Traité de chirurgie / par M.-J. Chélius, traduit de l'allemand,...par J. B. Pigné.
- Chelius, J. M. (Joseph Maximilian), 1794-1876.
- Date:
- 1836
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Credit: Traité de chirurgie / par M.-J. Chélius, traduit de l'allemand,...par J. B. Pigné. Source: Wellcome Collection.
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![C05 être a-t-on encore l’habitude de couvrir les plaies résultant d’une amputation de compresses souvent arrosées d'eau froide. Ce mode de pansement avait l'avantage de prévenir la turgescence inflammatoire, et de prévenir l'abondance de la suppuration. 11 y a une vingtaine d’années que San.ion l’employait avec avantage à l’Hôtel-Dieu. Depuis cette épo- que plusieurs praticiens ont converti les applications d'eau froide en irriyations continues que l’on fait à l’aide d'un syphon. L'eau dont on se sert doit être à la même tempéra- ture que la salie. Ces irrigations ont eu de beaux résultats. Dans ces derniers temps Jules Guyot a eu l’idée de les rem- placer par la chaleur. Fondé sur ce principe que tous les actes de réparation se t'ont, dans le corps humain, à la tem- pérature de 35 degrés, et assimilant le travail de cicatrisa- tion au travail de la digestion, il place le moignon dans une boite dont la tempe'rature est constamment maintenue a 35 degrés à l’aide d’une lampe â esprit de vin. Des essais déjà nombreux ont été raits , et les résultats paraissent être assez avantageux pour qu’on doive espérer de voir enfin diminuer la mortalité à la suite des amputations. Le moignon doit être placé dans cette boîte sans aucun pansement, de manière à ce que la plaie soit immédiatement en contact avec l'air, dont la température a été élevée. D’après les faits déjà con- nus nous pouvons dire qu'il ne survientaucune tuméfaction, aucune fièvre , aucune réaction inflammatoire, aucune hé- morrhagie consécutive ; que , le pus s'écoulant librement, la résorption purulente est. peut-être moins à redouter , que le malade n’éprouve aucune douleur ; enfin que les panse- mens sont extrêmement rapides, et ne causent aucune dou- leur au malade ; mais nous devons dire aussi que le pus est plus abondant ; que, étant condaniment entouré d’un air chaud, il acquiert rapidement une odeur mordante extrême- ment forle ; enfin que, vers le quinzième jour après l’opéra- tion, la plaie devient plus rouge, et tellement douloureuse qu’on est le plus souvent obligé de retirer le calorifère, et de soumettre le moignon au pansement ordinaire.. Nous croyoïis donc que l’appareil deGuyol met à l’abri des acci- dens primitifs de l’amputation, qu’il doit être enlevé vers le quinzième jour, mais qu’alors, l’époque des accidens les plus graves étant passée, on peut retirer de son emploi les plus grands avantages. {Note du traducteur.) III. Amputations dans ta continuité. I. AMPUTATION DE LA CUISSE. 2424. Dans l'amputation de la cuisse, soit par la méthode circulaire, soit par la méthode à lam- beaux, le,malade doit être couché sur une table re- couverte d’un matelas, de manière à ce que ses extrémités inférieures soient libres, et dépassent le bord delà table; son tronc sera dans une situation moyenne entre la position assise et la position couchée. L’exlrémité saine prendra point d’appui sur une chaise placée près du lit, et elle sera fixée par un aide. Un autre aide sera chargé de tenir le membre malade à l’aide d'une main placée près du genou, et l’autre au-dessus des malléoles; pendant toute l’opération la cuisse sera légèrement fléchie sur le ventre, et la jambe formera avec la cuisse un angle obtus. Un troisième aide comprimera, soit avec scs doigts, soit avec un compresseur, l’artère crurale contre la branche horizontale des pubis. Un quatrième, placé au côté externe de la cuisse, saisira le membre de ses deux mains, ten- dra régulièrement la peau afin qu’elle ne fasse aucun pli. Enfin un cinquième aide présentera les instruments à l’opérateur. La compression exercée par un aide est préférable à l’ap- plication du tourniquet , qui eu général ne peut êlre em- ployé que lorsque la cuisse doit être amputée dans son tiers inférieur ; et alors l’application de l’instrument doit ètro faiteau tiers supérieur du membre. Pour exercer la com- pression on applique généralement les quatre derniers doigts d’une main sur le trajet de l’artère, et, lorsque ces doigts son fatigués, on applique sur eux les quatre derniers doigts de l’autre main. Cette pratique est vicieuse en ce qu’elle est excessivement fatigante, et que l’amputation n'est pas ter- minée que déjà l’aide est dans l’impossibilité de comprimer exactement. Un moyen que j’ai entendu recommander par Chélius, et qui m’a parfaitement réussi, consiste à embras- ser avec les deux mains la cuisse au pli de l’aine de ma- nière à ce que les deux pouces sc trouvent au niveau de l’artère ; un seul ponce exerce la compression, et, dès qu’il est fatigué, l’antre est appliqué immédiatement au-dessus et le remplace. De cette manière l’artère est exactement com- primée, et elle peut l’être pendant tout le temps de l’opé- ration , quelque longue qu’elle soit, sans que l’aide soit fatigué, puisqu’il se repose constamment d’une main pen- dant que l’autre comprime.] , [Note du traducteur.) MÉTHODE CIRCULAIRE. 2425. Procédé ordinaire. — L’opéralear se plaça au côlé externe de la cuisse de la manière suivante: avec la main droite, armée d’un bistouri droit, il contourne la cuisse en arrière, en dedans, puis en avant, de manière à ramener le tranchant sur le côlé externe dans une direction perpendiculaire, sa pointe dirigée eu bas ; il l’applique à environ un travers de doigt au-dessus de la rotule, mais tou- jours suivant l’épaisseur du membre, à trois ou quatre pouces au-dessous de l’endroit où doit se faire la section de l’os. D’un trait circulaire, tout autour de la cuisse, il divise uniformément la peau et le tissu cellulaire sous-culané jusqu'au fascia lata (1). L’aide attire de nouveau la peau en haut et dans toute la circonférence du membre pendant que l’opérateur coupe par de petites sections su-, perficielles le tissu cellulaire, qui, retenaEU la peau, empêche sa réfaction : il la détache ainsi de ma- nière à mettre à découvert l’aponévrose dans une hauteur de deux travers de doigls. — Avec le grand couteau droit à amputation (saisi à pleine main de manière à ce que la partie supérieure du manche se trouve embrassée entre le pouce et l’indicateur tandis que le reste est embrassé par les trois autres doigts) l’opérateur mettant le genou droit à lerre, contourne la cuisse de manière à ramener le cou- (1) Cette manière d’opérer en deux temps appartient A J.-L. Petit (Œuvres complètes, 1837, pag. 812) ou * Chesetden.](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21306837_0649.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)