Les troubles de la mémoire / par Paul Sollier.

Date:
1892
    recouvrent le souvenir de tous les événements anté- rieurs à l'accident. L'impression produite par le phé- nomène M tend à s'atténuer avec le temps; il peut donc arriver un moment où M occupera dans le groupe DEFGM une place relativement moins grande, c'est-à-dire que l'élément conscient y gagnera tout ce qu'y perdra l'élément inconscient. Le premier pourra même l'em- porter sur le second, et alors la synthèse F deviendra consciente (fig. 33 et 34). Dès lors l'amnésie dispa- raîtra DEFGM, et ne persistera plus que pour M. Fig. 34 Mais si on peut appliquer cette théorie à certains cas. il s'en faut de beaucoup qu'elle soit bonne pour tous, et force nous est d'admettre plusieurs catégories de faits auxquelles correspondent des mécanismes dif- férents. Lorsque l'événement qui a provoqué l'amnésie sim- ple et rétrograde est l'aboutissant, la résultante des événements immédiatement antérieurs et constitue avec eux un enchaînement, de courte durée d'ailleurs, dont il est Yultimum punctum, les choses s'expliquent faci- lement avec notre hypothèse. Mais un autre cas peut se présenter. L'accident causal n'a aucun lien avec les éléments antérieurs à lui ou con- comitants ; et cependant il se produit une amnésie rétro-
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    M. Féré a montré 1 qu'à la suite de violentes excita- I tions il se produit un épuisement nerveux qui peut avoir des effets rétroactifs. Cet épuisement est mani- I feste dans les décharges épileptiques. Or après elles on peut constater aussi de l'amnésie rétrograde qui en est i certainement la conséquence, car on a même remarqué ique son étendue paraît en rapport avec l'intensité de la i décharge. On peut admettre que le shock agit de la même façon. Sous son influence il y a d'abord excitation con- sidérable de toutes les activités fonctionnelles, avec i dépression au moment où elles cessent; et, sous l'in- fluence de ces variations rapides, il se produit un véri- table hiatus dans la continuité de l'identité biologique, auquel correspond un hiatus dans la continuité de la conscience (Féré) 2. Les souvenirs les plus récents étant les moins fixés et disparaissant toujours les premiers, plus l'épuise- ment nerveux sera profond, plus les centres où se sont faites les impressions nouvelles seront atteints. L'éten- due de l'amnésie rétrograde paraît donc corrélative de l'intensité de l'épuisement. Nous allons voir tout à l'heure qu'il en est de même pour l'amnésie antéro- grade. La force de résistance des éléments nerveux entre également en jeu pour accentuer ou atténuer les effets du shock, car il est évident que plus ils s'épuiseront facilement et plus l'amnésie se produira. Aussi est-ce surtout chez des individus à système nerveux facile- 1. Ch FÉnÉ, Effets rétroactifs des excitations sensorielles (G. R. du la Soc. de Biologie, -1887, p.447) 2. Cb. Féré, Les Épilepsics et les Épileptiques, p. 140.