Volume 1
Superstitions anciennes et modernes: prejugés vulgaires qui ont induit les peuples à des usages et à des pratiques contraires à la religion / [d'après le Pierre le Brun et l'abbé J.B. Thiers, avec des remarques par J.F. Barnard].
- Lebrun, Pierre, 1661-1729
- Date:
- 1733-1736
Licence: Public Domain Mark
Credit: Superstitions anciennes et modernes: prejugés vulgaires qui ont induit les peuples à des usages et à des pratiques contraires à la religion / [d'après le Pierre le Brun et l'abbé J.B. Thiers, avec des remarques par J.F. Barnard]. Source: Wellcome Collection.
17/398 (page 5)
![i, aux autres, & faire une infinité d’autres chofes fem- „ blables. Si l’on découvre quelques-uns de ces gens-là „ hommes ou femmes,, on les doit punir d’autant plus „ rigoureufement qu’ils ont la malice & la témérité de ,, ne point appréhender de fervir publiquement le De- ,, mon. Les Canons Penitentiaux qui font tirez des anciens Livres Penitentiaux de Théodore Archevefque de Can- torbery, du venerable Bede , de l’Eglife Romaine, de Raban Archevefque de Mayence & d’Halitgarius Evef- que de Cambray, de la colleétion de l’Auteur anonyme qui a été publié par le R. P. Dom Luc d’Achery, (a) & qui vivoit avant le neufiéme fiecle, de celle d’Ifaac Evefque de Langres, de celle d’Egbert Archevefque d’Yorc, du 19. Livre du Decret de Burchard Evefque de Wormes , & de la if. partie du Decret d’Ives de Chartres, ont condamné plufieurs fortes de Superfti- tions, & ont prefcrit en les condamnant les Pénitences que l’on doit impofer aux perfonnes qui les pratiquent. Voici comment ils en parlent : (b) ,, Celui qui à la „ maniéré des Gentils aura rendu quelque culte aux „ Elemens, & obfervé des lignes fuperftitieux foit „ pour planter des arbres , foit pour bâtir des maifons, „ foit pour femer des terres, foit pour faire des maria- „ ges, qu’il fafle penitence durant deux ans aux fériés „ légitimés”, c’eft-à-dire les Lundis, les Mercredis & les Vendredis. „ Celui qui aura fait des cnchantemens ,, & obfervé des divinations , fera penitence fept ans. „ La femme qui eft forciere, fera penitence un an, ou, „ comme il efl: ordonné par un autre Canon, fept ans. „ Celui qui aura cueilly des herbes médicinales avec des „ parolles d’enchantemens , fera penitence vingt jours. „ Celui qui aura confulté les Magiciens, ou qui les „ aura menez, fera penitence cinq ans. Celui qui aura „ purifié fa maifon avec des chanfons magiques, qui „ aura fait quelque chofe de femblable , qui y aura „ confenti. on qui l’aura confeillé aux autres, fera en „ penitence cinq ans. Celui qui aura envoyé des tem- „ pertes fur le champ d’autruy, fera penitence fept ans 1 „ dont il en jeufnera trois au pain & 3 l’eau. Celui qui 5, y aura ajouté foy , & qui y aura eu part, jeufnera „ un an aux Fériés légitimés. Celui qui aura fait quel- „ que charme par paroles, fera penitence trois Carefmes ,,'au pain & à l’eau, le premier avant le jour de la Na- ,, tivité de Nôtre-Seigneur, le fécond avant Pafques, „ & le troifiéme treize jours avant la Fefte de faint Iean ,, Baptifte. Celuy qui aura cherché au fort dans des „ Livres ou Tablette^ des chofes à venir, fera peni- „ tence quarante jours. Celui qui cherchera des chofes „ perdues dans un Aftrolabe fera penitenee deux ans. „ Celui qui mangera ou boira, ou portera fur foy quel- „ que chofe pour détourner ou pour renverler les Ju- „ gements de Dieu, fera penitence. comme Magicien. „ Guillaume Le Maître Evêque d’Angers, dansfon „ Synode de IZ94. enjoint à tous les Curés de fon Dio- „ cefe de dénoncer ceux qui s’appliquent’aux fortileges, „ à la Magie, aux Augures, à la Divination, afin de „ les punir félon la rigueur des Canons. Guillaume Ar- „ chevêque de Cologne, dans fes Statuts de l’an 1317. „ excommunie aufli les Devins, les enchanteurs & les „ forciers, & ordonne de les dénoncer publiquement pour „ excommuniés tous les Dimanches & toutes les Fêtes de „ l’année. Le Concile de Palence dans l’ancienne Caftille célébré l’an I7,n. a profcrit (c) prefque toutes les efpeces de Superftitions par ce Decret : „ Quoique le Droit Ca- „ non & les Loix Civiles ayent condamné les Superfti- „ tions des Magiciens & des Enchanteurs, il ne laifle „ pas d’y avoir quantité de gens qui tombent dans ce „ péché. C’eft pourquoi nous défendons très-exprefle- „ ment à toutes fortes de perfonnes , de confulter ces „ gens-là, & de leur demander avis, foit pour eux, foit „ pour les autres, à peine d’excommunication ipfo fdto. («) Tom. 11. S fictif g. {b) Pr&cept. 1. W caf- H- 5 „ Nous leur défendons aufli fous la mefme peine, de „ s’arrefter aux augures, & de les obferver dans la „ conduite de leur vie, & nous ordonnons aux Prélats „ & aux Prédicateurs de la Parole de Dieu de détourner ,, par leurs exhortations tous] les Chrétiens de ces „ vaines pratiques. En 1398. le 19. jour de Septembre la Faculté de Théologie de Paris fit cette notable cenfure contre les. Superftitions: „ le Chancelier de l’Eglife de Paris & la ,, Faculté de Théologie en l’Univerfité de Paris noftre „ Mere, fouhaittent à tous les zélateurs de la Foi orto- „ doxe qu’ils mettent leur efperance en Dieu & dans la „ pureté de fon culte , & qu’ils ne regardent pas les „ vanitez & les folies pleines de menfonge. Les hon- „ teufes erreurs qui font nouvellement forties de leurs », anciennes retraites, nous ont fait reflouvenitqu’encore „ que les veritez Catholiques foient ordinairement aflez ,, connuës des Théologiens, & de ceux qui s’appliquent ,, à l’eftude des faintes lettres, elles ne le font pas nean- ,, moins du refte des hommes. En effet chaque fcience „ a cela de propre qu’elle fo laiffe comprendre à ceux „ qui s’y exercent. C’eft ce qui a donné lieu à la „ maxime qui dit , Onen matière de fcience il faut „ croire eeux qui y font habiles ; 8c à ces paroles d’Ho- „ race que faint Jerome a employées dans l’Epiftre à ,, Paulin : Les Médecins promettent ce qui dépend de la ,, Médecine, & les Artifans ce qui dépend de leur Art. „ Mais la Théologie & les faintes Lettres ont cela de ,, particulier, qu’elles ne dépendent ni de l’experience, „ ni des fens, comme les autres arts, & que lesperfon- „ nés vitieufes ne les peuvent facilement comprendre, à ,, caufe que leur malice les aveugle. Voilà pourquoi „ l’Apôtre remarque, que plufieurs fe font égarez, de la „ foy par leur avarice , qu’il appelle pour ce fujet une „ idolâtrie. Les autres font tombez en toute forte d’im- „ pieté & d’idolâtrie, félon le mefme Apoftre, à caufe „ de leur ingratitude, parce qu'ayant connu Dieu, ils » ne l'ont pas glorifié comme Dieu. Les plaifirs déréglez „ delà chair ont porté Salomon à l’Idolâtrie, & Didon „ à la Magie. D’autres y ont été pouflez par une cu- „ riofité pleine d’orgueil, & pat le defir trop emprefle „ de fçavoir les chofes à venir. D’autres enfin fe font „ appliquez à des «pratiques très-fuperftitieufes & impies ,, par une miferable timidité qui dependoit abfolument „ du lendemain, comme Lucain l’a obfervé du fils du „ Grand Pompée, & que les Hiftoriens le témoignent „ de quantité de perfonnes. D’ou il arrive que le „ pecheur s’éloignant de Dieu, fe tourne du cofté des ,, vanitez & des folies trompeufes & menfongeres, & ,, que devenant impudemment & publiquement A portât, „ il prend le parti du Démon, qui eft le pere du men- „ fonge. C’eft ainfi que Saul en ufa , lors qu’après ,, avoir été abandonné de Dieu, il confulta la Pytho- „ nifle à laquelle il avoit été auparavant fi contraire. „ C’eft ce que fift Ochofias lors qu’ayant méprifé le „ Dieu d’Ifrael, il envoya confulter le Dieu d’Acca- „ ron. Enfin c’eft ainfi qu’il faut de neceflité qu’il „ en arrive à tous ceux qui ne pouvant montrer par „ leur foi ni par leurs œuvres qu’ils adorent le vray „ Dieu , metirent d’être trompez par les faux Dieux. „ Voilà pourquoi confiderant que cette maudite, cette „ empeftée, & cette monftreufe abomination des folies ,, pleines de menfonges & d’herefies, fe fortifieextraor- ,, dinairement dans nôtre fiecle , & voulant empêcher „ de toutes nos forces qu’une fi horrible impiété, & „ une contagion fi pernicieufe ne corrompe nôtre Ro- „ yaume très-Chreftien, qui a autrefois été fans jnon- ,, ftres , & qui par la grâce de Dieu en fêta toujours ,, exempt, nous fouvenant en outre de nôtre profeflïon, „ & eftant animez du zele de la Loi de Dieu, Nous „ avons refoli\ de noter & de condamner les articles ,, fui vans, afin qu’à l’avenir perfonne ne s y trompe. „ En quoi nous avons fuivi entr’autres cette parole que „ letrès-fage Dofteur faint Auguftin a avancée touchant „ les pratiques fuperftitieufes” : Ceux qui ajoutent foi aux Magiciens & aux Enchanteurs, & ceux qui les con- 1 B fih](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30454347_0001_0017.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)