Encore un mot de réplique à une réponse de M.L. Langlois, sur cette question: Les médecins doivent-ils être soumis au service de la garde nationale / [Paul Jolly].
- Jolly, Paul, 1790-1879.
- Date:
- [1835]
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Credit: Encore un mot de réplique à une réponse de M.L. Langlois, sur cette question: Les médecins doivent-ils être soumis au service de la garde nationale / [Paul Jolly]. Source: Wellcome Collection.
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![présence de l’ennemi , et l’on ne m’a vu fuir, ni devant le feu de la mitraille, quand il décimait la population armée, ni devant le fléau de la contagion , quand il dévorait tout ce qui était autour de lui. Mais tout en défendant le principe et le but de l’institution de la garde nationale; tout en rendant le plus éclatant hommage à son courage et à son noble patriotisme, n’avais-je donc pas le droit de signaler ses vices et ses contradictions? n’avais-je donc pas le droit de parler de son habit et de ses armes, comme transfigurant le médecin. Oui, je le répète, la raison, l’humanité, la philosophie, la morale, la décence, tout se révolte en moi (et n’oubliez pas que c’est comme méde¬ cin) contre une loi qui donne des armes et des vèlemens de guerre à des hommes de paix, de consolation et de vie; et jamais avocat du roi, ni législa¬ teur, ni état-major de légion, ne feront que je ne me trouve pas travesti, déguisé, dépouillé de mon caractère de médecin, sous un accoutrement avec des instrumens de guerre ! M. Langlois s’est montré par trop obligeant en se chargeant de nous faire un drapeau à sa manière, et d’y inscrire cette devise de son invention ; inté¬ rêt particulier, privilège, exemption d’un service commun aux autres citoyens. Mais qui a donc pu vous dire que nous étious mus par un intérêt privé, que nous réclamions des privilèges, que nous voulions méconnaître le droit d’égalité pour nous affranchir d’un service commun aux autres citoyens? Est-ce de l’intérêt privé, celui qui porte le médecin à user sa vie dans une carrière publique de veilles, de fatigues, de sacrifices, de tribulations et de pauvreté? Est-ce de l’intérêt privé, celui qui arrache le médecin à ses plus chères affections pour le conduire au-devant de la contagion et de la mort, quand il s’agit de remplir un devoir de sa profession? Et de quel privilège prétendez-vous donc nous parler? A nous qui n’en de¬ mandons qu’un seul, celui de veiller jour et nuit au salut de l’humanité; et comment l’avons-nous demandé ? Vous savez bien que « ce n’est ni comme fa¬ veur , ni comme privilège, mais comme justice, mais comme nécessité de notre profession(i). » Et pourquoi aussi l’avons-nous demandé? Parce que nous pensons que le cri de l’humanité est aussi le cri de la patrie; et qu’en acquittant une dette d’humanité, nous acquittons aussi une dette nationale. Que si M. Langlois , par distraction ou autrement, n’eût pas supprimé de son plein chef, le passage suivant du paragraphe en question, il y aurait trouvé tout écrits dans l’indépendance et la spontanéité de notre conscience, les senti- mens qui nous animent ; les voici : « Si la loi du 22 mars nous eût placés en tête et sous le feu des combattans « pour secourir et panser les blessés, elle aurait du moins compris le devoir de « notre ministère, car le devoir du médecin peut être de mourir sur un champ « de bataille comme sur un théâtre de contagion. » (2) Et à qui donc parlez-vous aussi d’égalité ? Est-ce à nous], qui ne voyons dans l’ordre social qu’une seule condition, celle de l’humanité? A nous, dont on ne fait ni pairs de France, ni ministres, et que (1) Rapport de la commission d'organisatiou médicale, page 20. (2) U. , page 19,](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30361990_0011.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)