Emploi thérapeutique du corps thyroïde / par H. Lebon.

  • Lebon, Henri.
Date:
[1894?]
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Credit: Emploi thérapeutique du corps thyroïde / par H. Lebon. Source: Wellcome Collection.

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    graves, mais qui n’intéressaient pas la glande thyroï- dienne (1). Nicolas (2), Gley et Phisalix sont arrivés au même résultat (3). L’importance du corps thyroïde est donc un fait aujour- d’hui bien démontré. Son extirpation est toujours et fatale- ment mortelle. Chez les animaux qui ne succombent pas à l’opération, on trouve, lorsqu’on les sacrifie, une glande accessoire ou une petite partie de la glande principale qui, restée en place, s’est hypertrophiée et a empêché l’appari- tion des accidents. Peut-être la mort est-elle le fait de l’action d’une substance toxique sur les centres nerveux, car les altéra- tions de ces centres, déjà signalées par Rogowitsch, Lœwen- thal, Langhans, Lupo, Kopp, ont été retrouvées par Capo- bianco (4) et de Quervain (5). Dans deux cas, où la mort était survenue tardivement, G. Pisenti a trouvé dans la moelle une cavité syringomyélique (6). La thyroïdectomie détermine chez les animaux des acci- dents de nature convulsive. Ces accidents sont rares chez l’homme, mais peuvent exister. M. Reverdin, Weiss, Bill- roth, Schœnborn, Mikulicz ont signalé des accidents téta- niques après l’extirpation du goitre. Chez l’homme, on ■observe surtout des troubles trophiques, car la fonction thy- roïdienne, dans la majorité des cas, n’est que lentement .supprimée. Lorsque la mort n’arrive chez les animaux qu’au bout d’un temps assez long, on voit survenir des troubles trophiques qui rappellent le myxœdème. C’est ce qui a été observé par Horsley sur les singes, par Gley (7), Tizzoni et Centanni (8) sur les chiens. II Greffe du corps thyroïde chez l’homme. — La palhogénie du myxœdème étant bien déterminée, Horsley proposa de transporter dans le tissu sous-cutané ou sous-péritonéal, des malades atteints de cette affection, un fragment du corps thyroïde de singe ou de mouton (9). Jusqu’à cette époque, le jaborandi était le seul médicament qui paraissait amener quelque amélioration chez les myxœdémateux. En mars 189Ü, M. le docteur Lannelongue ayant trouvé .dans le service de M. le docteur Legroux, à l’hôpital Trous- seau, une jeune fille de quatorze ans répondant exactement au type de l’idiotie crétinoïde de Bourneville, plaça dans une loge sous-cutanée, au-dessous du sein droit, les deux tiers environ du lobe gauche d’un corps thyroïde de mouton (10). Bircher (H), le 16 janvier 1889, avait déjà greffé dans le péritoine d’une femme atteinte de myxœdème une portion ;de corps thyroïde, normal en apparence, et provenant d’un goitre. Les symptômes s’atténuèrent rapidement à la suite (1) Christiani. C. R. de la Soc. de biol., 189t. (2) Nicolas. Eod. loco. (3) Gley et Phisalix. Eod. loco. I (1) Capobianco. Sulle fine alterazioni del centri nervosi er deile radici spinali in regrito aile thyroïdectomie, Riforma med., 1893. (5) De Quervain. Arch. f. Pathol. Anat. u. Phys. (6) G. Pisenti. Di una lesiono del sistema nervose centrale regli ani- malichirourt, Pérouse 1893. (7) Gley. Arch. de physiol., janv. 1892. (8) Tizzoni et Centanni. Sugli effeti remati délia thyroïdectoma nel cane, Arch.per le sc. med., 1890. (9) Horsley. Brit. Med. Journ., févr. 1890, p. 287. (10) Legroux et Lannelongue. Soc. de biol., 8 mars 1890. (11) Bircher (cité par Horsley). Brit. Med. Journ., 26 juin 1890. de l'opération, mais reparurent bientôt après. Une seconde transplantation fut faite, la malade recouvra une améliora- tion marquée pendant plusieurs mois. Kocher (de Berne) tenta, mais sans grand succès, la greffe thyroïdienne chez deux de ses malades. Au Congrès de Limoges, en août 1890, Bettencourt et Serrano (1) communiquèrent l’observation d’une femme de trente-six ans, traitée par la greffe hypodermique du corps thyroïde du mouton. L’amélioration fut immédiate; aug- mentation considérable du nombre des globules rouges, disparition de l’embarras de la parole, amaigrissement, disparition des métrorragies. Le docteur Merklen ayant eu, la même année, à soigner dans son service une femme atteinte de myxœdème depuis dix ans, pensa à la greffe thyroïdienne. Le docteur Walther introduisit dans la région sous-mammaire droite un des lobes d’une glande thyroïde de mouton.'[L’opération fut pratiquée avec une antisepsie parfaite, mais sans le secours des antiseptiques. La réunion de la plaie seût par première intention. La situation de la malade fut notablement amé- liorée par cette opération; l'apathie, l'impotence des mem- bres, la lenteur de la parole s’atténuèrent, le nombre des globules rouges s’éleva de 2233100 à 3103100. La quantité d’urine par vingt-quatre heures, qui était de 2 à 4 grammes, est montée à 3 grammes, les métrorragies pour lesquelles la malade était entrée à l'hôpital disparurent complètement (2). Dans un cas de myxœdème, Harris et Wright greffèrent sous chaque sein la moitié du corps thyroïde pris sur un jeune singe. L’amélioration immédiate remarquable qui se produisit fut rapidement suivie de la réapparition des symptômes morbides (3). Chez une femme de trente-neuf ans, Macpherson (4) greffa dans la région mammaire le lobe droit d’un corps thyroïde de mouton. Au bout de deux heures déjà, l’état mental de la malade s’était amélioré. La peau devint mince et souple, l’état d’anémie profond dans lequel se trouvait cette femme diminua, les maux de tête très pénibles disparurent, la menstruation arriva régulièrement tous les mois. Gibson (3), s’étant trouvé en présence d’une jeune malade de six ans, greffa une première fois les deux lobes d’un corps thyroïde de mouton, sous le grand pectoral. L’opé- ration ayant eu lieu le 20 juillet, on constata dès le lende- main une amélioration de l’état mental. L’œdème diminua, la peau perdit son aspect vernissé, et ce ne fut qu’au mois de mai 1892 que reparurent quelques signes de myxœdème. On pratiqua alors une seconde greffe, un des lobes thyroï- diens fut introduit dans la cavité abdominale et l'autre fut fixé à la paroi. Grâce à cette nouvelle opération, on vit peu à peu disparaître tous les symptômes morbides. Dans toutes les observations de myxœdémateux traités par la greffe thyroïdienne, on voit mentionné ce fait, que l’opération a été presque immédiatement suivie d’amélio- ration. Un autre fait, malheureusement certain, est que la greffe ne guérit pas le myxœdème, et que l’amélioration n’est que passagère. (1) Bettencourt et Serrano. Assoc. franc, pour l’avanc. des sc., Congr. de Limoges, août 1890. (2) Merklen et Walther. Soc. méd. des hôpit., 14 nov. 1890. (3) Harris et Wright. The Lancet, 1892. (4) J. Macpherson. The function of thethyroïd gland with observation on a case of thyroïd grafting, Edinb. Med. Journ., mai 1892, p. 1021. (5) Gibson. Brit. Med. Journ., 14 janv. 1893.