Volume 1

Superstitions anciennes et modernes: prejugés vulgaires qui ont induit les peuples à des usages et à des pratiques contraires à la religion / [d'après le Pierre le Brun et l'abbé J.B. Thiers, avec des remarques par J.F. Barnard].

  • Lebrun, Pierre, 1661-1729
Date:
1733-1736
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Credit: Superstitions anciennes et modernes: prejugés vulgaires qui ont induit les peuples à des usages et à des pratiques contraires à la religion / [d'après le Pierre le Brun et l'abbé J.B. Thiers, avec des remarques par J.F. Barnard]. Source: Wellcome Collection.

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    „ Saint Auguftin (a) qui affifta à ce célébré Conci- „ le , allure dans le fécond Livre de la Doétrine Chrê- ,, tienne, Qu’il y a de la fuperftition dans tout ce que „ les hommes ont établi pour faire & pour adorer les „ Idoles; dans tout ce qui fe termine à adorer comme „ Dieu la créature » ou quelque partie de la créature ; & ,, dans tout ce qui regarde les alliances & les pactes que j, l’on fait avec les Démons. Il dit enfuite, Qu’il y a „ de la Superftition dans la Magie, dans les augures, „ dans les ligatures, dans les remedes que la Medecine j, condamne ,. dans les charmes, dans les caraéteres, „ dans les prefervatifs , dans la vaine obfervance , & „ dans l’Aftrologie judiciaire. „ Il défend ailleurs aux Chrétiens (h), de mettre ,, leur pieté dans le culte des Démons, parce quecom- „ me toute Superftition eft un grand fupplice & une „ très-dangereufe infamie pour les hommes, elle eft un „ honneur & un triomphe pour les efprits de ténèbres. Entre les avis falutaires que faint Eloi Evêque de Noyon donne à lés peuples, il leur dit (c) félon le rapport *de faint Oiien Archevêque de Rouen dans fa Vie: ,, Avant toutes chofes, mesfreres, je vous aver- „ tis & vous conjure de ne garder aucunes coutumes „ Payennes ; de n’ajoûter foi ni aux Graveurs de pre- „ fervatifs, ni aux Devins, ni aux Sorciers, ni aux „ Enchanteurs, & de ne' les point confulter pour quel- „ que fujet ou quelque maladie que ce foit : parce que y, celui qui commet ce crime perd aufli-tôt la grâce du „ Bâpteme. N’obfervez point les augures ni les éter- ,, nuëmens, & quand vous ferez en chemin ne prenez ,, pas garde au chant de certains oifeaux, mais foit que „ vous cheminiez , foit que vous fafliez quelqu’autre „ chofe, faites le ligne de la Croix fur vous & recitez „ avec foi & pieté le Symbole & l’Oraifon Dominica- „ le, & l’Ennemi ne vous poura nuire. Qu’aucun „ Chrétien ne remarque à quel jour il fort de fa mai- „ fon , ni à quel jour il y rentre , parce que Dieu a y, fait tous les jours. Ne vous attachez ni au jour ni à „ la lune lorfque vous avez quelque ouvrage à com- yy mencer. Ne pratiquez point les ceremonies facrile- ,, ges & ridicules que les Payens font aux Calendes de y, Janvier, foit avec une geniflé ou avec un fan, foit y, en dreflant des tables la nuit, foit en donnant des é- 9, trennes, foit en faifant des beuvettes fuperfluës. Ne ,, croyez point aux bûchers, & ne vous affeyez point „ en chantant, parce que toutes ces pratiques font des y, ouvrages du Démon. Ne vous arrêtez point aux fol- „ ftices y & qu’aucun de vous ne danfe, ne faute , ni „ ne chante des chanfons diaboliques le jour de la Fête „ de faint Jean , ni de quelqu’autre Saint. Qu’aucun „ de vous n’invoque les noms des démons, ni ceux des ,, fauffes divinitez, & n’ajoûte foi à de femblables fo- ,y lies. Ne palfez point ie Jeudi dans l’oifiveté ni pen- ,, dant le mois de Mai, ni pendant un autre temps, à „ moins qu’il n’arrive ce jour-lâ quelque Fête. Ne y, chommez que le Dimanche. Ne portez point des y, flambeaux aux Temples des Idoles, aux pierres, aux y, fontaines, aux arbres, ni aux carrefours, & ne faites „ des voeux à aucune de ces chofes. N’attachez point „ de ligatures au cou des femmes ni des belles, quand „ même vous verriez des Ecclefiaftiques en ufér ainfi, „ & que l’on vous dirait que cette pratique fetoit fain- y, te, & qu’elle ne renfermerait que des paroles de l’E- y, criture, parce qu’un tel remede ne vient pas de J e- ,, sus-Christ, mais du Démon. Ne faites point „ d’expiations, n’enchantez point des herbes & ne fai- y, tes point palier vos troupeaux par des arbres creux, y, ni dans de la terre percée, d’autant qu’il femble que y, ce foit les confâcrer au Démon. Qu’aucune femme y, ne pende à fon cou de l’ambre, & n’invoque ni Mi- y, nerve, ni aucune autre malheureufe perfonne, foit (a) c. 20. (b) Lib. de vera Relig. c. ff. (c) Lib. 2. c. \f. tom. j. Spicileg. Acheri. On lit la même cho- ft dans le Sermon de Saint Eloi ad omnem plebem, dans le Traite. De reftitudine Catholicæ converfationis , qui fe trouva dant f Appendix du g. Tome des œuvres de S, Au^ufiin. „ pour filer, foit pour teindre, foit pour faire quel- „ qu’autre ouvrage, mais plutôt qu’elle implore la gra- „ ce de J e s u s-C hrist dans toutes fes aétions, 8c „ qu’elle mette toute fa confiance dans la vertu de fon „ nom. Qu’aucun ne crie lorfque la lune s’écliplé, par- „ ce qu’elle s’éclipfe en certains temps par l’ordre de „ Dieu. Qu’aucun ne faflé difficulté d’entreprendre „ des ouvrages dans la nouvelle lune, d’autant que „ Dieu a créé la lune pour marquer les temps , & „ pour modérer les tenebres de la nuit, non pas pour „ arrêter les ouvrages de qui que ce foit, ni pour ren- „ dre les hommes infenfez, comme s’imaginent certains „ fous, dans la penfée qu’ils ont que ceux qui font „ pofledez par les Démons font tourmentez par la lune. „ Que perfonne n’appelle fon Maître le foleil ou la lu- „ ne, & ne jure par ces deux affres, qui font des crea- „ tures de Dieu, &qui, félon qu’il l’a ordonné, fer- y> vent aux neceffitez des hommes. Que perfonne ne „ croye au deftin, ni à la fortune , ni à l’Aftrologie „ judiciaire, en forte qu’il juge de toute la vie des „ hommes par le point de leur naiflance, parce que „ Dieu veut que tous les hommes fbient fauvez,, gr „ qu'ils viennent a la connoijjance de la vérité, & qu'il „ a réglé toutes chofes avec fageiïê avant la création du ,, monde. S’il vous arrive quelque maladie, n’ayez ,, recours ni aux Charmeurs, ni aux Devins, ni aux „ Sorciers, ni aux Graveurs de prefervatifs. Ne vous „ attachez ni aux fontaines, ni aux arbres, ni aux car- ,, refours, pour faire des phylaéferes diaboliques ; mais „ que celui qui eft malade ait confiance en la feule mi- „ fericorde de Dieu, qu’il reçoive avec foi & avec de- „ votion le Corps & le Sang de J e s u s-C h r i s t , „ & qu’il demande à l’Eglife le Sacrement de l’Extrê- „ me-Onéfion, afin que les Prêtres prient four lui, fe- „ Ion le langage de l’Apôtre faint Jacques (d), Voi- „ gnant d'huile au nom du Seigneur, que la priere de „ la foi fauve le malade, que le Seigneur le foulage, en „ lui rendant non-feulement la fanté du corps, mais „ auffi celle de l’ame, & qu’il accompliflé et? luilespro- „ melTes qu’il a faites dans fon Evangile”: (e) Quoi¬ que ce foit que vous demandiez, dans la priere, vous l'ob¬ tiendrez, , Ji vous le demandez, avec foi. CHAPITRE III. Sent mens du Jîxiéme Concile de ‘Parts en 829. Des CanonsPenitentiauX) de Guillau¬ me le Maire Evêque d'Angers, du Concile de P alêne e en 1322. de Guillaume Arche¬ vêque de Cologne & de la Faculté de Théo¬ logie de Parts, fur les Superjlitions. LE 6. Concile de Paris en 829. fi fameux pour le grand nombre de fages Reglemens qu’il contient, s’explique fur les Superftitions en cette forte : „ Il y a „ d’autres maux (f) très-pernicieux, qui font affûrement y, des reftes du Paganifme , tels que font la Magie, „ l’Aftrologie judiciaire , le Sortilège, le Ma^fice ou „ l’Empoifonnement, la Divination, les Charmes, & „ les conjectures qui fe tirent des Songes. Ces maux „ doivent être très-feverement punis, félon la Loy de ,» Dieu. Car il eft hors de doute, & plufieurs en ont ,, connoiffance, qu’il y a.des gens qui par les preftiyes „ & les illufions du Démon gaffent tellement les efprirs „ des hommes par des philtres -, par des viandes & pa,4 „ des phylaéferes, qu’ils fembbnt les rendre ftupides & ,, infenfibles aux maux qu’ils leur font fouffrir, „ On dit auffi qu’ils peuvent troubler l’air par leurs ma- „ lefices, envoyer des grefl es, prédire les chofes à venir, „ ôter aux uns leurs fruits & leur lait pour le donner » aux (I) c. f. (t) Matt. 24. (f) Lib. 3 eap. t.