Volume 1
Traité de physiologie comparée des animaux domestiques / par G. Colin.
- Date:
- 1854-1856
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Credit: Traité de physiologie comparée des animaux domestiques / par G. Colin. Source: Wellcome Collection.
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![Lorsqu'on a entrevu l'importance des données que peut fournir l'observation, on sent la nécessité d'observer. Le pliysiologiste doit se plier à celte nécessité impérieuse, car il a sous les yeux un livre toujours ouvert, dont chaque page ren- ferme , pour qui sait y lire, un |)récieux enseignement qu'il clierdicrait en vain à d'autres sources. 11 faut qu'il observe sans cesse, soit pour saisir les analogies et les dissemblances des phénomènes qu'il étudie, soit pour reconnaître toutes les parti- cularités intéressantes des fonctions chez les animaux, soit enfin pour rassembler les résultats des expériences qu'il entreprend. Ces dernières, si habilement conçues et dirigées qu'elles puissent être, ne donnent tous les enseignements qu'elles portent en elles qu'autant qu'elles sont suivies avec un soin extrême, sinon les observations sont inexactes ou incomplètes; elles ne conduisent qu'à des données insuffisantes, en partie fausses, et ne peuvent servir de base à des raisonnements sains et à des théories rigoureuses. Mais pour qu'il s'acquitte bien de cette tâche, il lui faut beaucoup de bomic volonté, de patience, de tact, de sagacité et de finesse, qualités qu'il s'efforcera d'acquérir s'il ne les possède pas naturellement. L'esprit d'observation est, du reste, pour ceux qui se livrent à l'étude de la médecine ou des sciences naturelles, la première condition du succès. Sans son secours, il paraît bien difficile de devenir jamais praticien habile, eût-on d'ailleurs toutes les con- naissances que donnent les livres et les leçons des maîtres. Peut-on douter que ce qui a fait les grands médecins, les Fernel, les Sydcnham, les Boerhaave et tant d'autres, ce furent bien moins les notions qu'ils puisaient dans les écrits de leurs devanciers que les profondes connaissances qu'ils savaient acquérir d'eux-mêmes? Ne sait-on pas que les anatomistcs des derniers siècles et ceux de notre époque n'ont dû leurs belles découvertes qu'à des investigations threcles, substituées à la vieille routine qui consistait à tout chercher dans Galien et ses commentateurs. N'est-il pas évident que c'est par la même méthode que les naturalistes ont porté si loin la zoologie et la botanique ? Où en seraient ces sciences, si l'on s'était borné au rôle stérile de commenter Aristole, Théophrasle, Gessner, Aldrovaiule, comme on le fit trop longtemps ? Aussi quelle reconnaissance ne doit-on pas à ces hommes supérieurs, Tourneforl, Linné, Réaumur, Bufi'on, Guvier, etc., pour nous avoir montré quelles sublimes inspirations et quelles immenses richesses on peut trouver dans l'observation de la nature. L'observateur ne doit rien négliger; il n'est aucune particularité, si minime qu'elle soit, qui mérite son dédain ; il n'est rien qui doive paraître petit à ses yeux, car souvent les plus petites choses renferment de grandes révélations, et cela dans toutes les sciences. Ne sont-ce pas les oscillations d'une lampe qui ont conduit Gafilée à la théorie du pendule? N'est-ce ])as la chute d'une pomme qui fut pour .Newton le point de départ de la découverte de l'attraction? La légèreté que semble acquérir le corps plongé dans l'eau ne donna-t-elle point à Archimède le moyen de découvrir si la couronne du lyran de Syracuse ne conteiuiit pas un alhage impur? Que de choses iguorées seraient aujourd'hui connues et auraient une signi- fication précise si l'on s'était donné la peine de les envisager dans tous leurs détails ? 11 y a, dans chaque science, une foule de i)oinls sur lesquels l'alteution a besoin d'être appelée pour y apporter de la lumière, saisir des rapports jusqu'alors ina- perçus, établir des rapprochements qu'on n'a même pas soupçonnés. Jl n'y a peut-](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21984499_0001_0036.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)