Volume 1
Superstitions anciennes et modernes: prejugés vulgaires qui ont induit les peuples à des usages et à des pratiques contraires à la religion / [d'après le Pierre le Brun et l'abbé J.B. Thiers, avec des remarques par J.F. Barnard].
- Lebrun, Pierre, 1661-1729
- Date:
- 1733-1736
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Credit: Superstitions anciennes et modernes: prejugés vulgaires qui ont induit les peuples à des usages et à des pratiques contraires à la religion / [d'après le Pierre le Brun et l'abbé J.B. Thiers, avec des remarques par J.F. Barnard]. Source: Wellcome Collection.
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![,3 DES SUPERSTITIONS. la Superftition dans toutes les chofes qui fefont fans l’au¬ torité de la parole de Dieu ou de l’Eglife, avec certai¬ nes pratiques & certaines Ceremonies dont on ne peut rendre de raifon vâlable , & avec affeurance d’obtenir quelques effets que l’on n’efperoit pas fans cela. La même Dodrine eft expliquée encore plus nette¬ ment dans un autre Concile Provincial de Mali nés én 1607. (a) où il eft enjoint aux Curez d’inftruire foi- gneufement leurs peuples touchant les pratiques fuperfti- tieufes , & fur tout de leur enfeigner que c’eft une Su¬ perftition que d’attendre quelque effet que ce foit d’une chofê qui ne le peut produire ni par fa vertu naturelle, ni par l’inftitution de Dieu , ni par l’approbation ou le confentement de l’Eglife. Le Synode Diocefain de Namur en 1659. répété les mêmes paroles, & Denys le Chartreux (b) rapporte cel¬ les d’un ancien Théologien qui avoit tiré la plûpart-du Traité qu’il avoit fait des Supcrflitions du Livre de Guil¬ laume de Paris De fide & legibus, & (c), qui parle dans le même fens. Il eft clair par cette Réglé, que les Ceremonies dont l’Eglife fe fert, foit dans l’ufage & l’adminiftration des Sacremens, foit en d’autres rencontres, ne font nulle¬ ment fuperftitieufes. Car encore qu’elles ne produifent pas naturellement les effets pour lefquels elles font éta¬ blies , neanmoins comme l’Eglife, qui a receu de Dieu la puiffance de les établir, n’attend ces effets que de Dieu, elles font véritablement de l’inftitution de l’Egli¬ fe, laquelle étant conduite par l’Efprit Saint, ne peut jamais être fouillée d’aucune tache de Superftition. Or que l’Eglife ait reçu de Dieu la puiffance d’éta¬ blir des Ceremonies, c’eft ce qui paroît par ces paroles de l’Evangile de S. Mathieu, où Jesus-Christ dit à fes Apôtres : „ Rendes la fanté aux malades, reffufci- „ tés les morts, guerilfés les Lépreux, chaflez les De- „ mons ” ; (d) Ce qu’ils ne pouvoient faire fans quel¬ ques Ceremonies. Cela paroît encore par ce que le même Sauveur dît à fes Difciples en ces termes : (e) „ Maintenant je vous „ donne le pouvoir de fouler aux pieds les ferpens & m les fcorpions, & toute la puiffance de l’ennemi, & „ rien ne vous pourra nuire. C’eft auffi ce que nous apprenons du Concile de Trente, lorfqu’il déclaré, (/) „ Qu’en ce qui regarde ,, la difpenfation des Sacremens (hors les chofes qui font „ de leur effence) l’Eglife a toujours eu le pouvoir d’or- „ donner & de changer ce qu’elle a jugé plus expédient „ pour le bien de ceux qui les reçoivent, ou pour pro- „ curer aux Sacremens le refped qui leur eft deû. Il affeure enfuite, Que e'efl-la ce que l'Apôtre a voulu dire par ces paroles : (g) ,, Que les hommes nous confi- „ derent comme les Miniftres de [esus-Christ, & „ comme'les Difpenfateurs de fes Myfteres. fAuïïi eft- „ il certain , continue ce Concile, que le même Apôtre „ s’eft fervi de ce pouvoir en plufieurs rencontres , „ mais particulièrement au fujet du Sacrement de, l’Eu- (/») Tit. if. de Superftit. c. 3. Et quoniam, dit ce Concile] ru- dis populus fæpè ex ignorantia Superftitionibus inquinatur. Parochi fubditos fuos diligenter de illis doceant, 6c inter caetera , fuperfti- tiofum effe exfpedare quemcumque effe&um à quacumque rc, quem res ilia nec ex fua natura, nec ex inftitutione divina, nec ex ordinatione vel approbatione Eccleiîæ producere poteft. (b) Tit. 14. c. 1. (c) Trad. de Superftit. art. 9. In applicatione rerum natura» îium, dit-il , ad effedus quos naturaliter poïïunt producere, non condftit fuperftitio nec peccatum. Si autem jungantur caraderes autnomina, vel res etiam facratæ, aut aliæ resquæcumque, quas certum eft naturalem efficaciam non habere, nec etiam ex inftitu¬ tione Dei dve Eccledæ ad id, propter quod adjunguntur , feu af- fumuntur , fuperftitiofum erit atque illicitum. Et d effedus qui quæritur ibi , fequatur, non evenit nid à cafu aut Dæmone, leu quadam obligatione focietatis perniciofæ hominis cum Dæmone; quæ focietas tanto prudentiùs eft vitanda, quanto id quod adhibe- tur, efficacius poffe prodeffe videtur, præfértim dum latet qua caufa quid valeat, 6c ubi de Superftitionis veneno ambigitur. (d) Cap. 10. (*) Luc. 10. (/) Seff. 1. c. 2 : (g) Corint. 4. ,, chariftie, lors qu’ayant réglé quelques pratiques qui ,, coneernoient l’ufage qu’on en devoit faire, il dit ”, Qu’il réglera les autres chofes, quand il fera venu : Ce¬ tera, citm venero, difponam. Ce que S. Auguftin a en¬ tendu de la même maniéré que le Concile de T rente , quand il a dit : (h) Ideo non prœcepit quo deinceps ordine fumer et ur Euchariftia , ut A'poflolis , per quos Ecclefas difpofturus erat, fervaret hune locum. Et il ne faut pas s’imaginer que le pouvoir que le Fils de Dieu a donné à fes Apôtres & à fes Difciples d’in- ftituër des Ceremonies dans l’Eglife, ait été attachéaux perfonnes des Apôtres & des Difciples, de maniéré qu’a- près leur mort, & même durant leur vie, il n’ait pas été communiqué à ceux qu’ils ont établis pour gouver¬ ner l’Eglife, & à leurs Succeffeurs légitimés. Car com¬ me le Diable ne cefTe jamais de tourmenter les Fideles, & que félon l’exjàreffton de l’Apôtre S.Pierre, (i) „ Il ,, tourne autour d’eux comme un Lion rugiffant, cher- ,, chant qui il pourra devorer ” : L’Eglife confervera jufqu’à la fin des fiécles la puiffance de lui refifter par les Sacremens & par les faintes Ceremonies qu’elle prat¬ ique , fuivant les divers befoins que fes enfans en ont, puifque jufqu’à la fin dés fiécles, elle aura par exemple des Exorciftes parmi fes Miniftres, & que la fondiou des Exorciftes eft de chaffer des créatures la malignité du Démon, afin de lui en ôter la poffeflion injufte, & d’effacer toutes les impreffions & toutes les traces de fa tirannie. Et de même que cet efprit de tenebres, dans le deffein qu’il a de nous nuire & de nous perdre , abu- fe fouvent contre Dieu & contre fes ferviteurs des chofes corporelles , dont il eft demeuré le maître & le tyran depuis le péché de nôtre premier pere: Ainfil’E- glife fandifie ces mêmes chofes par certaines Prières & certaines Benedidions, les transféré dans la liberté de l’efprit de Dieu , & leur imprime la vertu de repouffer les efforts du Diable, & de les rendre inutiles. Sibienquece que l’Apôtre S. Paul dit (k) , „ Qu’ori 5, ne doit rien rejetter de ce qui fe mange avec adion „ de grâces, parce qu’il eft fandifié par la parole de „ Dieu & par la Pierre ”, fe peut fort bien appliquer à toutes les créatures qui font deftiuées par l’Eglife aux ufages de l’homme , & fur lefquels l’Eglife répand la bonté de fon efprit, qui eft l’efprit de Dieu meme , en les purifiant par la Foi & par les Prières. Ainfi pourveu que les Fideles fe contiennent dans les bornes que l’Eglife leur preferit à l’égard des Ceremo¬ nies, & qu’ils n’y ajoûtent rien du leur, rien de faux, rien de fuperflu, rien de nouveau, rien d’étranger , ils n’ont pas fujet de craindre de tomber dans la Superftition, en pratiquant les Ceremonies de l’Eglife. CHAPITRE X. Quatrième Réglé générale par laquelle on peut reconnaître qu'me chofe eft fuperftitïeufe. Ce que c'eft qu'un patte exprès & un patte tacité avec le TDemon , & en combien de. maniérés l'un & l'autre fe peuvent faire. PU 1 s ou e toute Superftition fuppofe de neceftité un. pade avec les Démons, ainfi que nous l’avons montré dans le 1. Chapitre, il faut, par une confequen- ce infaillible, que tout pade avec les Démons foit fuper-; ftitieux. Ainfi oh peut établir cette IV. Réglé,- Une chose est Superstieuse lors qu’elle SE PAIT EN VERTU D’UN PACTE TACITE OU EXPRES AVEC LES DEMONS. On fait un pade exprès avec les Démons \ r. Quand par foi-même on invoque expreffement les Démons en implorant leur fecours &>en leur promettant obéïffance ‘ ' & (h) Epift. 118. adjanuar. (i) 1. Petr. \k) 1. Tim. 4,](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30454347_0001_0030.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)