La folie héréditaire : leçons professées à l'École pratique / par le dr Legrand du Saulle.
- Legrand du Saulle, dr (Henri), 1830-1886.
- Date:
- 1873
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Credit: La folie héréditaire : leçons professées à l'École pratique / par le dr Legrand du Saulle. Source: Wellcome Collection.
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![autant elle est rare dans les autres espèces d'aliénation. Elle peut exister incontestablement, et l'on en trouve çà et là dans les auteurs des exemples indiscutables, mais ces exemples ne sont pas très-fréquents. De plus, on n'a pas jusqu'à présent sufGsam- ment tenu compte d'une série de phénomènes qui peuvent en imposer et faire croire à une hérédité similaire, alors qu'il n'y a qu'une véritable contagion. J'ai déjà appelé l'attention sur ces faits dans mon livre sur Ze délire des persécutions, et j'ai démontré que certains persé- cutés convertissent quelquefois à leur délire les personnes de leur entourage. Lorsqu'une personne, saine d'esprit d'ailleurs, vit continuellement avec un de ces malades, et qu'elle assiste au début de son délire, elle trouve d'abord ses idées étranges, puis il arrive dans certains cas qu'elle excuse les défaillances de sa raison, qu'elle partage une à une et à mesure qu'elles naissent toutes ses aberrations et toutes ses conceptions maladives, de sorte qu'au bout de quelque temps elle a accepté et s'est apprO' prié une] systématisation délirante créée de toutes pièces par le malade ! Dans ces cas, le persécuté qui a communiqué son délire do- mine celui qui Ta reçu. Celui-ci n'est que l'écho fidèle de celui- là. Il ne fait que reproduire quelquefois, en les atténuant, les conceptions délirantes du premier. Il y a bien contagion, car si l'on isole ces malades, si on les met en traitement, si on les place dans l'impossibilité de se voir et de s'écrire, le vrai persé- cuté fera tous les jours un pas vers l'incurabilité, tandis que le persécuté par influence marchera rapidement vers la guérison. M«is (et c'est là un côté de la question que je tiens à spécifier) si ces communications du délire se sont faites du père ou de la mère aux enfants, ou bien encore des frères aux frères, on peut supposer qu'il s'agit là de cas de folies héréditaires similaires, et que l'hérédité a prédisposé également les membres d'une même lignée à une même afiection. Pour se faire alors une opi- nion bien assise, il faudra étudier avec soin l'évolution du délire chez les deux malades et surtout observer la marche de leur maladie après les avoir complètement isolés l'un de l'autre pen- dant un certain temps.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b22267955_0018.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)