Volume 1
Pharmacopée royale galenique et chymique / par Moyse Charas.
- Charas, Moyse, 1619-1698.
- Date:
- M. DCCXVII. [1717]
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Credit: Pharmacopée royale galenique et chymique / par Moyse Charas. Source: Wellcome Collection.
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![CHAPITRE Y. De i'Efprit. L'Efprit defigné fous le nom de Mercure , eft une fubftance acide, acrée , fub- tile & pénétrante , qui s'élève d'ordinaire dans la diftilation apres que le Flegme eft monte , i'Efprit eft plus ou moins fubtil , «5c pénétrant, fuivant la dif¬ ferente nature des Mixtes , d’ou il a été tiré : Car les Efprits de Vitriol, de Sel, de Nitre ôc de Soufre , qui lont tirez de fubftances dont l'Acide fait la principale compofition , font bien plus penetrans que celui du Vinaigre , Ôc ceîui-cy encore plus pénétrant que ceux du Gayac Ôc d'Aluni $ Et par confequent un Efprit plus puiflànt agira avec beaucoup plus de force , que celui qui l'eft moins. Le propre de I'Efprit eft de penetrer,d'incifer , Ôc d'ouvrir les corps compares ÔC folides ; il carie , il ronge , il briie , il diftout , il brûle même certains Mixtes* ôc en coagule d'autres, comme font le fang Ôc le laic,& ferc à en feparer les parties terreftres des aqueufes ; Certains Efprits bien defiegmez * mêlez avec l'eau , y ex¬ citent une chaleur ft grande * qu'on a peine à la fouffrir avec la main & à éviter qu'elle ne cafte les vaifteaux de verre qui les contenoient.L'Efprit éteint prompte¬ ment la flamme des Huiles ; il fe joint auiïl bien vite au Sel, ôc s'y unit quelque¬ fois fl étroitement, qu'il n'en peut être fepnré que par un feu violent ; il échauffe étant feul , mais étant mêlé en petite quantité parmi des liqueurs rafraichiflantes il augmente leur froideur ôc les fait penetrer,il defleche, s'il eft emploie feul;maîs il humeéte étant mêlé avec le Flegme, il aide auffi à fa confervation,il lui commu¬ nique fon activité , ôc lui donne des forces , fuivant qu'il eft mêlé avec lui * en plus grande ou en moindre quantité;!! adoucit l'acrimonie des Sels,dont il eft ré¬ ciproquement adouci ; ii s'incorpore avec eux , il arrête ôc fixe les volatiles ; il fertaux Teintures,& à la diverfité des couleurs qu'il change ôc qu'il détruit même quelquefois,fuivant qu'il eft emploie ; Il fert à diflbudre les Minéraux,ôc à préci¬ piter ceux qui ont été diflouts par les felsjil eft propre à la nourriture des Plantes, ôc a celles des Animaux aufquels il donne le mouvement, il diflout les pierres, il purifie le fang, il repare ôc renouvelle l'humide radical, il redonne la voix à ceux qui l'ont perdue , il deterge Ôc mondifie étant mêlé avec fon Flegme ; il mortifie toute forte de galles,& appaife toute forte de douleurs caufées par les Sels ; ii peut enfin donner un fccours confiderable à un grand nombre de maladies, ôc fur tout à celles qui proviennent de l'acrimonie des Sels, pourvu qu'on s'en ferve à pro- p°s. Je renvoïe au Chapitre du Sel , les Efprits volatiles urineux , parce qu'ils ont bien plus de rapport avec le Sel , qu'avec I'Efprit acide. ^ CHAPITRE VL Du Soufre, LE Soufre reconnu pour le troifiéme Principe, eft une fubftance homogène II- quide,oleagineufe, vifqueufe , ôc inflammable , qui monte d'ordinaire en for* A ii]](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30551262_0001_0015.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)