Un nouveau cas d'aspiration rectale et d'anus musical chez la femme / par Marcel Baudouin.
- Baudouin, Marcel, 1860-1941.
- Date:
- 1898
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Credit: Un nouveau cas d'aspiration rectale et d'anus musical chez la femme / par Marcel Baudouin. Source: Wellcome Collection.
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![server sept cas semblables au cours de cette dernière épidémie, dans l’arrondissement d'Arles. Elle se caractérise, en dehors des phénomènes généraux qui accompagnent l’infection grippale, par de Y entéralgie à caractères paroxystiques avec èntéroplégie, accompagnés de violents accès fébriles, à forme absolument intermit- tente, et où j’ai trouvé le muguet dans chacun de ces cas. C’est une forme très tenace, très rebelle, et persistant plusieurs semaines et même plusieurs mois. L’étiologie n’en paraît pas douteuse, en pleine épidémie de grippe, alors que dans la même maison évoluent et éclatent des cas de grippe légers ou graves ; un sujet, en général la femme, est soudainement frappé au ventre. J’ai 5 femmes sur ’j cas. Les symptômes qui se déroulent sont les suivants : En général, i ou 2 jours avant, courbature légère, petits frissons passagers. Puis brusquement, début à grand fracas, douleurs abdominales généralisées très vives, précédant de très peu de temps un grand frisson en général de plus d’une heure, avec vomissements persis- tants pendant cette période. La température s’élève en général en peu de temps à 4o° ; deux ou trois accès subin- trants se succèdent, offrant les mêmes caractères ; l’état général paraît grave. Au bout de 24 ou 36 heures, les dou- leurs abdominales se calment, et l’accès se termine par de grandes sueurs très odorantes. Puis apyrésie complète. Tout semble terminé ; 18 à 24 heures après, le même tableau se représente, précédé et accompagné des mêmes phénomènes abdominaux que nous allons décrire. La température atteint le même chiffre ou plutôt en dessous ; même terminaison par des sueurs extrêmement abon- dantes. Ces accès, absolument comparables à de vrais grands accès impaludiques, vont néanmoins en s’éloignant, tout en offrant les mêmes caractères ; d’abord journaliers, ils se représentent tous les 2 jours, puis de 3 en 4 ou 5 jours, et récidivent souvent de 8 en xo jours, malgré la médication la plus rationnelle. C’est ainsi que j'ai dû garder deux malades pendant 2 mois et trois pendant 5o jours, les autres restant plus d’un mois sous l’influence de cette auto-infection, d’origine gastro-intestinale. Les épistaxis sont fréquentes. Le muguet buccal et pharyngien apparaît régulièrement dès les premiers jours, et s’est toujours montré avant le dixième jour. Sa disparition en est très tardive ; reflet de l’état du tube digestif, il en marque l'évolution, à tel point qu’on est assuré d’avoir des accès fébriles tant qu’il en reste des traces et que la langue n’a pas refait son épithélium. Les phénomènes abdominaux suivent parallèlement la même marche. Au début, on croirait avoir à faire, à priori, à de la péritonite généra- lisée ; hypéresthésie abdominale, douleurs abdominales intolérables, tympanisme. Puis localisation après le pre- mier accès dans l’mxe ou l’autre des fosses iliaques, simu- lant tantôt de la colite de l’S iliaque avec phénomènes dysentériques, qui ne persistent pas au-delà d’un ou deux jours ; tantôt simulant de la typhlite ou appendicite et se succédant, ce qui paraît bien indiquer que le gros intestin est le siège d’une localisation toute spéciale. On observe non seulement les phénomènes douloureux, et bien indiqués par le malade, de la colite ascendante ou descendante, mais encore il désigne lui-même une barre transversale hypo-gastrique. Les douleurs sont violentes, se localisent, deviennent lancinantes, pulsatilles, dans l’xme ou l’autre fosse, pendant plusieurs jours ; mais elles sont paroxys- I tiques et précèdent de quelques quarts d’heure le début d'un nouvel accès, que le malade prévoit lui-même. La ! constipation est la règle ; l’entéralgie est accompagnée de •] tympanite et de phénomènes de péritonisme. La palpation est douloureuse, et les doigts n’ont aucune peine à sentir au niveau de l’une ou de l’autre fosse iliaque, un placard : à limites diffuses et très douloureux, éveillant immédiate- j ment l’idée d’une phlegmasie péricolite, et laissant soup- çonner un phlegmon en voie d’évolution. L’examen rectal et vaginal ne révèlent rien de particulier : on sent de l’œdème, un peu de chaleur, et c’est tout. Vers le cin- quième jour, ces phénomènes objectifs et locaux commen- cent à s’amender, et les phénomènes rationnels d’entéro- colite persistent toujours ; et le malade continue à faire des accès fébriles intermittents, avec un mauvais état général simulant celui de la pyohémie. Vers le quinzième jour, les localisations apparentes ont disparu, l’état général grave paraît amélioré, et les phénomènes abdomi- naux sont moins intenses. Reste alors une période d’état qui dure le double, le triple, et dont il m’a été donné d’observer deux cas dépassant deux mois. Le tympanisme cesse le premier ; l’entéralgie existe jusqu’à la convales- ] cence, et l’entéroplégie l’accompagne. Les selles sont toujours très fétides ; quelques scyballes petites nagent dans un liquide bilieux, verdâtre, où se trouvent quelques j raclures de boyaux. J’ai observé le début dysentérique dans cinq cas ; mais il s’éteint dans les 48 heures. Dans l’intervalle des accès, la température devient entièrement normale et oscille entre 36°8 et 3-°5. L’impaludisme pouvait être mis en cause dans nos régions ; mais sauf deux maladies à antécédents palu- diques, datant de leur enfance, je n’ai pu en trouver traces chez les autres ; et à une époque où ne sévit pas la malaria, alors que nous nous trouvons en pleine épidémie de grippe. Je n'ai pas trouvé de rate hypertrophiée ni douteuse, sauf dans un seul cas (ce qui confirme la statistique de Combv, ne trouvant sur 5 autopsies de grippe, qu’une seule fois la rate hypertrophiée). Pas de faciès impaludiques. Dans l’intervalle des accès, ce qui n’est pas le cas des malariens, l’état général reste mauvais, état typhique, formes infectieuses, anorexie complète, état nauseux. Langue naturelle au début, puis envahie par le muguet ; vernissée ensuite, pendant la période d’état; le malade se plaint de brûlure et de sécheresse de la bouche, qu’il géné- ralise par im geste descendant jusqu'à l’estomac. Je n’ai jamais trouvé d’albumine dans les urines. Le foie paraît normal dans tous les cas, et je n'ai observé aucune autre localisation organique ; du reste, tous les malades étaient des sujets robustes, et sans antécédents morbides. En revanche, j’ai presque toujours observé des névralgies lomboabdominales, crurales, sciatiques et inter-costales, aucun des malades n'a succombé. Pendant la convalescence, j très longue du reste, le tube digestif est douloureux, et le ! moindre écart de régime, semble souvent tout remettre en cause; ce que j'ai pu observer après 12 et i5 jours d’apy- I rexie complète ; ce qui n’est, en somme, qu’une nouvelle j poussée auto-infectieuse. 4](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b22288399_0012.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)