Étude pratique sur le mal de Pott / par le Dr. V. Ménard.
- Ménard, V. (Victor), 1854-1934.
- Date:
- 1900
Licence: In copyright
Credit: Étude pratique sur le mal de Pott / par le Dr. V. Ménard. Source: Wellcome Collection.
Provider: This material has been provided by UCL Library Services. The original may be consulted at UCL (University College London)
455/468 (page 443)
![couleur, sa consistance, tous ses caractères physiques sont semblables à ceux du pus dans lequel baigne le cerveau. La dure-mère est épaissie, au niveau du foyer tuberculeux, et atteinte de pachyménin- gite externe; sa face interne est lisse, polie. Il existe, à ce niveau, un rétrécissement de la lumière dure-mérienno, long de 3 centimètres environ, comprimant la moelle, qui présente un étranglement de même longueur très nettement appréciable. Cette constriction de la moelle par la pachyméningite explique la production de la paraplégie, l'insuccès de l'intervention chirurgicale et la persistance des troubles médullaires. Les viscères ne présentent pas de lésions importantes. Le cœur a ses valvules et son endocarde sains. Le foie est un peu gros et graisseux. Les reins paraissent gros. Le tube digestif n'offre pas de lésions saillantes. L'appareil pulmonaire est intact. En introduisant une sonde cannelée par la fistule, on la voit aboutir directement sur la colonne vertébrale dans le foyer vertébral. Le trajet mesure 5 à 6 centimètres de longueur, il est bien perméable, et la malade se trouvait dans les conditions les plus favorables que l'on puisse désirer pour un pottique à abcès fistuleux : abcès à poche peu volumineuse, trajet très court et perméable. Au cours de l'autopsie, il est prélevé, avec toutes les précautions d'usage, quatre pipettes de pus : deux sont enfoncées à travers la substance cérébrale préalablement rôtie jusqu'au grand sillon de l'insula ; deux à travers la dure-mère également rôtie, au milieu des nerfs de la queue-de-cheval. Le pus lombaire est ensemencé sur gélose inclinée et sur bouillon, le tout mis dans l'étuve à 37°. Sur gélose, il ne pousse rien pendant deux jours; à partir du troisième jour, apparaît une pléiade de colonies claires, transparentes, bien séparées, du volume d'une très petite tête d'épingle; au milieu d'elles, des colonies plus saillantes, blanches, qui s'étendent: ces dernières ont les caractères macroscopiques et microscopiques du staphy- locoque blanc; les premières, les caractères du streptocoque. Sur bouillon, apparaît le troisième jour un trouble général, qui s'éclaircit complètement et se dépose le lendemain. Le dépôt est formé de streptocoques à longues chaînettes. Le contenu d'origine cérébrale d'une pipette est ensemencé également : sur gélose appa- raissent le troisième jour trente colonies environ de streptocoques sans staphylocoques; le bouillon se trouble le troisième jour, s'éclaircit, et le dépôt est formé de streptocoques. — Le quatrième jour après l'autopsie, une goutte de chaque tube de bouillon est portée sur gélose, où elle donne de belles cultures punctiformes de streptocoques sans staphylo- coques, et sur bouillon, qui se trouble, puis s'éclaircit, le troisième jour. La deuxième pipette de pus cérébral s'étant cassée, nous n'avons pu faire les inocula- tions aux animaux qu'avec du pus lombaire. Deux cobayes ont reçu, l'un 4 centimètres cubes de pus et de bouillon stérile dans la cavité péritonéale, l'autre 4 centimètres cubes sous la peau de l'aine gauche. Trois souris ont reçu 1 à 2 centimètres cubes du même mélange, l'une dans la cavité péritonéale, les deux autres sous la peau. Ces deux dernières étaient encore vivantes, trente jours après; la première est morte six jour après l'inocula- tion. Le péritoine était plein de pus louche : ce pus, examiné directement au microscope, n'a pas révélé la présence d'un seul pneumocoque, mais seulement de staphylocoques discrètement répandus sur la lamelle. Ensemencé sur gélose, il a provoqué l'apparition de larges colonies de staphylocoques ; sur bouillon, l'apparition d'un trouble qui est resté persistant. Le sang du cœur a donné sur bouillon des colonies punctiformes conglomérées de staphy- locoques; examiné directement, le sang n'a pas révélé la présence du pneumocoque. Des deux cobayes inoculés, celui-là seul est mort qui avait reçu le pus dans le péritoine, le septième jour. De larges exsudats couvrent l'intestin, le diaphragme ; la cavité est rem- plie par une grande quantité de liquide; la rate, le foie, le grand épiploon, les reins sont farcis de petits tubercules; aux poumons, ils sont]plus ('rares, mais plus volumineux; la vessie est distendue, de même les uretères, qui ont le volume d'une plume d'oie.'Le sang est noir, poisseux. Toutes ces lésions expriment l'infection générale à staphylocoques](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21290635_0455.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)