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Credit: La psychologie des sentiments / par Th. Ribot. Source: Wellcome Collection.
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![\ t de plaisir physique, que se passe-t-il dans les terminaisons péri- / phériques, dans les nerfs, dans l'axe cérébro-spinal? Ces questions ne sont pas même posées par la plupart des auteurs. La physio- logie de la douleur, malgré ses incertitudes, est riche et instruc- tive, en comparaison de celle du plaisir. Dans ces derniers temps, on a soutenu que le plaisir, ainsi que la douleur, doit être considéré comme une sensation, non comme le concomitant des divers états psychiques; qu'ils sont l'un et l'autre des sens fondamentaux ayant leurs énergies nerveuses pro- pres et distinctes des autres sensations : en d'autres termes, les expressions « sensation de plaisir et de douleur » devraient être prises au sens strict que comporte le mot sensation. Nous en avons déjà parlé à propos de la douleur. Cependant il ne me paraît pas inutile d'y revenir ; car cette assertion, outre son caractère hjpo- thétique, ne me paraît pas heureuse. En effet, s'il est un état psychologique qui soit nettement délimité et différencié de tous les autres, c'est la sensation. La sensation est déterminée et circonscrite par un organe spécial qui ne sert qu'à cette fin, comme la vue, l'ouïe, etc. ; tout au moins par des nerfs spéciaux et des terminaisons périphériques spéciales, comme le toucher et la température. Les sensations internes, malgré leur appareil nerveux propre, ont un caractère plus vague : ainsi quelques psychologues les appellent indifférem- ment sensations et sentiments. Les sensations kinesthétiques ou de mouvement, comprises longtemps sous le nom de sens musculaire — terme impropre qui tend à disparaître, — quoique diffuses dans l'organisme, ont cependant des nerfs qui leur sont propres : ceux du tissu musculaire, des articulations (du périoste, des ligaments, des synoviales, des tendons). Mais pour le plaisir et la douleur, il ne se trouve ni organes, ni nerfs spéciaux. Nous avons vu l'opinion admise au sujet des nerfs dolorifères ; quant à des nerfs du plaisir, je ne connais aucun auteur qui en ait hasardé l'hypothèse, si fai- blement que ce soit. Il est vrai que l'un de ceux qui admettent les nerfs de douleur (Frey) s'est tiré fort commodément de cette diffi- culté, en disant ([ue le plaisir « n'étant (]ue l'absence de douleur » ne suppose pas de nerfs spéciaux. N'est-ce donc pas fausser com- plètement l'acception des termes que de classer parmi les sensations](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b21294124_0067.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)