Copy 1, Volume 1
Nouveaux élémens de pathologie médico-chirurgicale, ou traité théorique et pratique de médicine et de chirurgie ... / [L. Ch. Roche].
- Roche, L. Ch. (Louis Charles), 1790-1875.
- Date:
- 1834
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Credit: Nouveaux élémens de pathologie médico-chirurgicale, ou traité théorique et pratique de médicine et de chirurgie ... / [L. Ch. Roche]. Source: Wellcome Collection.
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![tome ne peut faire distinguer entre elles pendant la vie, quelles que soient d’ailleurs les différences pliy- siques ou chimiques qui les séparent après la mort, doivent être considérées comme une même mala¬ die. En agir autrement, serait s’exposer .à multi¬ plier sans nombre et sans utilité les maladies , et surtout à faire des affections différentes de plu¬ sieurs degrés de la même. On sait en effet qu’un même tissu atteint de la même maladie offre des altérations tout-à-fait différentes, suivant que celle-ci a été aiguë ou chronique , plus ou moins intense , plus ou moins rapide , et que la mort est survenue à une époque plus ou moins avancée de son cours. De ce premier précepte découle le suivant: on doit étudier avec soin l’ordre de succession natu¬ relle des altérations diverses, par lesquelles cha¬ que tissu en particulier, dans chaque affection dont il est susceptible, passe nécessairement avant de se montrer tel que nous l’offrent les cada¬ vres. Ainsi, un tissu qui commence par être rouge, injecté et ramolli, peut finir par devenir blanc , sans traces de vaisseaux sanguins ni d’organisa¬ tion , et de consistance lardacée ou même osseuse. Il importe de connaître les changemens intermé¬ diaires qu’il a éprouvés. En troisième lieu, il est indispensable de re¬ monter aux changemens d’organisation qui précè¬ dent constamment tous les autres : ce sont les principaux, les premiers à bien étudier; il sont, pour ainsi dire , aux autres altérations , ce que les élémens sont aux corps composés , ou plutôt ce que des faits simples et primitifs sont à des faits composés et secondaires; ils doivent, par con¬ séquent, servir de bases aux théories. Enfin , on doit toujours rapprocher ces lésions des symptômes auxquels elles correspondent; ces deux ordres de faits s’éclairent nécessairement l’un par l’autre. Ces préceptes sans cesse présens à l’esprit, on peut se livrer avec succès aux recherches analo- mico-pathologiques. Voici les altérations que l’on rencontre dans les divers tissus : Rougeur, injection, gonflement et perte de cohésion des tissus.C’est la plus fréquente de toutes les altérations ; elle est la cause d’une grande par¬ tie des changemens d’organisation que l’on observe dans les tissus : on la nomme inflammation. 2° Indurations rouges , boutons , végétations , fongus, polypes, fausses membranes, kystes, corps vivans développés au sein des organes. 3° Vésicules , pustules , suppuration , érosion , ulcération , perforation , gangrène. 4® Ëpaississemens, granulations , opacité des tissus naturellement transparens , adhérences , épanchemens de sérosité. 5° Conversion d’un tissu en un autre, tels que le cartilagineux, l’osseux, le fibreuX; le muqueux, le dermoïde, le séreux,le cellulaire ctle tissu érectile. 6° Induration blanche , dégénérescence gélati- nlforme, tubercules , matière encéphaloïde , ma¬ tière cancéreuse , mélanose , cyrrhose. 7“ Rétrécissement, dilatation et oblitération complète de canaux naturels. 8o Canaux accidentels , fistules. 9° Épanchemens de sang, collection de ce li¬ quide; mais il y a le plus ordinairement effusion de ce liquide au dehors, pendant la vie. 10» Productions crétacées, pierreuses, pileuses, cornées. Changemens de forme et de rapports : comme plaies , ulcères, distensions, déchirures, ruptures , fractures , déplacemens. 12» Corps étrangers. Vices de corformation. i4° On neconnaîtpas encore les altérations dont les liquides sont susceptibles ; on conteste même qu’ils puissent être altéi'és primitivement, et l’on croit que leur altération est toujours consécutive à une modification préalable des organes chargés de leur préparation. Cependant il paraît que, dans le scorlvt, la composition du sang est altérée mitivement. Dans quelques affections produites par certains miasmes ou inoculées , on pense qu’il en est encore ainsi. Peut-être le sang est-il altéré dans d’autres maladies , mais jusqu’à ce jour ou n’a pas pu parvenir à le démontrer d une manière! évidente; et dans l’état actuel de la science, il est difficile de bien connaître le rôle que l’altération du sang joue dans la production des maladies. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on l’a trouvé à l’ouver¬ ture des cadavres plus ou moins liquide, noir, verdâtre, décomposé, putréfié; mais malhenreu- sement les observateurs ont trop souvent négligé de tenir compte, dans l’appréciation de ces altéra¬ tions , de l’état plus ou moins avancé de putréfac¬ tion du cadavre lui-même , de l’état électrique et de la température de l’atmosphère, etc. Souvent aus.<si ils se sont bornés à indiquer ces altérations , d’une manière vague; enfin aucun d’eux n’a en¬ core pu établir des rapports bien évidens entre les symptômes et ces altérations, de sorte que ces faits sont demeurés stériles (i). Cela ne nous em¬ pêchera pas de créer une classe de maladies poul¬ ies altérations des liquides , qui ne comprendra pour ainsi dire que celles du sang. Quant aux al¬ térations des autres liquides , elles sont encore moins connues que celles de ce fluide. A l’ouver¬ ture des cadavres , on a trouvé la bile, verte, ] aune, noire , poisseuse , corrosive ; le mucus , blanc , jaune, verdâtre , purulent , pultacé , couenneux, membraneux; la sérosité, limpide, trouble, épaisse, inodore , fétide : mais toutes ces altéra¬ tions sont sans valeur connue , la plupart dépen¬ dent d’une manière évidente de l’altération primi¬ tive des tissus , et il est probable qu’il en est de même de toutes. Nous reviendrons au reste sur toutes ces questions , quand nous nous occupe¬ rons plus spécialement de cette classe de mala¬ dies. Nous dirons cependant dès à présent que, dans la question de l’altération des fluides , on a toujours commi , départ et d’autre, une faute grave, en mettant les fluides sécrétés sur la môme ligne que le sang. Ce liquide en effet peut in¬ contestablement être altéré primitivement par les alimens, par l’absorption des poisons, des mias- (i)Nou3 conseillons cependant la lecture du Traite cli¬ nique: et expérimental des Tièares, dites essentielles , par M. liouillaud. Cet ouvrage n’est pas assez connu; il contient surtout des faits Irès-imporlans pour la solutio-.r de la «piesliou des altérations du sang. . ..](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b29327477_0001_0023.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)