Traité de chirurgie / par M.-J. Chélius, traduit de l'allemand,...par J. B. Pigné.
- Chelius, J. M. (Joseph Maximilian), 1794-1876.
- Date:
- 1836
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Credit: Traité de chirurgie / par M.-J. Chélius, traduit de l'allemand,...par J. B. Pigné. Source: Wellcome Collection.
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![même plusieurs années* flans eet étal; puis les accidens augmentent ; les douleurs lancinantes deviennent plus vives, s’étendent jusqu’à l’aine et jusqu’aux cuisses ; { écoulement devient ichoreux. et très fétide, et il est mélé de lambeaux gangrenés et de caillots de sang. Quelquefois il survient des perles en rouge très-abondantes. L’état général s’altère profondément; tous les phénomènes pro- pres à la consomption squirrheuse surviennent ; la face prend une coloration plombée caractéristique, et la mort arrive, soit rapidement à la suite d’une hémorrhagie considérable, soit, comme cela a lieu ordinairement, par suite d’une faiblesse épouvan- table et de la consomption hectique. A l’examen cadavérique d’une malade qui a succombé à un cancer de l’utérus arrivé à ce point on trouve que la portion vaginale de l’utérus est ulcérée, plus ou moins détruite, couverte d excroissances fon- gueuses et de nodosités très-dures ; que l’aitération s’étend dans la cavité du col utérin ; que 1 utérus lui-même et souvent la partie supérieure du vagin sont durs et dégénérés; que l'ulcération peut s’é- tendre au rectum et à la vessie, et alors les acci- dens sont beaucoup plus graves. [ Pendant mon séjour à la Salpétrière il m'a été permis de voir un grand nombre de cancers de l’utérus, et de faire l’aulopsie de plus de soixante malades mortes des suiles du cancer de l’utérus. Dans un grand nombre de cas j’ai trouvé que tout le col était détruit ; qu’il était remplacé par un vaste cloaque, dans lequel venaient se rendre tes matières récales, qui sortaient du rectum largement, perforé, l’urine, qui s’écoulait constamment à travers une large ouverture de la vessie; le pus fétide et le sang, qui s’échappaient de la j cavité utérine. Presque toujours le fond de l'ulériis était tjain, seulement beaucoup plus pâle qu’à l’état normal, l a portion supérieure du vagin était également .détruite dans une grande étendue. Ce cloaque infect était tapissé de tous côtés par une membrane fongueuse, villeuse, d’où se déta- cllaient constamment des lambeaux grangrenés. Sur tes côtés de l’utérus, au niveau des trompes, cetle excavation n’était séparée que par ses fongosités du péritoine, qui était très-ad- hérent, et quelquefois enflammé et suppuré. Cette péritonite, qui le plus souvent était tout à fait locale, s’étendait quel- quefois à tout le bassin, et alors, tout autour de la portion qui restait de l’utérus, et tout autour du rectum, se trou- vaient de larges décollemens, remplis de pus et de tissu cellulaire gangrené. — l.es uretères ôtaient presque con- stamment considérablement distendus dans toute leur éten- due ; les veines du bassin étaient gorgées d’une masse con- crète blanchâtre, de la consistance du suif; on rencontrait de celte matière dans leurs petites ramifications : c’est là le suc cancéreux de Cruvei/hier. Les gros troncs veineux, jus- qu’à leur réunion à la veine cave, étaient ordinairement oblitérés par une masse semblable. Les ganglions du bassin étaient en pariie engorgés, imbibés de ce suc, et en partie détruits par la suppuration. Au milieu d’un désordre sem- blable, les parois du reottim et de ia vessie, à peu de dis- tance de leur perforation, conservaient leur structure nor- male. Les muscles du bassin, quoique entièrement disséqués par le pus mêlé au résidu cancéreux, offraient leur aspect et leurs propriétés physiques, et, chose remarquable au I milieu de ce désordre, les malades succombant avec tous les caractères de l'affection cancéreuse portée à un très- haut degré, et, trouvant, du suc cancéreux dans toutes les veines du bassin, il ne m’est pas arrivé une seule fois de rencontrer des tumeurs ou des ulcères cancéreux, ni dans le foie, ni dans les poumons, ni dans aucun aulre organe de l’économie ; en sorte que la maladie paraissait, dans tous les cas, être restée locale. Ces autopsies confirment l'opinion émise depuis longtemps par Dupuytren , à savoir que le cancer des parties génitales de l’homme et de la femme ne donnait jamais ou que très-rarement lieu à la production de cancers dans les organes éloignés, tandis que le cancer des autres parties, dès qu’il est ulcéré, a une tendance très- grande a déterminer une affection de même nature dans tous les organes. Cette localisation du cancer des organes géni- laux explique aussi ce fait : que, à la suite de son extirpa- tion, c’est toujours dans son lieu primitifque la reproduction a lieu , tandis que, dans les autres organes, lorsqu'un cancer est extirpé, il se reproduit peut-être aussi souvent loin du lieu où il a été extirpé qu’aü nivpau de la cicatrice résultant de l’opération.] (Note du traducteur.) 2263. Le cancer de l’utérus présente quelques particularités dans sa marche : chez les personnes à fibres rigides l’ulcération squirrheuse fait des progrès plus rapides, et, chez les sujets à consti- tution molle, il détermine plus fréquemment des fongosités, et donne lieu plus souvent à des hé- morrhagies abondantes. Le diagnostic est en géné- ral facile; il l’est d’autant plus qu’ordinairement le chirurgien n’est appelé à donner son avis sur la nature du mal que lorsque déjà il a fait de grands progrès. Les divers états morbides qui pourraient être confondus avec le caucer commençant sont : une inflammation chronique et une induration de bonne nature, la dégénérescence stéalomateuse (fibreuse), le renversement de l’ulérus, le polype et le fongus médullaire. Ces divers états morbides peuvent être diagnostiqués après un examen très- attentif. Je ferai remarquer ici que, dans les cas nombreux que j’ai été a même d’observer, le cancer avait constamment débuté par le museau de tanche; que, s’il m’est arrivé pres- que toujours de rencontrer le fond de l’utérus sain, j’at constamment trouvé la partie vaginale détruite, et son col profondément altéré quand il n’était pas entièrement détruit. Les polypes de l’utérus* et surtout certains polypes qu! so rapprochent de la nature muqueuse, donnent lieu a des symptômes que l’on pourrait confondre avec ceux du cancer de l’utérus. Ces symptômes sont : un sentiment pénible et douloureux de tiraillement dans les lombes; des pertes en blanc très-abondantes, qui alternent avec les pertes en rouge; un engorgement du museau de tanche, qui est dur, boursoufflé, et dont l’orifice est béant : dans ces cas, comme dans le eancer, l’ulérus n’a pas plus de volume qu’à l’état normal. Puis, dans le cas de polypes, le museau de tanche est simplement engorgé, tandis que, dans le cancer, il est ulcéré ou détruit; mais, dans les cas de polypes, tes hémor- rhagies fréquentes déterminent une bouffissure de la face, dont la peau devient pôle et comme transparente ; tandis que, dans les cas de cancer, le faciès est terreux, jaune paille, mais les extrémités inférieures sont considérablement œdématiées; et, lorsque la maladie est très-avancée, elles sont le siège de douleurs très-vives qui suivent tantôt, les ramifications du nerf crural, et tantôt, ce qui est le plus fréquent, les ramifications du nerf sciatique jusqu’au niveau du crçux poplité, quelquefois mais rarement jusqu’à la plante des pieds. (Noie du traducteur.) 2264. Le cancer de l’utérus peut se développer 72 /](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21306837_0607.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)