Histoire de la botanique et plan des familles naturelles des plantes.
- Adanson, Michel, 1727-1806.
- Date:
- 1864
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Credit: Histoire de la botanique et plan des familles naturelles des plantes. Source: Wellcome Collection.
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![« assez différentes pour faire une autre espèce de Mercuriale, qu’il nomma MercuriaUs foliia « in varias et inœquales lacinias quasi dilaceratis. Elle subsista aussi jusqu’à la fin de décem- ft bre, en quoi ces deux espèces sont différentes de la Mercuriale vulgaire, qui, quoique an- « nuelle aussi bien qu’elles, ne dure pas aussi longtemps. Ces deux plantes nouvelles se sont « multipliées depuis dans l’espace de sept ou huit pieds de terrain ; et, ce qui est étonnant, « jamais M. Marchant ne leur a pu découvrir aucune apparence de graine. Cependant la « petite étendue où elles renaissent tous les ans, prouve assez qu’elles doivent être venues de « semences qui y seront tombées des plantes précédentes. Comme on a découvert les secrets « ddnt plusieurs plantes se servent pour cacher leurs graines, il est plus merveilleux qu’il y « en ait encore qui puissent réussir à les dérober. « [Comme cette Mercuriale de Marchant avait des feuilles découpées de Réséda, j’imaginai, d’après les principes pris par M. Linnæus, qu’elle aurait pu être produite par la fécondation d’un pied de Mercuriale femelle par les étamines d’un Réséda , ou peut-être par celles d’un Chanvre mâle.] A cet effet j’avais transplanté à part dans deux autres pots des pieds de Mer- curiale femelle dont je rapprochai l’un d’un pot de Réséda, et l’autre d’un pied de Chanvre, tenant ces trois expériences éloignées de plus de vingt toises l’une de l’autre pour éviter les mélanges. Les graines provenues de ces Mercuriales n’ont donné que des Mercuriales commu nés. Ces trois expériences ainsi variées et continuées pendant trois ans entiers sur plusieurs générations, sont plus que suffisantes pour prouver que le petit nombre de graines fertiles que produisirent ces Mercuriales avaient été fécondées par quelques pieds de Mercuriale mâle qui avaient pu échapper âmes recherches, quelque soin que j’aie pris, ou par les poussières apportées par le vent des jardins voisins. D’ailleurs la configuration défectueuse des feuilles, la stérilité des graines, tout cela annonce une monstruosité par défaut. On ne peut guère douter que les deux Mercuriales qui se sont d’abord montrées à Marchant en 17Ui au nombre de sept individus seulement, et qui ont ensuite été suivies en ITIfi en plus grand nombre dans un espace de sept à huit pieds de terrain, et dans lesquelles il ne put découvrir de graine, sont non de nouvelles espèces, mais des mulets viciés et dans les feuilles, et dans les parties de la génération. 150. —La Pélorie , que M. Linnæus avait annoncée comme se reproduisant de graines et comme conservant avec constance la régularité de ses fleurs, ne s’est pas montrée telle ni dans les pieds qu’il a envoyés, ni dans la Linaire vivace, Linariavulgaris, ni dans la Linaire annuelle rouillée d’Espagne devenue de même Pélorie au Jardin royal. Il se trouve tantôt quelques fleurs péloriées ou régulières mêlées avec les fleurs naturelles à la Linaire sur le même pied, tantôt tous les pieds sont à fleurs régulières, c’est-à-dire naturelles , tantôt ils sont à fleurs régulières ou péloriées. Dans tous ces cas les fleurs régulières ou péloriées sont toutes stériles; il n’y a que les fleurs naturelles qui donnent des graines d’où naissent souvent parmi des pieds de binaires naturelles d’autres pieds de binaires péloriées. Or ces plantes péloriées, qui pèchent par un vice de conformation dans leurs fleurs, ne peuvent être regardées quecommedes mulets stériles et presque comme des monstres, quoique la Pélorie vivace se reproduise debour- geons, parce que lamultiplication par graine est la voie la plus naturelle à ce genre de plante. Voilà les faits les plus authentiques sur lesquels M. Linnæus avait cru pouvoir établir la transmutation des espèces dans les plantes; car pour les autres exemples cités tant par Gmelin queparM. Linnæussur les plantes qu’il a\>pe\\e Hybrides, ils ne sont pas allégués comme des changements opérés sous leurs yeux en semant les plantes avec un soin particulier, mais seulement comme des conjectures, et l’exposé de l’espèce mulâtre créée en 1748 de deux Verveines d’Amérique, n’est ni assez clair, ni assez détaillé, ni assez précis, pour qu’on puisse sagement en rien inférer. Passons actuellement aux deux faits plus récents encore inconnus à M. Linnæus, et sur lesquels les enthousiastes de cette opinion paraissent se croire fondés à admettre la transmutation des espèces. 151. — Le premier de ces faits regarde le Fraisier commun qui, semé de graines, a donné, en 1763, un Fraisier dont les feuilles sont le plus souvent simples ou , pour parler plus exac- tement, ont un seul lobe au lieu de trois lobes qu’ont les feuilles des Fraisiers ordinaires. Le Fraisier à une feuille , multiplié de ses graines, donne des pieds à une feuille et des pieds à trois feuilles, et d’autres pieds qui ont de ces deux sortes de feuilles mêlées ensemble. On a cru pouvoir conclure de ces faits variables comme on conclut des faits conslants; on a cru que](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b24863890_0100.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)