Du suicide considéré aux points de vue philosophique, religieux, moral et médical, suivi de quelques réflexions sur le duel / Par P.-J.-C. Debreyne.
- Pierre Jean Corneille Debreyne
- Date:
- 1847
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Credit: Du suicide considéré aux points de vue philosophique, religieux, moral et médical, suivi de quelques réflexions sur le duel / Par P.-J.-C. Debreyne. Source: Wellcome Collection.
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![les y détermine. C’est l’anglomanie suicide, c’est le s]pUen ; c’est le terrible tædium vitæ. L’homme, comme dit Esqui- rol, tombe quelquefois de la satiété de la vie dans le plus terrible des ennuis, puisqu’il conduit au suicide. Quitter alors la vie doit être pour lui un acte aussi indifférent que celui d’abandonner une table splendidement servie lors“ qu’on n’a point faim. Quelques individus même s’imaginent trouver un ineffable plaisir dans l’acte du suicide. Il y a quelques années, nous avons été consulté par un homme de la classe opulente qui se disait parfaitement heureux et exempt de tout sujet de peine ou de chagrin, excepté un seul point qui le tourmentait : c’était un désir, un pen- chant, une tentation violente de se couper la gorge toutes les fois qu’il se rasait. Il s’imaginait que, s’il en venait à cet acte déplorable et insensé, il éprouverait suivant son expression un plaisir indicible. Souvent il était obligé de jeter le rasoir loin de lui. C’est en effet ce qu’il y a de mieux à faire quand on n’a pas la force intellectuelle et morale, dans la mesure convenable, pour régler, dompter ou mépriser ces sortes d’instincts ou de désirs dépravés. Le suicide spléenique, par lypémanie, ou par tristesse, ennui ou dégoût de la vie, comme on dit, est chronique, se médite et se prépare de longue main; il s’exécute avec calme et avec un grand sang-froid, au moins apparent. Les causes les plus ordinaires sont l’abus des plaisirs, l’ona- nisme, l’alcoolisme, en un mot toutes les causes débilitantes, énervantes et dégradantes, jointes à une idée fixe de des- truction. « Un monsieur, dit Esquirol, jouissant d’une très-belle fortune, s’était livré à la masturbation; néanmoins il était fort et bien portant, et, sans autre cause de chagrin que le souvenir des maux de la révolution dont il approuvait](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b2874133x_0077.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)