Histoire de la botanique et plan des familles naturelles des plantes.
- Adanson, Michel, 1727-1806.
- Date:
- 1864
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Credit: Histoire de la botanique et plan des familles naturelles des plantes. Source: Wellcome Collection.
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![Chrislophoriana fut métamorphosé en Actea; le Jalap reçut le beau nom de Mirabilis; enfin par quatorze axiomes, peu fondés {Phil. Bot., p. 160), M. Linnæus a trouvé le secret de boule- verser et de changer la plupart des noms les plus reçus en botanique et en médecine, ce qui aurait fait un tort infini à ces deux sciences; car comment reconnaître la Ciguë dans les an- ciens, si nous transportons son nom latin Cicuta à des plantes de Canada, ou leur Bouleau, si nous donnons son nom grec Sarmjda, ou plutôt Semude, à une plante des îles d’Amé- rique? Comment entendre les comparaisons que les botanistes font de diverses plantes par les feuilles, par exemple, foliis Kelmiœ, foliis Belladonœ, foliis Fagopijri, etc., si nous chan- geons leurs noms de Ketmia en Hibiscus, celui de Belladona en Atropa et celui de Fagopyrum en Helxine ? S’il n’est pas pardonnable de changer des noms fort bons ou au moins passables, autorisés par l’usage, reçus en médecine, et consacrés par les botanistes, pour leur en substituer d’autres souvent moins bons ou déjà employés par les Grecs comme synonymes, il l’est encore moins de défigurer les ouvrages posthumes des auteurs, en les publiant avec ces noms im- propres, comme a fait M. Burmann (auteur d’ailleurs fort célèbre et très-estimable par nombre de bonnes figures qu’il a procurées aux botanistes) en mettant à la tête des figures et descrip- tions de Plumier le synonyme grec du Piraster [Achras] au lieu du Sapota, celui du Prunier {Spond.'as) au lieu du Monbin, etc. Heureusement, pour la stabilité de la botanique et pour la sûreté de la médecine, les botanistes les plus sensés et les plus habiles se sont opposés à ces innovations; Heister les a combattues avec avantage dans l’ouvrage intitulé ; De studio rei Herbariœ 1830, emendando, in-4. Helmstadii, dans sa Dissertatio de Systemate Linnoei, 1648, in-8. Helmstadii. Le savant M. Ludwig s’y est opposé de même dans ses Institutiones historico- physicœ regni vegetabilis, in-8. Lipsiœ, 1757, où il dit formellement, au paragraphe219, No- mma barbara si idonea sunt et facile pronuntianda, non rejiciantur ; non tantum enim grœca et latina nomina, si certas plantas désignant, sed Arabica quoque et alia assumimus, v. g. Marrubium, Harmala, Henna, Adatoda. Si vocabula non flectipassant, indeclinabilia maneant, V. g. Bonduc, K ali, Cheiri, Mac; si vero minus apta et pronunciatu difficillima sunt, tune rejiciantur ut Mail-anschi, Japarandiba et varia nomina ex Horto Malatiarico. Enfin ni la France, ni l’Angleterre, ni aucune nation savante de l’Europe n’a reconnu ces changements de M. Linnæus; ils n’ont été adoptés que par un petit nombre de ses disciples, et notamment par ceux qui ont fait des catalogues copiés de ses ouvrages. DÉCOUVERTES QUI ONT ÉTÉ FAITES SUR LES PLANTES. Nous allons rapporter ici, suivant l’ordre des parties des plantes, les découvertes qui y sont relatives, en citant l’ancienneté de leur date. 196. — La distinction des plantes en Arbres, Arbrisseaux et Herbes, a été d’abord em- ployée par les anciens, Aristote, Théophraste, etc., ensuite par Le Bouc, en 1532 ; l’Écluse, en 1576, les a encore divisées en sous-Arbrisseaux. 197. — Pline connaissait les bourgeons des plantes qu’il appelait Germen. Il paraît qu’il pensait que les bourgeons se développent comme les graines, au moins comme les Monocotylé- dones; et il avertit qu’il ne faut pas confondre avec eux les boutons à fleurs qu’il appelle Gemma. Germen autem, dit-il, est id quodex ipsis Arborum surculisprimo vere exit, ex quo deinde folium producitur : nam Gemma proprie floris est quanquam utrumque confundatur. Malgré cette remarque de Pline, Ray, en 1682, est tombé dans cette confusion qui a été suivie jusqu’à ce jour, et il a cru pouvoir distinguer les Arbres d avec les Herbes par le moyen des bourgeons; il appelait les premiers Gemmiparœ, et les dernières Gemmts carentes. On voit par le passage de Pline, que le terme de Gemma est impropre ici. Pontedera a suivi la même idée; mais cette marque n’est plus distinctive, depuis qu’on a reconnu que les jeunes pousses {Germina) de la plupart des arbres des pays très-chauds, ne sont pas plus couvertes (l’écailles que celles des plantes herbacées et de quelques arbres toujours verts. 198. —Malpighi ,dans son,Inatome Plantarum, fol. Londini, 1686, fig. 68 à 76, a observé le premier la manière dont les feuilles des plantes sont pliées ou roulées dans les bourgeons avant leur développement; et M. Linnæus a étendu les mêmes recherches sur environ cent soixante-](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b24863890_0114.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)