Idée générale et tableau historique de la médecine moral / [J.L. Moreau de la Sarthe].
- Jacques-Louis Moreau de la Sarthe
- Date:
- [1816]
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Credit: Idée générale et tableau historique de la médecine moral / [J.L. Moreau de la Sarthe]. Source: Wellcome Collection.
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![^ le fexe, les circonftances, riîabilucïe , donnent » à quelques organes une énergie , dont les autres » font privés. La fenfibilité s’accroît , &. cliaque » point des réfeaux où les nerfs s’épanoiiillent, » devient un foyer de vibrations irrégidières ra- » pides & précipitées ; de-là cette mobilité dans » les perceptions & dans les jugemens , celte in- 3) quiétude que fuient le repos & le bonheur , cet J? ennui du préfent, cette exagération du paifé, 33 cette crainte de maux à venir , cette indiffé- » rence pour ce quieft fimple , férieux & réiîéchi^ M ce penchant pour le fanatifme en divers genres , 3) pour tout ce qui produit des ébranlemens in- 3) attendus 5 cette difpofition à imiter les raou- 33 vemens, auxquels l’ame étonnée relie lon^-temps 3» attentive ; de-là , en un mot, tous ces prodiges » de l’imagination , fource de tant de biens & de r> maux , inllrument de tant de révolutions , arme » fi chère à l’impolture , fi fouvent viclorieufe 3) dans les entreprifes de l’erreur contre la vérité, fi puilfante fur la multitude , & fi funelle aux « progrès de la rai fou (1). 33 Les maladies des nerfs doivent être confi- 3» dérées , furtout dans leur principe, comme y dépendantes de l’ame , qui réagit fur eux & )) leur commande; c’elt elle furtout qu’il faut 3) traiter, fuivant M. Lorry, pour en obtenir la 33 cure. Ce font des habitudes à changer, des 3) idées dont il faut éloigner le tableau , des goûts 33 qu’il faut combattre ])ar d’autres penchans; 3) c’efl un ordre de mouvement que l’on doit in- 33 terrompre , & toujours fans paroîlre s’en oc- 33 cuper. Mais combien ne faul-il pas d’adrelfe 33 pour mouvoir de pareils relï’orts ! Les per- 33 fonnes atteintes de cette forte d’alfeclion defi- 33 rent qu’on les croie très-fouflVantes ; elles de- 33 mandent qu’on les traite, & ne confentent pref- >3 que jamais à être guéries; elles mettent tout 33 leur efprit à fe tourmenter; &. c’ell un com- 3) bat de rufe & de finefl’e entre le médecin & les 35 malades, qui femblent réunir toutes leurs fa- >3 cultes pour confpirer à leur perte. » Plufieurs colleêlions académiques françaifes , plufieurs ouvrages périodiques , plufieurs recueils de ihèfes, que nous avons déjà cités , renferment un grand nombre de rapports & d’obfervations dont les auteurs ont fans doute bien mérité de la in 'decme morale ; c’eft à cette clafî'e qu’appar¬ tiennent en particulier deux excellens rapports (i) « Il ne faut pas croire que les femmes feules foienc fu- 33 jettes à ces fortes de maux. On rencontre audî des hom- >3 mes dont les fibres , fous une écorce en apparence pl-us 33 robufte, fe livrent à des mouvcmejis non moins défor- 33 donnés. M. Lorry montre comment les humeurs parti- >3 cipenc enfin à ces diverfes altérations des folides , coni- 33 iiienr le feorbut, qui en eft lî fouvent la fuite , des dou- 33 leurs tres-vives , délîgnent quelquefois la trace , ôc fui- 33 vent la route des nerts , dont les ganglions le tiffu s'en- 33 gorgent , après avoir été long-temps le fiége de ces >3 lüuifrances. 3) de Doublet, l’un fur la manière de gouverner les infenfés (Paris, lySb) , l’autre fur la nécefiilé d’établir une réforme dans les prifons , &. fur les moyens de l’opérer (Paris, 1791 ). ün doit rapporter aufïi au même genre d’écrits, plufieurs arlicles renfermés dans les deux pre¬ miers volumes de ce Diêlionnaire ( principale¬ ment les articles Affections de l’ame,. Aimant ou Magnétisme animal ) , le rapport de la Société royale fur le mcfrnérifme & celui de l’Académie des Sciences , dont la rédaêlion fut confiée à l’illuftre & malheureux auteur de VHiJîoire da Ajtwnomie. Avant cet ouvrage on n’avoit point encore indi¬ qué l’étude de l’inlkience du moraL fur le phy- fique comme une véritable fcience , ni fait une analyfe aulli ingénieufe , aiilli délicate des mou- vemens & des elïets de l’imagination, de l’imi¬ tation , de l’attention foutenue par une grande efpérance , lur l’état des organes dans l’état de fanté & de maladie. Un fernblable travail, mais plus encore la pliilofopliie de Condillac, philofo- phie que l’on a appelée la philofopliie Jixniçaife , ouvrirent aux médecins français la carrière de la J médecine morale , &. en rendant un hommage aulïi folemiel , nous ne devons pas omettre de rappeler cjue fon influence fur la marche , fur la forinalion des fciences , a été reconnue d’une manière bien plus impofante, bien plus folen- nelle dans le difcours préliminaire de la Chimie, de ,La(^oiJie?\ Dirigé par une pareille impulfion , &. par un appel de la Société royale , M. Pinel porta toute Ion attention fur les maladies mentales , pour l’étude defquelles les fonélions de médecin, qu’il occupa fucceffivement dans les deux plus grands hofpices d’aliénés, lui donnèrent les plus grandi avantages. Le premier réfultat de ces excellentes obfer- vations parut dans le premier volume des A/e- moires de la Société médicale Émulation, avec le titre de Mémoire Jiir la Manie périodique d’ intermittente. La marche la plus générale de cette maladie mentale dans fon invafion, fes redoublemens , fes accès , l’indépendance du délire maniaque dans fa nature ou dans fa force , des* caufes qui l’ont occafionnée, le genre des affeclions qui ap¬ partiennent à ces mêmes caufes, enfin l’exciie- ment du cerveau, qui fait l’elfeiice de la manie , excitement qui change momentanément le cours des idées &. des fentimens, qui donne de nouveaux penchans , de nouvelles aptitudes, qui fe montre quelquefois avec toutes les apparences d’un accès d’efpiit ou d’une augmentation extraordinaire d’imagination, font dtku’its avec beaucoup de foin par M. Pjnel dans un tableau dont l’intérêt ell ienliblement augmenté par un grand nombre de laits particuliers & d’exemples. La première édition du Traité ?nédico-philojb-](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30377882_0055.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)