Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante ... / par un professeur [A. Brillat-Savarin].

  • Brillat-Savarin, 1755-1826
Date:
1844 [i.e. 1845]
Catalogue details

Licence: Public Domain Mark

Credit: Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante ... / par un professeur [A. Brillat-Savarin]. Source: Wellcome Collection.

    38/490 (page 30)
    reil aussi complet que la bouche ou les yeux; et ce qu’il y a de singulier, c’est que chaque'sexe ayant tout ce qu’il faut pour éprouver cette sensation, il est néanmoins nécessaiie que les deux se réunissent pour atteindre au but (pie la nature s’est proposé. Et si le (joût, qui a pour ])ut la conservation de l’individu, est )ncontestal)lement un sens, à plus forte raiso.n doit-on accorder ce titre aux organes destinés à la conserva- tion de l'espèce. Donnons donc au génénque la place sensuelle qu’on ne peut lui refuser, et reposons-nous sur nos neveux du soin de lui assigner son rang. MISE EN ACTION DES SENS. 2. — S’il.est permis de se porter, par l’imagina- tion, jusqu’aux premiers moments de l’éxistence du genre humain, il est aussi permis de croire que les pre- mières sensations ont été purement directes, c'est-a- direqu’onavu sans précision, ouï confusément, flairé • sans choix, mangé sans savourer, et joui avec bru- talité. Mais toutes ces sensations ayant pour centre commun l’ûme, attribut spécial de l’espèce humaine, et cause toujours active de perfectibilité, elles y ont été réflé- chies, comparées, jugées ; et bientôt tous les sens ont été amenés au secours les uns des autres, pour l’utilité et le bien-être du moi sensitif, ou, ce qui est la même chose, de Vindividu. Ainsi, le toucher a reetif’ié les erreurs de la vue ; le son, au moyen de la parole articulée, est devenu l'in- terprète de tous les sentiments; le goût s’est aidé de la vue et de l’odorat; l’ouïe a comparé les sous, apprécié les distances; et le génésique a envahi les organes de tous les autres sens. Le torrent des siècles , en roulant sur l’espèce hu- maine , a sans cesse amené de nouveaux perfectionne- ments , dont la cause, toujours active, (pioique près-