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Traité élémentaire et pratique de pathologie interne / [Augustin Grisolle].
- Grisolle, A. (Augustin), 1811-1869.
- Date:
- 1848
Licence: Public Domain Mark
Credit: Traité élémentaire et pratique de pathologie interne / [Augustin Grisolle]. Source: Wellcome Collection.
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![toujours une circonstance fâcheuse, à cause de la lenteur avec laquelle ils disparaissent. litiologie. — Il est peu de localités dans lesquelles on ne puisse obser- ver des fièvres intermittentes , du moins à l’état sporadique. Cependant il paraît que ces maladies sont inconnues dans les Indes orientales (Boulins), au cap de Bonne-Espérance, en Islande et dans certaines parties de la Suède et de la Russie. Une latitude géographique élevée, variable dans les deux hémisphères, peut être, à ce qu’on prétend, incompatible avec la manifestation endémique de maladies paludéennes. Ainsi Pétersbourg, dans le 59° degré latitude nord, et l’île Maurice, vers le 20e degré latitude sud, sont, malgré leurs marais, exempts, dit-on, de fièvres intermittentes. Ces maladies ne régnent d’une manière endémique que dans le voisinage des marais , des rivières , des routoirs , et généralement de toutes les stagnations d’eau ayant lieu sur un sol peu perméable et contenant des matières végétales en putréfaction. Ces foyers d’infection, qui existent en France surtout en grand nombre dans la Bresse, la Brenne et la Sologne, quoique permanents , n’ont pourtant pas la même énergie dans toutes les saisons. On s’est, en effet, convaincu que les émanations marécageuses acquéraient un surcroît d’activité à la fin de l’été et pendant l’automne, sai- sons pendant lesquelles les eaux stagnantes sont basses, réduites à leur partie fangeuse, laquelle, par son contact avec l’air et par l’action du soleil, dégage une plus grande quantité de miasmes. On peut établir avec raison , et cela d’une manière générale, que l’activité des émanations ma- récageuses s’accroît à mesure qu’on s’avance du nord au midi. On a aussi reconnu que les marais situés sur les bords de la mer sont plus délétères que ceux formés seulement par l’eau de pluie ou de rivière, probablement à cause de la grande quantité]de matières putrescibles que les hautes ma- rées entraînent dans les premiers. On voit encore les fièvres intermittentes sévir dans les terrains bas et humides, à côté des prairies artificielles, dans les rues non pavées et remplies de fumier, lorsqu’on défriche un sol vierge, humide, et contenant beaucoup de débris de végétaux, comme on l’a souvent observé chez les colons du Nouveau-Monde. Dans toutes ces conditions, on admet qu’il se dégage certains principes plus ou moins actifs, nommés effluves (Lancisi), miasmes, émanations, exhalaisons, qui infectent l’air et le rendent apte à produire la fièvre intermittente. Mais jusqu’à présent on n’a pu saisir et isoler ce principe délétère ; nous ignorons sa nature et son mode d’action, et toutes les théories qu’on a faites à ce sujet sont ridicules ou insuffisantes. Cependant on ne peut s’empêcher d’admettre dans l’air des marais une cause spéci- fique; car l’humidité ne joue certainement qu’un rôle secondaire : les dé- bardeurs à Paris, qui travaillent sans cesse dans l’eau sur les bords de la Seine, sont néanmoins peu sujets aux fièvres intermittentes, comme cela résulte des belles recherches de Parent-Duchâtelet. La chaleur atmosphé- rique n’agit aussi, suivant nous, qu’en activant la putréfaction des matières végétales et la volatilisation des principes délétères. Je n’ignore pas pour- tant que M. Faure a cité quelques faits pour prouver que la fièvre inter- 10 î.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29326084_0001_0163.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)