Procès verbal fait pour délivrer une fille possédée par le malin esprit à Lovviers : publié d'après le manuscrit original et inédit de la Bibliothèque Nationale / par Armand Benét ; précédé d'une introduction par B. de Moray.
- Bénet, Armand Eugène, 1858-1917.
- Date:
- 1883
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Credit: Procès verbal fait pour délivrer une fille possédée par le malin esprit à Lovviers : publié d'après le manuscrit original et inédit de la Bibliothèque Nationale / par Armand Benét ; précédé d'une introduction par B. de Moray. Source: Wellcome Collection.
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![XXXV] II moyen réussit. Indigné sans doute de voir son ancienne maîtresse violer ses serments et le renoncer, le diable, dans un accès de générosité rageuse1, jette et rend les cheveux Ceux qui avaient affaire au diable ne s’en tiraient pas toujours à si bon marché; vers le même temps, le lieutenant du chevalier du guet à Lyon, la Jacquière, et deux de ses hommes « eurent tous trois compagnie « charnelle avec le démon dont l’iffue en fut du tout « tragique & efpouvantable. » Le pauvre lieutenant était en train de faire sa ronde de nuit, quand il eut l'idée malencontreuse d’invoquer assez gaillardement le malin esprit. Au même instant, il aperçut une damoiselle qui, à son approche, ôta son masque et lui rendit son salut avec un doux regard. Le diable qui se fait belle de nuit! Il lui donne le bras, la reconduit avec deux de ses com- pagnons, et ici se passe ce qu'on met ordinairement en points. C’est ici que s’arrête en son style pudique, Tout rouge d’embarras le narrateur classique. Or, pendant que les trois heureux devisaient près du feu des « perfections sans nombre de leur hôtesse », elle déchire sa robe, apparait sous la forme d’un démon horrible, le tonnerre éclate et la maison disparaît «... Le « lendemain matin, on trouva, gifants fur le fol impré- « gné de foufre, le lieutenant & les foldats du guet : « La Jacquière, qui n’était qu’évanoui, reprit con- « naiffance; mais il ne put furvivre à fa frayeur, il tré- « paffa dans la journée. L’un de fes compagnons étoit « déjà mort, & l'autre expira deux jours après. » Ne croirait-on pas lire l’Albertus de Théophile Gautier ? — Il est vrai que d’autres fois, le démon était moins féroce. Poggio, dans son Facetiarum libei\ fait raconter par son ami Cinthio le Romain, qu’un de ses voisins, sortant un jour par la porte d’Ostie, vit marcher devant lui une femme. « En véritable Italien, il fentit s’allumer le feu](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b24884017_0048.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)