Volume 1
La theorie et la pratique de la coupe des pierres et des bois, pour la construction des voutes et autres parties des bâtimens civils et militaires, ou traité de stereotomie à l'usage de l'architecture / Par m. Frézier.
- Frézier, Amédée François, 1682-1773.
- Date:
- 1737-1739
Licence: Public Domain Mark
Credit: La theorie et la pratique de la coupe des pierres et des bois, pour la construction des voutes et autres parties des bâtimens civils et militaires, ou traité de stereotomie à l'usage de l'architecture / Par m. Frézier. Source: Wellcome Collection.
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![le ïyaifonnment j Tune, dit - il, eft l’affaire des Gens qui en ont fait apprentiffage ; l’autre eft du reflort des Sçavans. Tout le monde ne penfe pas auffi jufte que lui ; une grande partie des hommes connoiffent fi peu la nature des Arts, qu’ils croyent que l’on ne peut s’y rendre habile que par l’experience ; ils regardent la Théorie comme une occupation vaine, qui n’a pour objet que des chimères, dont les Arts ne retirent aucun avantage. (*) On a vû, difent - ils, de Grands Hommes dans l’Archi- teéhire Civile, & même dans la Militaire, qui fe font diftinguez par leurs Ouvrages fans être Geometres ni Algebriftes, donc on peut le paner de ces Sciences pour devenir habile dans les Arts. Pour répondre à ce faux raifonnement, que bien des gens tâchent de faire valoir par l’intérêt qu’ils ont de l’établir, je dirai qu’abfolument parlant, à la réferve de la nourriture, les hommes peuvent fe palier de cdii fuper tout, même d’habits dans les Païs froids, témoins les anciens Gaulois Umbukum' nos Ancêtres, & plufieurs Nations de Sauvages ; mais puifque la Nature *™nt nous a deftinez au travail, & que moyennant un peu d’application elle ] Z *c. 4& nous donne l’induftrie d’ajouter une infinité d’agrémens & de commoditez * aux Ouvrages de ceux qui nous ont précédé, & de concilier la beauté & la folidité des Edifices, qui nous garantirent des injures de l’air & des infultes de nos ennemis, il femble que ce n’eft pas agir en hommes raifonnables, que d’attendre que l’experience nous falîè fentir nos be- foins; mais que nous devons réfléchir aux moyens de pourvoir à ceux, qui peuvent nous arriver dans l’exécution de nos deffeins, & de combiner ces moyens de tant de maniérés differentes, que nous choififlions tou¬ jours les plus fûrs, les plus courts & les plus faciles, ce qui eft réferve à la feule Théorie. Qu’on me permette ici une comparaifon pour rendre cette vérité plus fenfible ; avant qu’on eût formé les Grands Chemins par des Chauffées droites, folides, & de largeur commode, on communiquoit comme aujourd’hui d’une Ville à une autre, mais on demeuroit bien plus long- tems en chemin, on éprouvoit une plus longue fatigue, on étoit fujet à demeurer embourbé , & fouvent à s’égarer. Avant qu’on eût confulté la Geometrie & la Mechanique en Archi¬ tecture , on faifoit des Voûtes des mêmes Matériaux qu’aujourd’hui ; mais on ne pouvoit s’afïïuær de l’équilibre de l’effort de leur Poujjée, & de la réfiftance des Piédroits qu’il tend à renverfer ; de forte que ne fçaehant garder un milieu convenable entre le trop & le trop peu de leur épaif- (*) Voyez les Venjéescritiques fur les Mathématiques par CARTAUD , qui ofè avancer que les Mathématiques ont peu contribué à la perfection des beaux Arts. s*. Paris 1734*](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30415883_0001_0022.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)





