et qu’on croit sorti des presses de Grafton ou de celles de Whitechurch, ou même de leurs presses réunies. Dibdin donne, dans le tome I®” [Preliminary disquisitions, p. xviii) des Typographical An- tiquities, un fac-similé de deux de ces gravures qu’il semble attribuer au Petit Bernard, mais dans lesquelles on reconnaît, à la première ins- pection, le dessin de Hans Holbeln. Il a été parlé précédemment du séjour de Holbein à Londres, et de l’influence qu’il a pu y exercer sur le développement de la gravure sur bois (i), particulièrement comme de.ssinateur, à propos du Catéchisme de Cranmer, imprimé en 1B48 par Gualther Lynn. L’intervention de ce célèbre artiste y est incontestable, puisque cer- tains sujets'portent tantôt son monogramme HH, tantôt son nom en entier Holben [sic]. Ce nom se retrouve encore sur un autre petit traité sorti des mêmes presses et dont j’ai donné le titre col. 89. Le style de son dessin n’est pas moins évident, bien que la marque du maître soit absente, dans un très-bel ouvrage publié en 1S48 par le célèbre Richard Grafton (issv-isos), imprimeur du roi, et connu sous le titre de Hall’s Chronicle. On voit, à la fin du règne de Henri VIII, une grande planche représentant ce monarque en- touré de vingt-cinq personnes dont la réunion offre l’aspect d’un concile. La disposition de cette grande scène, où le roi parait s’expliquer avec animation, la pose et même l’expression des physionomies, l’ajustement des ornements placés au bas des sirènes qui décorent le soubassement, prouvent que la composition est de Hans Holbein, qui séjournait alors à la cour comme peintre du roi. La décoration architecturale de la salle, dans le style anglo-normand, ainsi que le dais et ses accessoires, paraissent la représentation exacte des lieux. Malheureusement cette belle eomposition, dessinée probablement sur le bois par Holbein lui-même, n’a pu être gravée par un talent pa- reil à celui de Lützelbûrger. Les lettres IF, pla- (1) Col. 44 et suiv., 86, 88, 89. eées dans le bas à droite de la planche, peuvent faire croire que la gravure fut exécutée à Bàle, puisque plusieurs planches, d’après Holbein, portent cette marque dans les livres de Froben; cependant, comme François Régnault exécuta pendant plus de douze ans pour Londres une grande quantité de belles Heures illustrées ad usum sarum, plus connues sous le nom de Pry- mers, et que plusieurs de ses planches portent cette marque de graveur IF (i), on peut sup- poser que le dessin d’Holbein lui fut adressé de Londres pour le faire exécuter à Paris. Quoique cette planche remarquable soit inférieure aux belles gravures exécutées à Bâle, la ville de Londres, si riche aujourd’hui en habiles gra- veurs, n’en possédait alors aucun qui fût capa- ble de l’exécuter. John Day (ib46-1o84) est un imprimeur de Londres très-distingué, auquel l’Angleterre doit l’introduction du caractère saxon et de beaux types italiques. On remarque dans ses livres quelques progrès de la gravure sur bois, si tou- tefois les planches n’en ont pas été gravées sur le continent. Le portrait où il est représenté à l’âge de quarante ans porte cette devise ; Life is death and death is life. Le caractère du des- sin, qui est celui de la Renaissance, est large. Autour de sa marque, de même style, on lit : Avise, for it is day, jeu de mots sur le nom de l’imprimeur, analogue à ceux qui étaient en usage eu France à cette époque (2). La composi- tion représente un petit génie éveillant un enfant endormi auquel il montre le soleil resplendis- sant à l’horizon, ce qui explique la sentence en indiquant que l’imprimeur vigilant doit se lever à l’aube du jour. L’ouvrage le plus important par ses gravures qui eût encore paru en Angleterre est sorti de ses pre.sses en is62. Il est intitulé : Acts and monuments of these latter and perillous day es. touching matters of the Church, wherein are comprehended and described the great persecu- (1) On ne doit donc pas confondre cette marque I F avec l’autre marque I F, dont j’ai parlé col. 74, et 80 à 87, comme étant la marque de propriété de Jean Froben. La première se rencontre : En 1538 et 1544 dans les Icônes historiarum veteris Testamenti, publiées par Pierre Régnault, fils de Fran- çois Régnault. Elle se trouve associée avec 1a marque P. R. On retrouve une partie de ces bois dans une édition de la Biblia picturis illustrata, in-8° oblong, publiée par le même P. Régnault en 1540. Dans un très-petit in-8 publié la même année 1540 par Conrad Néobar, sous ce titre : VÉternelle gé- nération du Chi-ist venant du Père. Elle se trouve à la planche de la page 49. On la voit aussi dans une édition d’un Prymer in latine, in-8°, publié à Londres en 1557, par John Wayland. Et aussi en 1562 sur des planches d’une bible latine, in-fi, publiée par Jacques Kerver, dont 17 portent en outre la marque P. R. (2) Voir col. 196. Son prédécesseur Grafton avait pris pour marque un arbre greffé sur une tonne. Q](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b24857075_0151.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)