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Credit: Névroses et idées fixes / par Pierre Janet. Source: Wellcome Collection.
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![de inaiiiior ; les idées de suicide et le refus d'alimeuls se sont dis- sociécs, l'une existe sans l'autre. Tantôt elle sent la voix qui lui dit: « Ne mange pas », et ne songe pas à mourir; tantôt elle songe à se tuer et accepte cependant la nourriture. Toujours nous retrouvons dans les idées fixes ce caractère de répétition automa- tique du passé, sans lien, sans rapport avec les circonstances exté- rieures présentes, c'est-à-dire sans synthèse actuelle. Les idées de persécution seraient peut-être plus difliciles à ex- pliquer. Ces idées sont en effet si fréquentes chez tous les indi- vidus dont l'esprit est aiïai])li, que l'on peut se demander si elles n'ont pas quelque raison générale. Faut-il les rattacher à cet égoïsme bien caractéristique des intelligences faibles, à cette hy- pertrophie du moi dont parlent certains auteurs sans bien l'ex- pliquer? P'aut-il, comme je serais peut-être disposé ii le croire, les rattacher à une altération particulière de l'intelligence, à un trouble dans la connaissance des hommes, dans cette perception de l'humanité, au moins aussi importante que la perception du monde extérieur ? Ce serait là des recherches bien importantes aussi bien pour la morale expérimentale que pour la psychologie. Mais il ne faudrait les aborder qu'en étudiant dans le détail de véritables persécutés et non une personne chez qui ces idées sont certainement épisodiques. Elles doivent se rapporter à quehjue scène de famille que nous connaissons mal. Une de ces idées qui s'est développée sous nos yeux nous montre combien le hasard des circonstances joue ici un grand rôle. Une jeune fille venait d'être amenée dans la même salle que Marcelle, et comme elle était peu malade, au rebours de la conduite ordinaire des aliénés, elle cherchait à lier connaissance avec ses voisines. Cette personne s'approcha de Marcelle et voulut lui causer, mais elle se heurta ii la mauvaise humeur de notre malade et se mit à dire tout haut: « Oh ! mademoiselle, comme vous me faites de vilains yeux, vous me faites peur! n cela suffit pour modifier les crises de Marcelle. Pendant plusieurs jours ses voix lui répétaient : « Tout le monde a peur de toi, tout le monde fuit, etc. » Les origines de persé- cution relatives à ses parents ont dù avoir une origine du même genre. Tels sont donc les principaux phénomènes qui remplissent la crise de nuage ; nous avons insisté sur cet état parce qu'il nous paraît jouer \in grand rôle dans la maladie et qu'il se présente rarement avec autant de netteté que chez Marcelle. Chez les autres malades](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21942201_0001_0048.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)