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Credit: Névroses et idées fixes / par Pierre Janet. Source: Wellcome Collection.
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![4G l \ CAS D'AHOri.lF KT D'FDKKS FIXES sir en lui donnaiU la permission de sortir du service et d'aller se promener dans le parc de la Salpètrière. 11 fallut au bout de peu de temps la ramènera cause d'un accident singulier. Une fois en dehors des bâtiments qu'elle connaissait, elle se mit à regarder do tous côtés d'un air cHaré, demandant : « Où suis-je? qu'est-ce que cela ? (|ui est là ? » P^lle ne voulait plus avancer et cherchait ])ar terre si le sol était solide ou non ; elle ne reconnaissait plus aucun objet, pas même un arbi-e ou un banc, et finit par dire qu'elle ne voyait plus clair. Une fois de retour dans la salle ac- coutumée, elle se remit peu à peu et reconnut les objets. Son doute sur la perception externe était devenu une absence de per- ception externe. Dans une autre circonstance, Marcelle étant foi t malade et en proie à des idées délirantes, nous a montré un trouble analogue, non plus dans la perception des images vi- suelles, mais dans la perception des sensations auditives. Elle paraissait écouter ce qu'on lui disait, mais au lieu de dire, selon son ordinaire, qu'elle/ze pouvait pas croire, elle se mettait à rire et répétait: « Qu'est-ce que vous dites? Mais je ne vous com- prends pas. » Elle ne pouvait plus comprendre une seule parole. Ces derniers faits sont d'autant plus intéressants que l'on peut les reproduire expérimentalement. Si on lui présente des objets : un livre, un couteau, et en lui demandant ce que c'est, elle ne peut, dans certains jours, affirmer leur nature avec conviction : « Je crois que c'est un livre, mais je puis me tromper...; voyons, dites vous-même, est-ce un livre? « Chez une autre malade du service, une mélancolique assez bizarre, E., ce symptôme est constant. Quand on lui montre un objet, elle dit : « C'est un lit, je crois; c'est une main, il me semble. « Elle n'est jamais sûre de ce qu'elle voit. Mais chez Marcelle, le phénomène va plus loin, cai' on peut également reproduire, non pas le doute, mais l'ab- sence de perception. On réussit très bien et presque toujours ;i constater ce fait en la priant de lire quelques lignes imprimées. C'est un spectacle curieux pour un psychologue, que la façon dont Marcelle lit un journal. Je lui désigne un alinéa que je la prie de lire. Elle obéit et semble lire tout bas : a C'est fait, dit-elle. — Bien, qu'avez-vous lu? de quoi s'agit-il? — Tiens, je n'en sais rien, laissez-moi relire. » Elle relit tout bas. « Eh bien? » Elle leste étonnée : « Mais, dit-elle, je ne sais pas de quoi il s'agit, cela n'entre pas dans ma tète. — Eisez tout haut. » Elle lit tout haut et très correctement, quoique d'une voix monotone, mais](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21942201_0001_0068.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)